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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 22:25

Post mortem blues.

 

 

 

Je me souviens : l'époque où nous mangions des mangues

En pagnes sur la grève où nous avions faim ;

Faim de rêves nouveaux, de leurres et de langues,

Le chignon incolore ornementé de lin.

 

Les vieux loups , aux abois, s'écroulaient aux lisières

Des forêts de mangrove et de chanvre indien,

Enveloppés dans leur peau, notre unique bien,

Nous partîmes rejoindre les cités minières.

 

Gelés jusqu'aux sourcils, les enfants de l'Histoire

Que nous fûmes allions sous la neige, implorant

De revoir le soleil, un arbre, un éléphant

Qui n'était pas celui dont nous portions l'ivoire.

 

Et puis je me souviens du bruit des chaînes mortes

A l'automne des rois, saison des pluies de sang,

De la fleur au pétale ovale, incandescent :

La colchique écarlate éclose sur les portes.

 

Sylve ancienne, ouïs-je le cri des macaques ?

Celui des lémuriens aux yeux d'or et de nuit ?

Non. C'est un souvenir d'humus bleu qui s'enfuit

Très loin de ma mémoire, et vers les catafalques.

 

C'était le macadam ma vie, et la promesse

Non pas d'un jour meilleur mais d'un équivalent.

C'était de la revoir, même sanguinolent,

Mon italienne aux yeux doux comme une caresse...

 

Si je me souviens bien, à l'aube, l'Aphrodite

Ne sortait plus, de peur d'être prise en photo.

J'allais donc nu, lauré, debout sur le coteau,

Les bras en croix, hurler la tristesse non-dite.

 

J'allais aux magasins me combler de casquettes

Avec des inconnues, filles aux cheveux teints

Qu'un clin d'œil ensorcèle et dont roulent les reins,

Danseuses de toujours ne parlant que de fêtes.

 

J'aurais su les aimer, en composer l'éloge

Mieux qu'un barbare blond à carreaux d'aviateur,

Celui là ce n'était que le corps palliateur,

Que l'acteur de génie et le mort dans la loge.

 

J'étais un égaré, bien mauvaise bohème

Que celle au pays où j'ai délaissé mon cœur...

Je me suis pavané, j'ai bu cette liqueur

Tendre du plus pur vice, avec un peu de crème.

 

Et dans le vert de mes prunelles frelatées

Le reflet d'un enfer vierge s'imbriqua,

J'avais dans le palais le goût du paprika

Quand mon marteau de bois morcela les trois fées.

 

Mon chemin s'achevait loin des marbres de Rome

Et j'en ai ramassé la poussière, et des pleurs

Lorsque je l'ai baisée ont jaillis : les lueurs

Si proches m'annonçaient le retour à Sodome.

 

Le retour aux passions sous les premières lunes,

De la notre, jusqu'à la neuvième d'Endor.

C'était le temps bénit du jardin qui s'endort

Au refrain sur lequel, toujours, fondent les brunes.

 

J'ai baisé cette main d'un signe du zodiaque...

Je m'en souviens, c'était le treizième, aux doigts fins

D'où le soupçon du sang des éphèbes défunts

Perlait, rougissant les ongles, et faisait flaque.

 

Vous auriez juré voir la belle adolescente

A qui nul ne résiste, à qui tous les bouquets

Sont offerts mêmement que le fond des secrets...

Suffit-il qu'elle se pose au balcon puis chante ?

 

Avant la fin des temps ce fut ma fiancée.

Nous nous sommes battus en époux chiffonniers

Dans les soirs délicieux des mensonges niés ;

Choriste des hauts cris, ma pucelle offensée.

 

C'était beau ; de la fougue et des poisons macabres

Sous un ciel de printemps, entre l'orme et le buis,

On se tuait le soir, aussi, tout près des fruits

En salade, sous les sept yeux des candélabres.

 

Quelquefois j'allais seul rejoindre la Nature

Et sous une cascade m'inonder le front.

Etrangement lassé, lassé de cet affront

D'aimer mourir des mains d'une femme immature.

 

 

 

 

 


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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 04:10

 

Chronique du temps : Extension des villes.
Sodome et Gomohrre.

