Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 04:24

L'hippocampe et le poisson :

 

naruto_and_sasuke_by_sharingandevil.jpg

Par ~ sharingandevil


C'était dans une mer qu'un astre contenait
Où le corail brillant sous le jour qui renaît
Et sous le bleu nocturne éclairait des tribus
D'êtres marins divers ; quintessence et rebut.
Ils étaient deux amis dans le pays de vase
Qui tapissait le fond et structurait la base ;
Le peuple sans destin, sans rêves à cueillir :
Ce peuple qui n'avait rien pour s'enorgueillir.
L'un était un poisson et l'autre un hippocampe,
Tous deux étaient de l'ombre et les feux de la rampe
Ne les fascinait pas, pas plus que le pouvoir ;
Ils étaient juste amis, voulaient juste se voir.
Ils grandirent donc au bas de la grande échelle
Sans souffrir car le temps, ce lâche et ce rebelle,
Passait pour eux ainsi qu'un long jeu où la règle
Était de ne mourir ni dans le bec d'un aigle
Ni dans les pattes d'un crustacé prédateur
Ni séparés de l'autre ; ainsi passaient les heures.
Et lorsque l'âge fou où toute autorité
N'est là qu'en tyran au règne d'iniquité
Ils se firent plus forts et voulurent partir
De leurs fond dégouttant où les os de martyrs
Et les arrêtes des prolétaires marins
Jonchaient de toutes parts leur sentier quotidien ;
Ils voulurent aller ailleurs sans savoir où
Mais ils ne firent rien tout en pensant à tout.
On leur donna l'étude et la voie érudite :
Ils furent buissonniers et quittèrent bien vite
Le pupitre et la chaise et les devoirs communs.
On leur donna l'emploi et le métier des mains :
Ils recevaient par mois une petite somme
Qu'ils jugèrent indigne, inconvenable, et comme
Ils refusèrent tout on ne leur donna rien.
Mais ils s'avaient, eux, ils avaient toujours ce lien.
Ils ne partirent pas l'âge ignoble passé,
Ils étaient toujours là et les jours ressassés
Les usèrent très tôt, l'ennui et la misère
Pointaient leurs deux couteaux face à leurs yeux ouverts.
L'hippocampe pourtant réussit à quitter
Son cercueil de naissance et put donc s'acquitter
Des peines de son sort le temps d'un long séjour
Et en lui la passion échafauda sa tour
Car il vît autre chose, en savait l'existence,
Il rentra en gardant son esprit en partance.
Et tous deux ont repris leur routine et ensemble
Ils allaient aux pays où partout se ressemble.
Puis surgit une attaque inattendue et brève
De requins qui venaient des plages et des grèves,
Du pays de turquoise auprès de la surface,
Ils avaient l'oeil cruel et cent dents à la face,
La bouche écarquillée et du sang plein la langue
Et leur sillon rougit laissait le peuple exsangue.
Calamité! C'était la fin de tout une ère!
Le miséreux pays était touché au nerf!
La règle rigoureuse et la protection
Étaient pulvérisées, vint la dépression.
Et les deux amis, pris dans son noir engrenage,
Avaient un choix à faire afin que le carnage
Soit ou leur compagnon ou leur pire adversaire ;
Ils étaient au tournant des vingt anniversaires.
Le poisson ne trouva qu'un maigre revenu
Dans les allocations tous les mois bienvenues.
L'hippocampe par le hasard eut un travail
Et, bien avant l'attaque, avait fait la trouvaille
De la littérature et du ciel à portée
Du premier sot venu et put donc supporter
Son époque sordide où le bien matériel
Était propriétaire et effaçait le ciel.
L'un donc avançait sans flamme dans la poitrine
Et sans argent sur lui au milieu des vitrines.
Encore à l'anémone où passa son enfance ;
Il avançait sans but, ni direction, ni sens.
L'autre avançait avec un feu toujours naissant
Qui lui donnait raison sur un monde glaçant,
Il avait su quitter le foyer familial
Et se retrouva seul avec l'immémorial
Besoin de transcendance et d'immortalité ;
De comprendre le monde en intégralité
Qui était né en lui loin du pauvre poisson.
Le poisson, dans son coin, mordu à l'hameçon
De la haine facile et, dans sa basse-fosse,
Il concoctait, amer, l'esprit des idées fausses :
Il n'est de solution, tout est perdu d'avance,
L'on meurt au même endroit qui vît notre naissance,
La foi n'existe pas, l'engagement est nul,
Attendons de mourir et laissons les calculs
De nos vies à l'élite et soyons ignorants,
Faibles et au venin craché à tous les vents.

L'hippocampe en lisant concoctait dans son coin
L'esprit des vraies idées, du bonheur et du soin :
Cela fait deux mille ans qu'est posé la question
D'une meilleure vie et mille solutions
Ont été inventées; ce qu'il faut c'est élire
Le bon gouvernement et bien y réfléchir,
L'on meurt là ou l'on veut, la volonté existe
Et l'histoire a montré qu'un être qui résiste
Peut plier tout un monde avec ses murs dressés,
La foi est nécessaire et l'être délaissé
Y trouve un juste abri si il n'en fait pas trop,
Il faut être engagé et exhiber les crocs
Du peuple opprimé, il faut vivre activement
Et devenir l'élite, il faut à tout moment
Vouloir en savoir plus ; le sot se brise mieux,
Le sot ne sait rien et fait son état des lieux
A partir de sa haine et de sa pauvreté,
Le sot est bien utile ; il ne va pas voté
Donc l'intelligent peut lui mettre par derrière
En parlant à sa place, en le laissant se taire.

Voilà les deux esprits qu'ils avaient concocté
Mais pourtant ils étaient toujours l'un à côté
De l'autre et discutaient tels deux frères de sang.
Mais le temps éloigna l'hippocampe en passant
Et le mit dans l'étude et la littérature
Quand le poisson pensait complots et dictatures
Avec le même vide et la même amertume,
Avec le même noir qui jamais ne s'allume
Que portait l'hippocampe avant de s'enivrer
De l'art de distinguer le bon grain de l'ivraie
Idéologique. Or lui n'avait pas d'idées
Pour s'inventer un ciel de nuages vidé.

