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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 14:55

 

Dans le bon sens. 

Prémonition

 

Effleurant le ponton de mon rêve ou d'un fleuve

un navire de nacre affrétait une veuve

qu'il porta, chancelant, jusqu'où je méditais.

La brise a soulevé sous la lune son voile,

lente, par accident, à l'heure où tout s'étoile

et ses yeux pénétrants, d'azur fin, décrétaient

de l'atroce chagrin l'hallucinante liesse.

 

« -De l'or où je naquis à la merde où je meurs

il n'est qu'un pas de biche en qui brûle, déesse,

la triste passion dont les plus saines mœurs

sont de pendre le ciel aux sinistres lanternes

ou d'imiter l'amant nu que rien ne concerne

sinon l'art d'écraser -mille raisins- les cœurs

qu'il veut ensanglantés, puis exsangues... De grâce

demandez-lui, ce soir, qu'il signe et vous embrasse,

vous qui volâtes, lys à sa tige arraché !

 

De la mare où j'ai bu jusqu'où j'ai recraché

les nénuphars, tremblantes nageuses en robes,

il n'est qu'un pas d'enfant sous lequel se dérobe

un amour charcuté par le tranchant des fleurs...

Qu'en est-il du chemin pavé de mes douleurs

arpenté cette nuit d'assassinat du prince ?

 

Là, tendez-moi l'oreille... Entendez-vous qui grince

la porte de l'enfer des quatre vérités

où dorment les démons habillés de lexique ?

 

Qui frôlera la chair des seins que j'ai tétés ?

Ni personne, ni la sublime anorexique

qu'il a fuie en secret pour mieux la regretter.

 

Charme hérité de l'ange exterminateur ! Charme

des serpents infinis dévoreurs d'éléphants !

Voici votre bagou : silence d'oliphants

sur la plaine où les morts ont déposé les armes.

 

Donc ces roses d'Orion j'hésite à les offrir...

Je pense à les revendre au gamin de ma rue

qui n'a plus vu sa mère ocre et frêle sourire

depuis que ce garçon d'un soir a disparu.

 

Ma veuve aimée alors que mon doigt s'exécute

à votre sacrement sous les draps d'un motel

au jardin de Circé fanent les immortelles,

les fleurs d'argent soyeux, les roses-thé, mon but...

 

Vous ferez la timide, un peu, sous les feuillages,

et sur un matelas roux d'épines de pins

vos lectures seront les lignes de ma main :

des stigmates natals aux marques de grillages.

 

Ô veuve que vaudra l'éclat de vos rubis

quand le jour renaîtra sur les frissons d'écume

ensoleillant le ciel qu'ouvre votre pubis

par la persienne close ? Écoutez quand je dis

des mensonges plus beaux que vous-même ; j'assume

cet outrage effarant les outrages subis.

 

Tout comme j'en reviens je parle d'un massacre

illustre, de Gomorrhe en forme de brasier,

à vous qui revenez par ce bateau de nacre

d'un pays analogue au premier baiser.

 

Vous qui fûtes royale avant le guillotine

parlez moi des jardins vibrant au carrousel,

parlez-moi d'autrefois, très fougueuse latine,

les femmes d'aujourd'hui sont des statues de sel...

 

Lorsque le jeune vers babillait sous l'étoile

que vous chantait l'amant tendrement, nuitamment ?

Lorsqu'un premier pinceau bouleversa les toiles

quelle image de vous traçait le sentiment ?

 

Répondez-moi, pitié ! Que faites-vous semblant

d'être sourde et muette ? Il me faut des réponses

pour enfin délier les mûres de nos ronces,

pour que l'enfant d'un soir rencontre son loup blanc.

 

 

« -Vous empourprez mon front, les neiges éternelles

qui l'avait couronné fondent, je suis de celles

qui virent le soleil nourrisson se lever,

jeune homme de vingt ans qui pleure à mon chevet

dont les sanglots tombants meurent en étincelles

aux étranges lueurs. Mais vous m'avez rêvée. »

 

 

A Nolwenn Orillia,premiêre aimée.

 

Séparation.    

 

Ivre de cet orgueil nécessaire au poète

Je t’ai livrée au feu primaire des passions

Pour que tu brules vive, fruit des narrations

Bâclées, trouble morue azurine sans tête !

 

Tapin des faubourgs noirs, femme m’ayant volé

Et toute cette envie insatiable d’écrire

Et cette gloire infâme en laquelle mon rire

Compare sa grandeur au sublime étoilé !

 

Pute ! Pute ! Pute ! Voici mes vers eux-mêmes

Plus nobles que tes seins échoués ! Quel vagin

Ressemble plus au gouffre, au très sale ravin

Où chut l’ange déchu, bariolé d’œdèmes ?