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I :

Un autre temps, Ur, jeune et répandue en hâte,

Tomba comme tomba le monarque akkadien.
En ce temps, environ, au sud-ouest de l’Euphrate,
Naquirent cinq cités aux rives du Jourdain :

Sodome, Séboïm, Gomorrhe, Adama, Zoar ;
Tributaires à cinq de Kédor-Laomor :
Roi d’Élam conquérant des matins et des soirs,
Des rivières de sang et des montagnes d‘or.

Dans ce riche pays aux plaines verdoyantes
Vinrent Loth et Abraham de l’Égypte affamée.
Chacun prit au destin une voie différente ;
Une pierre à porter aux villes entamées :

Loth alla à Sodome et Abraham à Gomorrhe.
C’était là deux cités où Dieu apporterait
Son regard bienveillant qui redresse les torts
Et qui trie par le feu le bon grain et l’ivraie.

Car Abraham lui jura l’allégeance infinie
Et l’Éternel sur eux portait son aura blanche ;
La lumière du ciel que n’éteint nulle nuit
Portant l’obscurité et l’ombre en avalanche.

Loth s’était fait seigneur de la ville royaume
Quant à Abraham, Abraham opta pour le retrait
Près de la ville afin d’y étudier les psaumes,
D’attendre l’arrivée de l’enfant du Parfait.

Ici le patriarche et là-bas le monarque,
Chacun de même sang ; un l’oncle, un le neveu.
Un la foi transcendante, un les flèches de l’arc,
Un la main sur le peuple, un sous la main de Dieu.

II :

Chaque ville menait son commerce et sa vie,
Et payait son tribut à Kédor Laomor,
Ce tribut était lourd,. Les rois, de cet avis,
Douze années extorqués, tinrent leur désaccord.

Ils brûlèrent le feu d'une juste colère
Et la treizième année ils ne payèrent point.
Ils s'assuraient alors un utile salaire
Et une plus-value et pour eux : quelques soins.

Mais le grand roi connût la désobéissance
Que chacun se permit en cessant de verser
Le tribu colossal, et jamais la clémence
Devant tel opprimé ne l'eût bouleversé.

Il fit tomber sur eux la première des foudres :
Son armée ainsi que de hargneux mercenaires
En recherche d'hymens et d'ossements à moudre.
C'était la punition ; la réponse du nerf.

Et la furie brûla les granges et pupilles!
On hachait à tout va! Transplantant en chemin!
La vaine résistance, acculée jusqu'aux grilles,
Disait, la lame au cou et en levant les mains :

"Ô Kédor-Laomor, maître de toutes plaines!
Notre bonheur, ainsi, mérite punition?
Il n'est point tolérer de soulager sa peine
Sans voir, à l'aube, poindre une armée en mission?"

Des villes envahies l'on obtint les seigneurs
Donc Loth fut prisonnier et prit comme rançon.
Ce jour fut rouge de sang et toutes les heures
Oyaient des cris de viols et d'infâmes chansons.

Ce fut un temps très court et le premier fléau
Annonçait faiblement l'autre des catastrophes.
Par un premier palier l'homme atteint le chaos ;
Avant de l'embrasser les enfers l'apostrophent.

Mais le savant Abraham s'était vu esquiver
Et reprit à la garde, en feintant par l'arrière,
Loth et le ramena libre se raviver,
Calmer le souvenir des heures meurtrières.

III:

Puis un moment s'enfuit, on ne put l'empêcher
L'écho de leur malheur, qui jusqu'aux nues :
"C'est l'immense clameur et c'est le grand péché
Que Sodome et Gomorrhe acceptent, continuent !"

Mais l'Eternel ne croit que ce que voit les anges ;
Il en envoya deux enquêter à Sodome,
Sur ses habitants, sur leur existence étrange,
Sur leur pratique et leur commerce entre les hommes.

Ils vinrent à la porte où Loth était assis
Et il se prosterna devant leurs yeux de feu,
Leur puissance implacable et le roi, ramassis
De ces êtres parfaits, frissonnait devant eux.

Ils étaient les divins messagers du massacre,
Les juges d'instruction du seul omniscient,
Les bras armés du meurtre et les bras nus du sacre,
Les gardiens de l'Eden dévoués et patients.

Il les crut de passage, un instant de quiétude
Passa quand il sut qu'ils resteraient en ce lieu.
Alors, il leur fit part de sa grande inquiétude
Quant à leur venue, quant aux volontés de Dieu.