 

Cela les sépara, c'était déjà écrit.

 

Ils se virent un jour au hasard d'un courant
Le poisson s'exprima : "-C'est toi? Es-tu mourant?
Je ne t'ai pas revu depuis des décennies ;
On dit dans la rumeur que tu blâmes, renies
Les idées que l'on a, nous qui soufrons encore
De la crise passée ; que tu nous donnes tort!
Mais moi je vais te dire! Insipide animal!
On ne m'a rien donné, je n'ai vu que le mal
De ce sombre système et j'ai vu le dédain
De l'orgueilleuse élite aux grands projets mondains!
Je sais qu'ils volent aux pauvres, qu'ils violent femme
Et enfants! Je le sais! Je les hais..." "-Car leurs âmes
Brillent mieux que la tienne." Acheva l'hippocampe
Car un sang colérique arrivait à sa tempe,
Il reprit : "-Mon ami, mon frère  de toujours,
Vois-tu ta pauvre face et le monde alentour?
Certes l'ignominie est placée sur le trône,
Certes c'est la monnaie que l'on veut, que l'on prône!
Certes plusieurs pays n'ont rien, d'autres ont tout,
Certes nous naviguons dans un navire fou!
Certes l'on est volé malgré notre misère,
Certes chaque être ici peut être un adversaire!
Certes notre sueur est peu récompensée
Mais dois-tu, cher poisson, t'abstenir de penser?

 

Oui, notre peu d'espoir nous a bien été pris!

 

Mon constat est égal au tien, même plus dur
Car j'y joins l'ignorance et le peu de lecture.
Je vis la même vie que toi, que croyais-tu?
Le monde aussi me blesse et l'époque me tue.
Mais j'ai appris, pendant que tu flattais ta peine,
L'horlogerie du mot, les ressorts de la haine,
Les rouages mentaux, le sable du mystère,
La profonde tuerie qui précède la guerre,
L'art des révolutions et ce qui en découle,
Où est l'extrémité d'un fil qui se déroule,
Qu'il n'est aucun destin sans son échappatoire,
Qu'il n'est aucun enfer avant le purgatoire,
Le secret du bonheur, la recette du mal,
Le poème à Florence et le dormeur du val,
La mécanique ancienne et qui fonctionne encore
Appelée politique et le commun accord
Nommé démocratie, le droit et le devoir,
L'intérêt national, l'équilibre des forces,
Qu'on atteint l'objectif pour lequel on s'efforce,
Qu'il faut savoir combattre avec les bonnes armes,
Qu'il faut utiliser la force de ses larmes,
Que tout est magnifique à qui sait la beauté
Et où elle se cache, elle ; tant convoitée!

 

Et toi, mon cher poisson, dis-moi : Qu'as-tu appris?"

 

 


Partager cet article
Repost0
28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 11:45
De la démocratie et de la transcendance :

Court extrait (croyez-le) d'un poème plus long, bien plus long, basé sur la méthode des tapisseries de Charles Peguy. Que j'aurais pu mettre comme imitation mais j'essaie de me departir du maître tout en tentant de lui rendre hommage. Qu'il me pardonne...

Nous ne demandons pas que cette page écrite
Soit jamais effacée au livre de mémoire,
Et que le lourd soupçon et que la jeune histoire
Vienne remémorer cette peine prescrite.

A-t-il dit.

[...]
Comme nous n'avons pas le souci de pitié,
Que le souci d'avoir, d'être le commissaire
Priseur au lourd marteau, juge des qualités,
Et le garant du bien le moins humanitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter
Que le souci d'avoir, d'être réservataire,
Qui de rendre compte à la principauté
Ou de revenir au suffrage censitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de bonté,
Que le souci d'avoir, d'être propriétaire,
D'être durant la vente, en toute ambiguïté,
Commissaire priseur et adjudicataire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être l'amodiataire,
Quitte de rendre compte à la martialité
De la main de métal d'un état militaire,

Comme nous n'avons pas le souci de fierté,
Que le souci d'avoir, d'être réservataire,
Quitte de rendre compte à la bestialité
Des luttes sans fin où nous sommes prestataires,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être l' indemnitaire,
Quitte de rendre compte à la fiscalité
Pour nourrir un état toujours déficitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de clarté,
Que le souci d'avoir sans être vacataire,
Quitte de contrefaire une réalité
Du haut jusques en bas le jour de l'inventaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être l'attributaire,
Quitte de rendre compte à une extrémité
Qui porte sur le peuple un oeil totalitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de santé,
Que le souci d'avoir sans être tributaire,
Quitte de rendre compte à nos corps esquintés
De notre maladie à chaque anniversaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir sans être locataire,
Quitte de rendre compte à quelque royauté
De notre habilité à lécher le parterre,

Comme nous n'avons pas le souci du traité,
Que le souci d'avoir sans être signataire,
Quitte de rendre compte à l'intégralité
De notre position close et communautaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir sans être mandataire,
Quitte de rendre compte à la vassalité
De tout le dénuement d'un peuple sursitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de doigté,
Que le souci d'avoir sans être statutaire,
Quitte de rendre compte à la causticité
De la froide intention de notre argumentaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir sans être transitaire,
Quitte de rendre compte à la société
D'un gouvernement au quatre cent ministères,

Comme nous n'avons pas le souci d'inviter,
Que le souci d'avoir, d'être le donataire,
Quitte de rendre compte à la mendicité
D'une ruine feintée, d'une apparence austère,

Comme nous n'avons pas le souci de voter
Que le souci d'avoir, d'être l'obligataire,
Quitte de rendre compte à la mortalité
D'un pays en naufrage aux morts excédentaires,

Comme nous n'avons pas le souci de compter,
Que le souci d'avoir, d'être l'allocataire,
Quitte de rendre compte à la promiscuité
De toute une famille et d'un colocataire,
 
