Première heure :
Les présentations à Jack Bovini - A Cannes - Le dédain de Jack Bovini - Le sachet - La transaction - Les au-revoir -
Conclusion.
Être Jack Bovini, en ce monde, n’est pas à ta portée. Tu as, comme lui, peut-être peur des abeilles mais berces-tu tes songes des pires saveurs
du crime où le meurtre rémunéré côtoie le kidnapping d’enfant ? Te racontes-tu des histoires où se vident les chargeurs de toute une armée pour une valise de came ? Oui ?
Alors il te reste à boire, à t’acheter un varan de Komodo et à faire pousser vingt-huit plans de cannabis pour que ton salon se visite à la
machette. C’est des efforts.
On dit que Jack Bovini revient d’un exil dans ce pays où le rhum est moins cher que l’eau, qu’il n’a plus de sang, que les ventricules palpitants
de son cœur s’emplissent et se vident d’alcool, que son urine se classe parmi les plus puissants produits corrosifs avant l’acide chlorhydrique, qu’il ne sait plus qui l’aime, qu’il boîte car le
sabot du diable lui fut greffé pour un euro et quarante centimes ; on dit enfin qu’il ne mange que des macaronis au beurre et des kebabs sans oignon ni salade ni tomate. Jack Bovini a vingt
ans.
Le voici dans les rues de Cannes la bocca : le sud. Regarde comme il se méfie ; du tireur embusqué et de l’oiseau qui pourrait
déféquer sur son survêt’ Lacoste blanc et neuf…
Parmi d’apocalyptiques et imperceptibles menaces : il avance.
Avec dédain : tu n’es rien pour lui. Qu’as-tu fait ? Quelle victime as-tu étranglée pour la vraie raison qu’il te manquait une pièce pour prendre
le bus ? Aucune. Zéro. Tchi !
Tu n’as rien fait donc tu n’es rien. Il te considère comme tel.
Mais il veut te vendre un sachet ; il devra se montrer si conciliant que lui marierais ta fille, si tu en as.
Toi tu veux un sachet ; tu n’existes que dans une boîte de nuit et en boîte, sans sachet, tu ne vaux pas mieux qu’en dehors. Tu
traînes ici depuis un moment, les gars du quartier t’observent… Ne crains rien : tu as une gueule de client. Et on ne vole pas les clients de Jack.
Il vient vers toi… Tu flippes ; c’est un monstre qui te sourit.
Il te demande combien tu veux, tu lui balbuties, il te donne le tout, tu paies, vous vous séparez.
Tu croyais mourir là, hein ? Ne t’inquiète pas : ce soir.
Car, parfois, il coupe sa drogue avec de la mort-aux-rats.
Nous apprenons en cette première heure que Jack Bovini est économe.
Par ~ To-be-beautiful