Il les convia chez lui, qu'ils puissent y manger
Pour ne pas arpenter l'avenue plus longtemps ;
Car il voulait ainsi n'être pas dérangé
Par les bruits, les rumeurs troubles des habitants.

Mais peu de temps dura quand, à la porte close,
Frappa tel poing curieux :"Loth, dis, les arrivants,
S'ils sont bien ici qu'ils se montrent, oui ! Qu'ils osent!"
Loth sortit de chez lui, debout face à  ses gens :

"Mes frères,calmez-vous! Un peu de discipline
En ce soir décisif! Que voulez-vous, mes frères?
J'ai deux vierges pour vous, adorables, câlines,
Prenez les et partez et faîtes vos affaires!"

Ils n'en voulurent point, ils en voulaient aux deux
Inconnus dans leur ville et venus les juger.
Ils brisèrent la porte emportant avec eux
Leur furie, leur procès : jury puis préjugés.

Les anges agacés par autant d'indécence
Empruntèrent au ciel la lumière aveuglante,
Le rayon du soleil et son incandescence
Pour retirer la vue à la foule méchante.

La décision fut prise et le brasier divin
Se devait d'incendier ces terres, ces ruelles
Et ce peuple abruti de péché et de vin :
Sodome était impie en l'état actuel.

Gomorrhe également, c'était le choix de Dieu.
Loth reçut le conseil de fuir loin de la ville,
Sa famille, ses pairs ; femmes, jeunes et vieux;
Tous devaient instamment entamer leur exil.

Tous ne crurent en rien le propos de leur roi
Mais il insista fort, longuement, patiemment,
Un temps passa ainsi quand le ton doux et froid
De l'ange lui dicta : "Ils restent sciemment.

Qu'ils restent donc, seigneur, toi ; prend épouse et filles
Et pars sans regretter, l'Eternel te veux vif
Et en bonne santé, pars vite! Tes pupilles
Ne doivent voir ta ville assumer le tarif

De ses ignominies." Ainsi Loth s'empressa
Sur le chemin de Zoar afin d'y réfugier
Sa petite lignée, les biens qu'il amassa,
Sa valeur d'élu et son nom privilégié.

Mais sa femme curieuse, avide de spectacle,
Regarda un instant tomber le feu du ciel
Et Sodome et Gomorrhe être son réceptacle,
Et cet instant en fit une statue de sel.

IV :

Abraham, le lendemain, observa les décombres ;
Les deux cités n'étaient que des braises encore
Chaudes, une fumée couvrait tout de son ombre,
Occultant les foyers de membres et de corps.

Loth, dépourvu de femme, aux filles dont l'hymen
N'était point consommé, était inconsolable.
Il partit s'exiler loin de la race humaine
Qui s'était montrée laide, amère, incontrôlable.

Ainsi il ne léguait aucun fils à la terre.
Ses filles attristées, pleines de compassion,
Par le charme et le vin plusieurs nuits le droguèrent
Et couchèrent avec sans jouir et sans passion.

Un temps, neuf mois peut-être, et quelques poignées d'heures,
  Donna naissance à Moab de par la fille aînée
  A Ben Ammi, plus tard, de par la jeune soeur.
Chacun fonda son peuple au courant des années.

V :

Ce fut la fin du temps de Sodome et Gomorrhe.
Deux villes effacées, avec leurs ziggourats,
Chaque ville a sa vie, son agonie, sa mort,
Et ces évènements se déroulent en hâte.
 
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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 06:13
Chronique du temps : Extension du prélude.
L'homme.


Toile20- Symbolemasculin


Vint la méchanceté et la ferme droiture,
Vint le viol en furie et le rêve érotique,
Vint la prière au sein de l’église gothique,
Vint l’âme cloisonnée et l’esprit d’ouverture.

Sur le navire monde aborda le poing fier
Serré ou écarté sur les armes anciennes,
Sur les commandements et, au temps de l’antienne,
Sur le cœur fatigué des chansons meurtrières.

Au pantalon l’armure ajouta sa tutelle ;
Elle heurtait son métal, d’abord éblouissant
Puis dévalorisé par la boue et le sang
Au retour de combat du despote cruel :

Le despote marqué du sceau de la bassesse,
L’esclave épanoui et sans cesse sifflant,
L’ascète halluciné en haut du sommet blanc
Et, planté au comptoir, l’encordé à l’ivresse.