Comme nous n'avons pas le souci de voter
Que le souci d'avoir, d'être prioritaire,
Quitte de rendre compte à la férocité
Des camps et des ghettos pour les contestataires,

Comme nous n'avons pas le souci de chanter
Que le souci d'avoir, d'être stellionataire,
Quitte de rendre compte à l'insonorité
Du bruit des pas lors de nos marches solitaires,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être le légataire
Quitte de rendre compte à la morbidité
De l'arbre où sont pendus tous les parlementaires,

Comme nous n'avons pas le souci d'écouter,
Que le souci d'avoir d'être entrepositaire,
Quitte de rendre compte à l'infidélité
De cents nuits seul au lit et de cents adultères,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être le dignitaire,
Quitte de rendre compte à l'inégalité
D'un règne d'héritage et d'un familistère,

Comme nous n'avons pas le souci de coter,
Que le souci d'avoir, d'être majoritaires
Sans peser les avis ni leurs véracités
Car le vote n'est plus un choix capacitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter ;
Le souci de choisir chef et délégataire,
Quitte de voir un jour ce droit nous être ôter
Pour un grand tiers-état et quelques feudataires,

Comme nous n'avons pas le souci de gaîté,
Que le souci d'avoir, d'être l'endossataire,
Quitte de rendre compte à l'amoralité
De nos mauvais penchants noyés dans le mystère,

Comme nous n'avons pas le souci de piété
Que le souci d'avoir, d'être destinataire
Du moindre privilège et de l'entièreté
De la puissance aux mains du grand commanditaire,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir, s'arracher de la terre
Pour rejoindre le ciel et, sous sa bienveillance,
Vivre des jours de paix, droits et sacramentaires,

Comme nous n'avons pas le souci d'obédience
Donc que nous ignorons le lieu égalitaire
Où l'homme évolue sous sa propre surveillance
Et veille avec amour sur tout un phalanstère,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir pour rejoindre l'éther
De par le doux Jésus au regard de faïence,
De par le front béni au sein du baptistaire,

Comme nous n'avons le souci de vaillance
Porté par la passion la plus élémentaire,
Par la foi la plus simple et par la prévoyance
Du mal éparpillé au règne segmentaire,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir de l'immense cratère
Où  nous trempons tous dans des flots de défaillance
Pour rejoindre au soleil la voie du monastère,

Comme nous n'avons pas le souci de l'audience
Qu'est une vie vécue sous l'oeil du Sagittaire
Où il faut être bon et où toute expérience
Peut-être sacrilège autant que salutaire,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir où l'on se désaltère
A la source éternelle à la douce radiance
Et à l'enseignement des livres trinitaires,

Comme nous n'avons pas le souci d'invariance,
Qui fait la bonne idée et le bon caractère
Et le bonne maniêre et la calme patience,
Et ne peut s'acquérir lors des orgies sectaires

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir loin de tout éventaire
Où se vend la bêtise auprès de la nescience
Pour rejoindre la Mecque ou Lourdes les cautères,

Comme nous n'avons pas le souci de défiance
Envers nous-mêmes car ce qui est délétère
Est dans notre maison ; le soucis de méfiance
Envers l'ignominie coulant dans nos artères,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir, de déposer l'haltère
De la vie matérielle en quête de sapience,
D'érudition et de savoir supplémentaire,

Comme nous n'avons pas le souci de l'alliance ;
D'oublier pour autrui nos ego fragmentaires
Pour que l'individu soit une insignifiance
S'il n'est pas soudé à l'autre complémentaire,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir vers la nuit cométaire,
Dans l'espace divin trouver la résilience
Au deuil de la candeur, au drame identitaire,

Comme nous n'avons pas de quoi faire confiance
A notre locuteur, a notre allocutaire,
Dans notre vivre ensemble aux violentes ambiances
Où les poignées de mains sont tant velléitaires,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci du mérite et du bien volontaire,
Que peu de conviction dont l'ultime déviance
Est la domination du dédain planétaire,

[...]


Partager cet article
Repost0
26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 07:21
La muse et le nid
Enfin trouvent au jour un rayon de chaleur,
Sereinement l'éveil de l'ours est entamé
Tandis q'autour de toi, nouvelle Salomé,
Est toujours un parfum qui peut tout embaumer ;
L'acariâtre, l'heureux, ceux sur qui le malheur,
L'horreur, l'avanie,
Et les drames humains s'acharnent et qui pleurent.

Mais quel est-ce parfum? Nul n'est accoutumé,
Usager de quelqu'un qui, sans rien déclamer,
Sème une flamme puis laisse un coeur enflammé,
Insuffle et n'éteint pas cette brûlante fleur
Ni ne la ternit :
Ainsi est l'amitié qui naît lorsqu'on t'effleure.


Partager cet article
Repost0
20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 20:09
Incantations - VII :
La montagne.

Mount Vesuvius by ElenaOprea
Par ~ ElenaOprea


Vois ce buste levé depuis la nuit des temps
Vers le ciel infini, vers la lueur des astres,
Tantôt blanc, tantôt vert quand fleurit le printemps :
Voici un mont, debout : col, tête et épigastre.

Des titans ainsi faits il en est des milliers ;
Tous fièrement à l'homme affiche l'impossible
Et il veut les gravir et se voit humilié
De mourir en chemin du rêve inaccessible.

Olympe infranchissable, Everest d'avarice,
Mont Blanc avalancheux, Cordillère affamée,
Vésuve inattendu! de fulminants caprices!
Les disparus toujours vous seront réclamés.

Mais ces montagnes ont engendré le chagrin
Et la joie infinie car dans leurs escapades
Les randonneurs avaient l'univers pour écrin
Et ne possédaient rien sinon leur escalade.

Les cimes et sommets sont des femmes lointaines
Que l'on ne peut atteindre à moins d'un amour fou,
D'un désir insatiable et d'une quarantaine
Entre l'écho du vent et la chanson du loup.

Là-haut pas un seul homme, un fou las, pour se vendre ;
Juste le reposoir, la côte et le plateau,
Nul endroit où pleurer, nul arbre pour se pendre ;
Juste l'encerclement des monts et des coteaux,

Cette immense couronne au front du randonneur!
Ces cirques, ces massifs, ces canyons insondables,
Ces chutes, ces ruisseaux sont un ultime honneur
Accordé à l'humain par l'astre charitable.

Vois ce pic indécent, cette verge de pierre!
Cette érection du monde aux jours des origines
Darde au devant de l'oeil l'obstacle séculaire :
Une rose au sommet de son unique épine.

Un vent souffle, là haut, qui arrache la chair,
Il y tombe une neige épaisse et les cavernes
Abritent des tueurs qui dorment pour l'hiver
Et la nuit n'est vaincue par aucune lanterne.

Là haut le minéral fleurit sous la lumière,
L'horizon s'éparpille et n'a point de remparts
Et chaque lendemain surpasse son hier
Pour qu'haut soit le fanion de là d'où tu repars.

Vois ces monts, franchis-les et raconte à tes proches
Qu'il n'est nulle montagne aisée à parcourir,
Que nul coeur n'est plus dur que l'âme de la roche,
Que tous les infinis ne sauront les nourrir.



Mount 02 by LimKis
Par *LimKis







Partager cet article
Repost0
11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 06:37
La lettre à Eric :

eric-besson-3.jpg

Être français de nos jours, en ce siècle froid ;
C'est user d'un couteau pour couper le poisson,
C'est rester au grenier le jour de la moisson,
C'est détester le peuple et détester le roi,

C'est chanter aux passants un hymne de jadis,
C'est rêver d'être acteur de comédie française,
C'est être compagnon et creuser des mortaises,
C'est fumer sur un joint à cinq, à huit, à dix,

C'est conduire à la gauche et effleurer le rouge,
C'est marcher en pensant à ce triste Verlaine,
C'est être limougeaud saoulé de porcelaine,
C'est peindre une merveille à l'ombre d'un vieux bouge,

C'est manger du fromage à l'odeur monstrueuse,
C'est boire du bon vin et c'est le recracher,
C'est avoir, malgré soi, quelque chose à cacher,
C'est parler du printemps à l'aube aux amoureuses,

C'est se plaindre à jamais et se plaindre toujours,
C'est se sentir victime et coupable à la fois,
C'est nier tous les dieux sans renier la foi,
C'est vouloir son pain chaud dès le lever du jour,

C'est rêver d'un ailleurs et en être déçu,
C'est voir indépendant son petit bout de terre,
C'est être fraternels sous un hymne de guerre,
C'est donner par pulsion sans avoir rien reçu,

C'est se contredire et c'est n'avoir que raison,
C'est s'asseoir sur un banc et contempler les heures,
C'est à l'injonction répondre : " Oui, et ta soeur?",
C'est poétiquement s'éprendre des saisons,

C'est chanter Sur le port d'Amsterdam en pleurant,
C'est porter le dédain sur qui est inconnu,
C'est cracher en riant sur qui est reconnu,
C'est avoir le génie de Sade l'écoeurant,

C'est manger un kebab à une heure impossible,
C'est commander un kirsch pour lancer l'appétit,
C'est lire La fontaine et se sentir petit,
C'est le faire, obligé : si c'est répréhensible,

C'est soulever un pan de robe, pour les flaques,
C'est sentir un parfum proche et irrésistible,
C'est boire des alcools aux degrés combustibles,
C'est poser une main, recevoir une claque,

C'est savoir rendre compte et c'est savoir frauder,
C'est bien choisir son rouge à lèvres, ses chaussures,
C'est aimer un moment et panser ses blessures,
C'est écrire si bien que ça paraît codé,

C'est être banlieusard et habiter au centre,
C'est raconter à celle admirée des bobards,
C'est prendre le métro avec un teint blafard,
C'est avoir tout en tête et le néant au ventre,

C'est citer à tout va les érudits passés,
C'est prendre un raccourci à défaut de nuances,
C'est avoir un débat labyrinthique, intense,
C'est ne plus en pouvoir des crimes ressassés,

C'est ressasser le crime et tendre le couteau,
C'est oublier le crime et tendre le poignard
C'est refuser le choix de la mort du bagnard,
C'est réciter Péguy allongé au coteau,

C'est chasser le chevreuil et récolter les huîtres,
C'est pointer à l'usine et quitter le bureau,
C'est lire l'horoscope et scruter le tarot,
C'est lier les vitraux et astiquer les vitres,

C'est être magnifique, enviée et hautaine,
C'est être féministe ainsi que de Beauvoir,
C'est sécher tous les cours et faire ses devoirs,
C'est jeter un euro dans l'eau d'une fontaine,

C'est ne pas oublier et bien en prendre note,
C'est s'acharner et ne jamais lâcher l'affaire,
C'est voler à la vie, qui n'a jamais offert,
C'est être incarcéré et serrer les menottes,

C'est savoir un dicton qui s'applique en tous cas,
C'est sécréter la mode et en être la proie,
C'est s'accroupir devant le sud-est et la croix,
C'est déjeuner, dîner et penser à l'en-cas,

C'est mettre dans le rap un texte approfondi,
C'est parler politique emporté par l'ivresse,
C'est tendre les deux mains aux âmes en détresse,
C'est se persuader qu'un complot est ourdi,

C'est être l'héritier de Jean-Jacques Rousseau,
C'est écouter du raï, du rock et du Mozart,
C'est habiter Pigalle aux rendez-vous bizarre,
C'est avoir un objet kitsch aux clés du trousseau,

C'est ne pas montrer quel dieu l'on a pu choisir,
C'est traduire Euripide et le traduire encore,
C'est être iconoclaste et être en désaccord,
C'est jouer du violon comme unique loisir,

C'est découvrir Vialatte et apprendre Rimbaud,
C'est parler de grandeur et d'absolue beauté,
C'est avoir lu tout Freud et l'avoir annoté,
C'est choisir la couleur de la soie du tombeau,