C’était le chef du clan, le risible sous-fifre,
Le doyen ennuyeux, l’intrépide guerrier…
Il était tous ceux là mais n’eut pour seul métier
Que d’aller à la mort et d’allonger les chiffres.

Il s’armait de son glaive et ne fléchissait pas
Face au nombre effrayant, Paris à son côté,
Mais la grâce des dieux un instant a fauté
Et Achille mit fin aux jours d’Hector de Troie.

Et dans le camp adverse un fatal horoscope
Déterminait l’errance et éloignait le cœur
D’Ulysse de sa femme et les monstres et leurres
S’acharnaient sur le roi perceur d’œil de cyclope.

Il était le martyr d’un monde qui s’écroule
Le sceau sur le tombeaux des dieux et, ahuri,
Devant lui seul le peuple apaisait sa furie
Et sur la croix le Christ pardonnait à la foule.

Il était ce seigneur mourant loin de tout faste
Au détour d’un chemin il trouva son impasse
Dans les yeux de son fils et, ignorant sa classe,
Œdipe acheva Laïos ; le roi qu’il crût néfaste.

 Il était ce grand chef sans potion à sa gourde,
Sans vivres cumulés et sans assez de mains
Pour contrer les tortues et lances des romains ; 
Pour Vercingétorix la défaite fut lourde.

Il était ce penseur, cet esprit qui diverge
De la majorités et de ses évidences,
L’accord universel lui voulait le silence,
Mais sa vérité seule aborda à nos berges.

Il était tous ceux là mais n’eut pour seul métier
Qu’un trouble sanguinaire ; un combat de toujours,
La femme lui sait gré d’être un flambeau au jour
Effarant de ce monde et un guide à ses pieds.



 
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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 05:46

Chronique du temps : Extension du prélude.
La Femme.


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Vint la sainte vertu et le mauvais augure,

Vint le corps arrondi aux courbes hypnotiques,

Vint la chair asservie et l’esprit despotique,

Vint le croc dans la pomme et l’unique rature.


Sur le navire monde aborda la crinière

Lourde et éparpillée aux ondes aériennes

Où l’on passait la main dans les orgies païennes

Et qui tombait au front aux chaises de prière.


A la toge la robe ajouta ses dentelles :

Elle virevoltait au rythme des grands vents

Et laissait s’envoler aux brises les volants

Quand les vents s’apaisaient sur l’esclave éternelle :


L’esclave à la couronne et au port de princesse,

La reine amenuisée par son ventre gonflant,

La sorcière qui rit lorsqu’on perce son flanc

Et, dans les vapeurs bleues, la savante prêtresse.


C’était la sœur du chef, la mère du sous-fifre,

La fille du doyen, la femme du guerrier…

Elle était celles-là mais n’eut pour seul métier

Que de compter les morts et de graver les chiffres.


Pour elle l’on armait le plus puissant soldat

Et il allait au front au nom de sa beauté

Et hurlait, le corps rouge et l’âme sabotée :

Hélène! Ici je meurs! Hélène… et c’est pour toi!


Et de l’autre côté elle était Pénélope ;

La patiente et fidèle épouse du seigneur,

Qui tissait, espérant le retour et son heure,

En brulant les mots d’amour et leurs enveloppes.


Elle était l’angélique apparition, la foule

Tombait à deux genoux et ses larmes taries

S’écoulaient lourdement aux genoux de Marie

Dont la grâce attirait les pleurs qui se refoule.


Elle était majestueuse au sommet de sa caste!

A son trône enlacée ; serpent qui se délasse,

Elle était l’incestueuse oubliant la menace

Mais aussi la Pythie qui avertit Jocaste!


Elle était cette folle intransigeante et sourde

Aux voix de ce bas-monde et au discours humain

Et, à l’âme son dieu et son glaive à la main,

Jeanne d’Arc s'en allait défendre Greux et Lourdes.


Elle était le prêtresse éternellement vierge
 

Qui ne connût que foi et terrible abstinence

Et l’ombre de son temple animée par la danse

Sans rythme des parois à la lueur des cierges.

 
Elle était celles-là mais n’eut pour seul métier

Qu’un martyr incessant, qu’un tourment de toujours…

L’homme la remercie de lui donner le jour

Et d’être la lumière essentielle au foyer.