C'est marcher dans la ville et siffler les passantes,
C'est vendre une barrette occasionnellement,
C'est chérir son époux et chérir son amant,
C'est vouloir renverser les routines lassantes,

C'est être né ailleurs et oser le crier,
C'est attendre l'hiver pour monter en station,
C'est imposer le style à toute narration,
C'est avoir, faiblement, l'état pour bouclier,

C'est, historiquement, porter une lumière,
C'est danser en semblant le flamand en envol,
C'est porter un postiche et perpétrer un vol,
C'est être submergé de dettes pécuniaires,

C'est parler le latin dans un salon étrange,
C'est  être prit du grand syndrome de Stendhal,
C'est pénétrer l'église et caresser les dalles,
C'est escalader le Mont Blanc pour voir les anges,

C'est traire une femelle animale au matin,
C'est passer sa soirée sous un arrêt de bus,
C'est trouver un trésor dans un marché aux puces,
C'est parler comme Haddock et vivre tel Tintin,

C'est lire une gazette où sont les chiens crevés,
C'est  vouloir réussir à force de labeur,
C'est user un couteau pour découper le beurre,
C'est trouver un emploi et cesser de rêver,

C'est user un couteau pour découper la viande,
C'est vouloir être élu au prix du peuple même,
C'est philosopher et disséquer tous les thèmes,
C'est avoir un studio aux embruns de lavande,

C'est porter des Nike air et la casquette en vrac,
C'est vibrer aux écrits du truculent Césaire,
C'est être misanthrope et souhaiter le désert,
C'est avoir un horla qui nous guette et nous traque,

C'est mettre ses pieds nus au seuil de la mosquée,
C'est user un couteau pour découper le pain,
C'est tuer son cabot en visant le lapin,
C'est être désireux des choses confisquées,

C'est se faire sucer en plein bois de Boulogne,
C'est acheter le Monde et se mettre au courant,
C'est embrasser le front de son père mourant,
C'est se noyer l'aisselle avec l'eau de Cologne.

C'est être socialiste ainsi que Jean Jaurès,
C'est fêter hanoukka et c'est fêter noël,
C'est ouvrir, empressé, son plus récent courriel,
C'est assécher ses pleurs un instant de tendresse,

C'est vivre sous l'aura du mot "révolution",
C'est séduire au côté d'un souffleur camouflé,
C'est, dans son vieux chalet, dormir emmitouflé,
C'est remplir le propos de circonvolutions,

C'est vouloir du panache et de l'acte historique,
C'est vivre sur la terre où gît Victor Hugo,
C'est être le meilleur à choyer son ego,
C'est bâtir un bastion, un fort de rhétorique,

C'est fumer la chicha à genoux sur le sol,
C'est vivre dans la rue et mourir dans la nuit,
C'est être fainéant et s'empiffrer d'ennui,
C'est jouer un chef-d'oeuvre après la clé de sol,

C'est parler de nation, de drapeau, de patrie,
C'est être un otaku enivré de mangas,
C'est figer tous les yeux sur son haut de tanga,
C'est saluer les fous en neuropsychiatrie,

C'est se sentir de l'art et hanter les musées,
C'est être bayonnais sans aimer le jambon,
C'est avoir du courrier de Chine et du Gabon,
C'est, sans en avoir l'air, être le plus rusé,

C'est, tout comme Aragon, s'éprendre d'une Elsa,
C'est contrôler le train et conduire un taxi,
C'est peindre un mur à fresque et tisser un tapis,
C'est trahir une femme et c'est vice-versa,

C'est s'instruire et construire un esprit de système,
C'est pêcher une truite et faire un canular,
C'est jouir sans s'arrêter au sein d'un lupanar,
C'est bégayer longtemps pour lui dire " Je t'aime",

C'est jouer à Fifa, du Coca sur la table,
C'est voter pour voir si ça sert  à quelque chose,
C'est frapper à la porte, à la bouche une rose,
C'est être un abruti à l'âme lamentable,

C'est être différent et être similaire,
C'est porter le fanion du mot et de la langue,
C'est être libérés dans une même cangue,
C'est vouloir décemment vivre de son salaire,

C'est être un vieux chômeur licencié par Total,
C'est être un étudiant, faire un stage éternel,
C'est être un basané qu'un agent interpelle,
C'est être une femme à la stagnation fatale,

C'est vivre en HLM et côtoyer les rats,
C'est cesser d'étudier et mourir à l'usine,
C'est poser torse nu pour tous les magazines,
C'est vivre sous le joug d'un patron scélérat,

C'est avoir peur, le soir, de se faire agresser,
C'est mendier sur un banc et y passer sa vie,
C'est être syndiqué et taire son avis,
C'est être dépressif et constamment pressé,

C'est être d'un parti qui crie de mille voix,
C'est  passer une nuit à attendre aux urgences,
C'est être loin du but car loin des connivences,
C'est attendre le don d'un poumon ou d'un foie,

C'est vouloir des papiers depuis des décennies,
C'est être mère, seule, avec tous ses enfants,
C'est traîner au quartier et le voir triomphant,
C'est bouillir de l'âme au devant du dénie,

C'est disserter du voile et tout ce qui précède
N'est rien, l'identité  n'est pas ce que l'état
Décrète, un beau jour! C'est notre propre constat
Sur ce que la France a et ce que l'on possède.



Partager cet article
Repost0
9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 05:30
Imitations - II :
Dies Irae.

400px-K626 Requiem Dies Irae

Le monde se terminera
Un jour de colère invincible
Et tout se déterminera.

Sous les yeux du Juge impassible
Les hommes se découvriront,
Pris d'une terreur indicible.

Sonnera l'ultime clairon ;
David et la Sibylle ont dit
Que les morts même l'entendront

Et que des tombes aux taudis
La nature aura pour spectacle
La multitude abasourdie.

Et le Juge de son pinacle
Décidera de tous les sorts,
C'est ce que dirent les oracles.

Les êtres vivants et les morts
Se verront peser leurs bienfaits,
Leurs maux, leurs fiertés, leurs remords.

Et ce calcul sera parfait
Et chaque humain y passera ;
Nul ne trouvera de retrait.

Ce jour là se décidera
La dernière des sélections :
Le livre des coeurs s'ouvrira.

Seront vues toutes nos actions
Ainsi que toutes nos pensées ;
Nos folies, nos circonspections.

Et moi, la brebis insensée!
De qui aurai-je la défense?
Quel juste vais-je recenser?

Je demanderai ta clémence,
Majesté puissante et terrible!
Sauve-moi de mes véhémences!

Majesté aux yeux invisibles,
Source des banales douceurs
Et des miracles impossibles!

Toi qui fis venir l'annonceur
De ton nom et de ta vertu :
Ton fils ; Jésus l'intercesseur.

Et ta bonté est descendue
Parmi nous et nous a trouvé
Et ne nous a jamais perdu.

Seigneur, je veux me relever ;
Je voudrais ta miséricorde,
Sentir mon fardeau enlevé.

Tu pourrais mettre la discorde
Entre mon coeur et mon esprit...
Pitié, fais que les deux s'accordent!

Comme tu pardonnas Marie
Tu peux aussi me pardonner,
Épargne-moi tes avaries!

Seigneur, tu peux m'abandonner!
Je rougis de savoir les vices
Auxquels je me suis adonné.

Vois, ma honte est un vrai supplice!
Emporte-moi à tes côtés
Et gracie-moi de ta justice!

Fais-moi montre de ta bonté
Et range-moi parmi les pieux
Et loin de ceux qui ont fauté.

Met-moi à la droite des cieux
Fais que je ne sois destiné
A aucun fer, à aucun feu.

Vois, je sais bien me prosterner!
Je prie et cesse d'être ingrat
Quand tout vient à se terminer.

Le monde se terminera
Un jour de larmes infinies
Aux yeux de notre race humaine
Et le pécheur exhibera
Son âme difforme et ternie ;
Dieu, pardonne le. Amen.

dies irae

Original : (Par Wikipédia, même en langue morte je me méfie de la véracité des dires de cette pseudo-encyclopédie, mais bon... J'ai comparé deux versions, c'est similaire. En revanche ne regardez pas une seconde leur version paraphrasée, comme la mienne, de La fontaine, c'est un massacre et je pleure pour lui. Voyez la sur lafontaine.net, ils sont respectueux.)

Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favilla,
Teste David cum Sibylla !

Quantus tremor est futurus,
quando judex est venturus,
cuncta stricte discussurus !

Tuba mirum spargens sonum
per sepulcra regionum,
coget omnes ante thronum.

Mors stupebit et Natura,
cum resurget creatura,
judicanti responsura.

Liber scriptus proferetur,
in quo totum continetur,'
unde Mundus judicetur.

Judex ergo cum sedebit,
quidquid latet apparebit,
nil inultum remanebit.

Quid sum miser tunc dicturus ?
Quem patronum rogaturus,
cum vix justus sit securus ?

Rex tremendæ majestatis,
qui salvandos salvas gratis,
salva me, fons pietatis.

Recordare, Jesu pie,
quod sum causa tuæ viæ ;
ne me perdas illa die.

Quærens me, sedisti lassus,
redemisti crucem passus,
tantus labor non sit cassus.

Juste Judex ultionis,
donum fac remissionis
ante diem rationis.

Ingemisco, tamquam reus,
culpa rubet vultus meus,
supplicanti parce Deus.

Qui Mariam absolvisti,
et latronem exaudisti,
mihi quoque spem dedisti.

Preces meæ non sunt dignæ,
sed tu bonus fac benigne,
ne perenni cremer igne.

Inter oves locum præsta,
et ab hædis me sequestra,
statuens in parte dextra.

Confutatis maledictis,
flammis acribus addictis,
voca me cum benedictis.

Oro supplex et acclinis,
cor contritum quasi cinis,
gere curam mei finis.

Lacrimosa dies illa,
qua resurget ex favilla
judicandus homo reus.
Huic ergo parce, Deus.
Pie Jesu Domine,
dona eis requiem. Amen.

Partager cet article
Repost0
8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 04:10

 

Chronique du temps : Extension des villes.
Sodome et Gomohrre.

ME0000101607 3

I :

Un autre temps, Ur, jeune et répandue en hâte,

Tomba comme tomba le monarque akkadien.
En ce temps, environ, au sud-ouest de l’Euphrate,
Naquirent cinq cités aux rives du Jourdain :

Sodome, Séboïm, Gomorrhe, Adama, Zoar ;
Tributaires à cinq de Kédor-Laomor :
Roi d’Élam conquérant des matins et des soirs,
Des rivières de sang et des montagnes d‘or.

Dans ce riche pays aux plaines verdoyantes
Vinrent Loth et Abraham de l’Égypte affamée.
Chacun prit au destin une voie différente ;
Une pierre à porter aux villes entamées :

Loth alla à Sodome et Abraham à Gomorrhe.
C’était là deux cités où Dieu apporterait
Son regard bienveillant qui redresse les torts
Et qui trie par le feu le bon grain et l’ivraie.

Car Abraham lui jura l’allégeance infinie
Et l’Éternel sur eux portait son aura blanche ;
La lumière du ciel que n’éteint nulle nuit
Portant l’obscurité et l’ombre en avalanche.

Loth s’était fait seigneur de la ville royaume
Quant à Abraham, Abraham opta pour le retrait
Près de la ville afin d’y étudier les psaumes,
D’attendre l’arrivée de l’enfant du Parfait.

Ici le patriarche et là-bas le monarque,
Chacun de même sang ; un l’oncle, un le neveu.
Un la foi transcendante, un les flèches de l’arc,
Un la main sur le peuple, un sous la main de Dieu.

II :

Chaque ville menait son commerce et sa vie,
Et payait son tribut à Kédor Laomor,
Ce tribut était lourd,. Les rois, de cet avis,
Douze années extorqués, tinrent leur désaccord.