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4 décembre 2009 5 04 /12 /décembre /2009 16:54
Chronique du temps - Les villes.






Vint un temps d’émulsion et de bouillonnement,
D’hommes qui, par milliers, se répandaient des plaines
Aux rives dans un primordial fourmillement
De têtes chevelues et de boutons de laine.

A la lueur des feux les clans s’amoncelaient,
Se démultipliaient pour mieux se diviser,
Se scindaient en enclos, en maisons, en palais,
En châteaux, en gourbis en hâte improvisés.

Là où la bonne terre et l’excellent climat
Se mariaient sous le ciel pour une vie paisible
L’homme sur la nature attesta son primat
Et sa fragilité en quête d’invincible.

Le
chaume et le granit prônèrent sur le bois
Une domination par le feu et le fer
Et au sol des cités mille chemins de croix
Furent tout indiqués par des allées de pierre.

Elle était érigée ; la race intelligente!
Elle poussait son pue de rues et boulevards
Hors des champs ravagés de façon diligente
Et des forêts tranchées ; son pue riche et avare!

Son pue de marbre et d’or, de murs étincelants!
Ses sombres avenues aux parois écarlates
Et ses places, ces lieux où vont, s’amoncelant,
Les hommes divisés auparavant, en hâte!

En hâte Uruk l’antique! En hâte Ur et Mari!
En hâte Babylone au pays sumérien!
Car dans le temps réel à l’univers tarit
Les millénaires neufs sont peu ou ne sont rien.

Donc en hâte l’humain érigea sa superbe
En des espaces clos de diverses manières
Aux crocs des prédateurs, aux glaciations acerbes,
Aux vents de maladie, aux hordes meurtrières.

En aucun temps Neptune offrit un beau cheval
Que l’homme refusa pour un olivier mûr ;
A Minerve rendant sa bonté triomphale
Et d’Athènes poussant les colonnes et murs.

Aucun temps où, jumeaux d’une semblable louve,
Romulus et Remus placèrent Numitor
Au trône légitime. Aucun temps que l’on prouve
Où Rome vît Remus emporté par la mort.

Les collines par sept couronnant ces deux villes
En aucun temps n'ont vu naître les maisons closes
De la main d'un seul homme inlassable et habile
Ou même d'un seul dieu en mal d'apothéose.

Elles ont vu, par contre, un grand fourmillement
D'esclaves, d'ouvriers, d'architectes, de rois,
De prélats, de catins et le scintillement
De la sueur au front et du sang aux parois.

Uruk également a vu tomber les hommes
Érigeant leur superbe et leur domination
Assoiffés et brisés. Il fut un temps où Rome
Enterrait les romains dessous ses fondations.

Et des siècles après les plus grands édifices,
Reposés sur les morts de dix générations,
Pouvaient toiser le ciel, égaux en sacrifice
De l'autel des cités à celui des nations.





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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 05:19
Chronique du temps - Prélude.




Les temps étaient réels où les hordes régnaient
Sur les sèches toundras et sur les monts venteux.
A leur prompte arrivée les lueurs s’éteignaient,
Les villageois terrés pleuraient dans l’ombre, anxieux.

Les temps étaient réels où les grands prédateurs
Allait chercher chez nous de quoi remplir leur panse
Et soudain dévoraient sous l’oeil du spectateur
Un visage fleurit des saisons de l’enfance.

Les temps étaient réels où le magma furieux
Déferlait en fumant sur les moissons nouvelles,
Subitement figeait les larmes dans les yeux
Prenant de la surprise une image éternelle.

Les temps étaient réels où le froid assassin
Repoussait l’être humain aux portes de la mer
Où , instantanément, se congelait un sein
Privant de nourrisson les bras nus d’une mère.

Les temps étaient réels où le mal et la fièvre
Soufflaient sur les contrées le courant mortifère,
Portant, soudainement, des langues jusqu'aux lèvres
Et dans tous les baisers le brasier de l'enfer.

Il ne fut aucun temps où les anges régnaient
Sur les palais du ciel au marbre nuageux,
Où, lentement, le foie du Titan qui saignait
S’effaçait dans le bec de l’aigle pernicieux.

Il ne fut aucun temps où le grand créateur
Nous apportait la vie dépourvue de son sens
Et comme au ralenti lançait le réacteur
De l’appareil tortu des dégénérescences.