Ils brûlèrent le feu d'une juste colère
Et la treizième année ils ne payèrent point.
Ils s'assuraient alors un utile salaire
Et une plus-value et pour eux : quelques soins.

Mais le grand roi connût la désobéissance
Que chacun se permit en cessant de verser
Le tribu colossal, et jamais la clémence
Devant tel opprimé ne l'eût bouleversé.

Il fit tomber sur eux la première des foudres :
Son armée ainsi que de hargneux mercenaires
En recherche d'hymens et d'ossements à moudre.
C'était la punition ; la réponse du nerf.

Et la furie brûla les granges et pupilles!
On hachait à tout va! Transplantant en chemin!
La vaine résistance, acculée jusqu'aux grilles,
Disait, la lame au cou et en levant les mains :

"Ô Kédor-Laomor, maître de toutes plaines!
Notre bonheur, ainsi, mérite punition?
Il n'est point tolérer de soulager sa peine
Sans voir, à l'aube, poindre une armée en mission?"

Des villes envahies l'on obtint les seigneurs
Donc Loth fut prisonnier et prit comme rançon.
Ce jour fut rouge de sang et toutes les heures
Oyaient des cris de viols et d'infâmes chansons.

Ce fut un temps très court et le premier fléau
Annonçait faiblement l'autre des catastrophes.
Par un premier palier l'homme atteint le chaos ;
Avant de l'embrasser les enfers l'apostrophent.

Mais le savant Abraham s'était vu esquiver
Et reprit à la garde, en feintant par l'arrière,
Loth et le ramena libre se raviver,
Calmer le souvenir des heures meurtrières.

III:

Puis un moment s'enfuit, on ne put l'empêcher
L'écho de leur malheur, qui jusqu'aux nues :
"C'est l'immense clameur et c'est le grand péché
Que Sodome et Gomorrhe acceptent, continuent !"

Mais l'Eternel ne croit que ce que voit les anges ;
Il en envoya deux enquêter à Sodome,
Sur ses habitants, sur leur existence étrange,
Sur leur pratique et leur commerce entre les hommes.

Ils vinrent à la porte où Loth était assis
Et il se prosterna devant leurs yeux de feu,
Leur puissance implacable et le roi, ramassis
De ces êtres parfaits, frissonnait devant eux.

Ils étaient les divins messagers du massacre,
Les juges d'instruction du seul omniscient,
Les bras armés du meurtre et les bras nus du sacre,
Les gardiens de l'Eden dévoués et patients.

Il les crut de passage, un instant de quiétude
Passa quand il sut qu'ils resteraient en ce lieu.
Alors, il leur fit part de sa grande inquiétude
Quant à leur venue, quant aux volontés de Dieu.

Il les convia chez lui, qu'ils puissent y manger
Pour ne pas arpenter l'avenue plus longtemps ;
Car il voulait ainsi n'être pas dérangé
Par les bruits, les rumeurs troubles des habitants.

Mais peu de temps dura quand, à la porte close,
Frappa tel poing curieux :"Loth, dis, les arrivants,
S'ils sont bien ici qu'ils se montrent, oui ! Qu'ils osent!"
Loth sortit de chez lui, debout face à  ses gens :

"Mes frères,calmez-vous! Un peu de discipline
En ce soir décisif! Que voulez-vous, mes frères?
J'ai deux vierges pour vous, adorables, câlines,
Prenez les et partez et faîtes vos affaires!"

Ils n'en voulurent point, ils en voulaient aux deux
Inconnus dans leur ville et venus les juger.
Ils brisèrent la porte emportant avec eux
Leur furie, leur procès : jury puis préjugés.

Les anges agacés par autant d'indécence
Empruntèrent au ciel la lumière aveuglante,
Le rayon du soleil et son incandescence
Pour retirer la vue à la foule méchante.

La décision fut prise et le brasier divin
Se devait d'incendier ces terres, ces ruelles
Et ce peuple abruti de péché et de vin :
Sodome était impie en l'état actuel.

Gomorrhe également, c'était le choix de Dieu.
Loth reçut le conseil de fuir loin de la ville,
Sa famille, ses pairs ; femmes, jeunes et vieux;
Tous devaient instamment entamer leur exil.

Tous ne crurent en rien le propos de leur roi
Mais il insista fort, longuement, patiemment,
Un temps passa ainsi quand le ton doux et froid
De l'ange lui dicta : "Ils restent sciemment.

Qu'ils restent donc, seigneur, toi ; prend épouse et filles
Et pars sans regretter, l'Eternel te veux vif
Et en bonne santé, pars vite! Tes pupilles
Ne doivent voir ta ville assumer le tarif

De ses ignominies." Ainsi Loth s'empressa
Sur le chemin de Zoar afin d'y réfugier
Sa petite lignée, les biens qu'il amassa,
Sa valeur d'élu et son nom privilégié.

Mais sa femme curieuse, avide de spectacle,
Regarda un instant tomber le feu du ciel
Et Sodome et Gomorrhe être son réceptacle,
Et cet instant en fit une statue de sel.

IV :

Abraham, le lendemain, observa les décombres ;
Les deux cités n'étaient que des braises encore
Chaudes, une fumée couvrait tout de son ombre,
Occultant les foyers de membres et de corps.

Loth, dépourvu de femme, aux filles dont l'hymen
N'était point consommé, était inconsolable.
Il partit s'exiler loin de la race humaine
Qui s'était montrée laide, amère, incontrôlable.

Ainsi il ne léguait aucun fils à la terre.
Ses filles attristées, pleines de compassion,
Par le charme et le vin plusieurs nuits le droguèrent
Et couchèrent avec sans jouir et sans passion.

Un temps, neuf mois peut-être, et quelques poignées d'heures,
  Donna naissance à Moab de par la fille aînée
  A Ben Ammi, plus tard, de par la jeune soeur.
Chacun fonda son peuple au courant des années.

V :

Ce fut la fin du temps de Sodome et Gomorrhe.
Deux villes effacées, avec leurs ziggourats,
Chaque ville a sa vie, son agonie, sa mort,
Et ces évènements se déroulent en hâte.
 
ME0000094948 3






 


 
 

 




Partager cet article
Repost0
26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 06:13
Chronique du temps : Extension du prélude.
L'homme.


Toile20- Symbolemasculin


Vint la méchanceté et la ferme droiture,
Vint le viol en furie et le rêve érotique,
Vint la prière au sein de l’église gothique,
Vint l’âme cloisonnée et l’esprit d’ouverture.

Sur le navire monde aborda le poing fier
Serré ou écarté sur les armes anciennes,
Sur les commandements et, au temps de l’antienne,
Sur le cœur fatigué des chansons meurtrières.

Au pantalon l’armure ajouta sa tutelle ;
Elle heurtait son métal, d’abord éblouissant
Puis dévalorisé par la boue et le sang
Au retour de combat du despote cruel :

Le despote marqué du sceau de la bassesse,
L’esclave épanoui et sans cesse sifflant,
L’ascète halluciné en haut du sommet blanc
Et, planté au comptoir, l’encordé à l’ivresse.

C’était le chef du clan, le risible sous-fifre,
Le doyen ennuyeux, l’intrépide guerrier…
Il était tous ceux là mais n’eut pour seul métier
Que d’aller à la mort et d’allonger les chiffres.

Il s’armait de son glaive et ne fléchissait pas
Face au nombre effrayant, Paris à son côté,
Mais la grâce des dieux un instant a fauté
Et Achille mit fin aux jours d’Hector de Troie.

Et dans le camp adverse un fatal horoscope
Déterminait l’errance et éloignait le cœur
D’Ulysse de sa femme et les monstres et leurres
S’acharnaient sur le roi perceur d’œil de cyclope.

Il était le martyr d’un monde qui s’écroule
Le sceau sur le tombeaux des dieux et, ahuri,
Devant lui seul le peuple apaisait sa furie
Et sur la croix le Christ pardonnait à la foule.

Il était ce seigneur mourant loin de tout faste
Au détour d’un chemin il trouva son impasse
Dans les yeux de son fils et, ignorant sa classe,
Œdipe acheva Laïos ; le roi qu’il crût néfaste.

 Il était ce grand chef sans potion à sa gourde,
Sans vivres cumulés et sans assez de mains
Pour contrer les tortues et lances des romains ; 
Pour Vercingétorix la défaite fut lourde.

Il était ce penseur, cet esprit qui diverge
De la majorités et de ses évidences,
L’accord universel lui voulait le silence,
Mais sa vérité seule aborda à nos berges.

Il était tous ceux là mais n’eut pour seul métier
Qu’un trouble sanguinaire ; un combat de toujours,
La femme lui sait gré d’être un flambeau au jour
Effarant de ce monde et un guide à ses pieds.



 
Partager cet article
Repost0
25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 05:31
De la bêtise consternante des OGM :


OraNgE by oranjisama
Par ~orajisama

J’étais dans un verger, où le printemps poussait ses fruits sous le soleil. Banal : Sur un petit chemin, à l’ombre des fécondités, je marchais. Ma tête bousculait quelques idées de poèmes, quelques vers sans voisin, quelque prose sans contexte… Il faut marcher pour cela, ou être un conducteur distrait ou dans les embouteillages, reconnaissez la bonne méthode. Et en voiture cette histoire eût tourné court bientôt. En voiture on passe, on voit ce que l’on peut, à pied on pense ce que l’on veut. En voiture j’aurais écrasé cette orange, à pied j’ai pu converser avec elle. (Fin de l’histoire si voiture il-y-eut.)
Mais elle avait un singulier comportement : après l’avoir salué comme il se doit entre personnes qui se croisent loin de la ville elle me répondit par un beuglement. Je fus stupéfait ; une orange qui beugle? Je lui demandai pourquoi beugles tu, orange? 
Topogène!
A peine eut elle hurlé cela que le remord lacérant de mon inculture me prit  : Un mot nouveau! Le piège! Faire mine de comprendre? Demander explication? A ne pas faire d’études l’on tombe dans le traquenard lexical d’une orange. Un anaphylactique en viderait sa cortisone! Je m’enquis finalement du sens de son propos qu’as-tu dis? C’était…vague, je n’ai pas bien saisi. avec l’intonation qui laisse entendre que le mot clair aux oreilles l’est aussi au cerveau.
Fridalfon! Va.
C’était un va bien sûr de lui, un va dit comme l’on conclut les grandes vérités : … et du Saint-Esprit : Va. Un mot donné au ciel avec cérémonie. Que signifiait-il? Me disait-elle de partir? Était-ce une langue qui m’était étrangère? L’orange s’emplissait de mystères… Je lui proposai une cigarette. A la vue du paquet elle me l’arracha, le jeta à terre et le martela de toute sa rondeur, comme bouleversée et poussée à la sauvagerie par une force obscure, en hurlant Fougnou! à répétition. J’étais consterné! Je n’avais qu’un paquet et elle l’avait morcelé! Fougnou! J’étais hors de moi! Ah! L’orange je l’aurais découpé en deux et mangé ses entrailles comme je le fais avec les pamplemousses! tant la colère oppressait ma mâchoire. Fougnou!
Presque vidé de sang froid j’ai préféré la laisser à sa furie. Je continuai donc mon chemin, et, calmé, je repensai à son vocabulaire et à ses manières, quel langage était donc le sien? Pourquoi assaillir mes clopes? Je n’avais plus que cette orange en tête et mes vers s’étaient effacés. Je décidai de rentrer en ville, acheter des cigarettes, loin des oranges, quand une autre m’interpella : 
Hé, pour tout à l’heure… Faut pas lui en vouloir…vous comprenez : 
C’est une orange consanguine.


 Orange by NurNurIch 
Par ~NurNurlch




 
 
Partager cet article
Repost0
25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 02:53
9. Ça s'est vu : l'aumône des frères détraque les phéromones.
Partager cet article
Repost0