Il ne fut aucun temps où Cupidon curieux
Essayait sur Adam ses flèches éternelles,
Où, doucement, il lui inter-changeait ses voeux
Et lui fit ressentir des affections nouvelles.

Il ne fut aucun temps où, fou d'entre les saints,
Un oracle inscrivait son diagnostique amer
Et mollement croyait de ses délires craints
Du commun des mortels les hideuses chimères.

Il ne fut aucun temps où le loup et le lièvre
Coexistaient pareils à deux semblables frères.
Se louangeant sans heurts lors de discussions mièvres
Et sans instinct mauvais concluaient leurs affaires.

Il fut un temps réel d’origine du monde
Qui dura plus longtemps que le temps de l’humain,
Plus longtemps que le sable et que les dunes blondes
Dans le grand sablier de tous les déserts plein.

Plus longtemps que le temps et toutes ses mesures,
L’horloge et la clepsydre et la fontaine d’eau
N’étaient pas là encore ensembles que l’usure ;
Il fut un temps réel disposé en monceau.

Le monde à l'origine avait un temps réel,
Après ce temps réel vint le temps de l'humain ;
Un temps vif, saccadé, infernal et rebelle
Amputé dans le tas  de temps réel et plein.

Un temps strié d'années, d'heures et de secondes,
De siècles et d’instants et de milliers de sceaux
Qui portèrent l'usure au temps réel du monde ;
Vint le temps de l'humain disposé en morceaux.

Et l'humain allongea des camps sur les collines,
Il devenait berger et chasseur à la fois,
Il mourrait en doutant de ce qui se destine ;
Ce doute persistant fît naître en lui la  foi.

L'humain donna un dieu à toute frêle chose
Pour ne pas s'inquiéter de l'incompréhensible,
Il savait respecter l'autorité des roses,
Il se savait petit, et il se croyait cible.

Il était en tribu, l’humain originel,
Puis il devint dévot, voyageur, gueux ou roi.
En ce temps incertain il se fit infidèle
A l’humain et aux dieux auxquels il se voua.

Il ne fut aucun temps où, crime primordial,
L’agriculteur tuait son frère le pasteur
Et où le premier sang sur le tertre mondial
Dans une flaque rouge étalait le malheur.

Aucun temps, je vous dis, où la femme naïve
Ouvrait d’un oeil curieux la boîte empoisonnée
Puis, feignant la surprise, arguait d’une voix vive
Qu’ils avaient tout prévu quand les dieux l’ont donnée.

Par contre il fut un temps où l’humain déloyal
S’exerçait à lutter contre l’humain fidèle
Aux dieux ou à l’humain de sang gueux ou royal ;
Cela était le temps des premières querelles.

Le temps humain après le temps des origines
Était ce temps brutal où naissaient : Les pêchés,
Le premier lupanar, la première officine,
Le premier à mentir, le premier à prêcher,

Le premier à graver l’histoire de l’humain,
Le premier incrédule apte à la démentir,
Le premier insensible à se faire assassin
Et le sage premier prônant le repentir,

Le premier désireux de la première femme
Donc la première femme arrogante et fragile,
Le premier forgeron donc la première lame,
Le premier exilé donc le premier asile,

Le premier accusé donc la première pierre,
Le premier criminel donc le premier barreau,
Le premier souffrant donc la souffrance première,
Le premier torturé donc le premier bourreau,

L’événement premier donc le premier lassé,
Le premier adoré donc le premier haï,
Et de par cette haine à la suite amassée
Le premier adoré fut le premier trahi,

Le premier mur percé de la première porte,
Le premier promontoire et la première cave,
Dans le premier recoin le premier des cloportes,
Le premier territoire et la première enclave,

Le premier pont surplombant les flots ravageurs
Et le premier barrage endiguant leur démence,
Le premier des noyés, le premier des nageurs,
Le premier corps flottant au départ de l'errance,

Le premier musicien, la première danseuse,
Le premier cri du coeur lâché sublimement,
Le premier vers inscrit, musique silencieuse,
L'art premier, l'absolu, le plus beau dénuement.

Ce fut le temps premier des premiers phénomènes
Qui sans manichéisme éclosaient sur la terre ;
La candeur, la splendeur, le désir et la haine
Apparurent premiers mais derniers pour l'Ether.






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