 

Pute ! Belle arnaqueuse ! Pompe à zizis durs !

Tu reviens m’embrasser en fidèle princesse ?

Berk ! Viens plus près de moi que mieux je te délaisse…

Je te hais ! Mes regrets, eux, n’en sont pas si sûrs…

 

 

Adieux

 

Que j’orne mes soupirs de chapelets de lunes

Egrainés chaque soir d’une main par le vent

Impur, taché du son d’un fou rire innocent

Et d’un accent de fleurs d’oranger sur les dunes ;

 

Que je foire tout, champs de ruines, multitude

Ravagée au matin magique et grand jailli

Du profond désespoir… chantonne et je palis

Pour enfin disparaître, si je ne t’élude…

 

Que j’apostrophe un ciel fichu d’évanescence

Pour toi, que je l’incline à tes désirs jaloux :

Toute étoile ou soleil t’adore à deux genoux

Si moi je le décide, ordre dont j’ai la science ;

 

Que je fuis ! Par la mer vide de mon enfance

Afin d’y déterrer ce cœur enseveli

Sous un monceau de corps de femmes et de lys,

Le retrouver battant, puis que tout recommence !

 

Ton nom pleut sur la lande où s’agite et s’amuse

Elia, l’oiseau rare à l’envol foudroyé

Vêtu de cent couleurs, le prodige choyé

Par les vœux du poète et les bras de la muse.

 

Ton nom dévastateur achemine l’ivresse

D’insolubles passions, de wagons rattrapés

Pour d’ultimes adieux, qui s’éloignent, happés

Par l’horizon grouillant de semblabes promesses…

 

Ton nom parfois s’invite au festin de mes rêves

Et je lui dis : « Mange mon âme, c’est offert ! 

Prends, mais ne me suis pas… ma route est pour l’enfer

D’où je viens à pas lent : où je suis né je crève. »

 

Ton nom dont chaque lettre est un graal écarlate

Fluidifie et borne un peuple de torrents,

Ici des fleurs sans noms piégées par les courants,

Là ton reflet d’avant qui stagne dans l’eau plate.

 

Je n’écris plus ce nom sans qu’une violence

M’étreigne et me dévore et que du sang des mots

N’en naissent d’autres, noirs, d’infâmes animaux

Que je dresse à t’aimer du fond de leur démence.

 

Je n’écris plus ce nom sans l’étrange sourire

De l’homme satisfait d’être en mille morceaux,

D’être à terre, vaincu, frère des bons pourceaux

Que l’aube sur la fange épanouie admire.

 

Je t’offre, Enzo, quelque ange en place sur l’épaule,

Qui te protégera, fidèle et averti

Que le monde est en guerre et s’aime perverti,

Que dans le drame humain tu trouveras ton rôle.

 

Nolwenn c’est là que tout l’univers nous sépare,

C’est à ces derniers mots que nos doubles chemins

Vont aux lieux opposés, dernier signe de mains…

Nul pleur n’a corrompu la grâce des mouchoirs…

 

 

Renaissance.


 

Nolwenn, pays de fleurs à tout jamais perdu,

Je n’aurais sillonné de toi que les dédales ;

Dans l’éternelle nuit la poursuite d’un but

Me convoyait aux pieds de ta princesse : Omphale.

 

Puis-je me pardonner d’avoir été si loin 

Et d’être revenu mort de cette escapade ?

Oui je peux ! Les amis je suis mort avec soin

Pour un peu de chaleur : une seule embrassade…

 

Mais le poème immense de tout l’océan*

Par un reflet furtif dévoila son visage 

-Le véritable- puis soigna mon cœur béant

Pour me jeter en vie au sable du rivage.

 

Je ressuscite… Il est un plus plaisant soleil

Que le feu falsifié qui consumait mes lèvres

Au gré sûr d’un baiser inflexible et vermeil ;

Il est dans nos pays sacrés de tendres fièvres…

 

Oh ! La douce douleur d’adorer me revient

Avec tout : ma maman qu’assiègent tant de larmes…

Oh ! Les filles à qui j’accorderais du chien !

Oh ! La ville au printemps et ses milliers de charmes !

 

Mais dans nos nations splendides d’effarés

Les amis l’on ignore cette île amoureuse

Où je me suis, naïf et confiant, égaré

Sans vivres, du poison d’or en intraveineuse.

 

Pour la cartographier il faut plus d’un amant

Mais ce que j’ai pu voir, cerné par les jumelles,

C’est qu’un séisme ouvrit ses veines de diamant

Et que même les monts en son sein étaient frêles…

 

J’ai pu voir la prairie où cet autre que moi

Encore se pavane et s’allonge à son aise,

C’est un paradis blanc dont je ne fus ni roi

Ni valet… qu'un regard aimant que l’amour biaise!

 

Mais c’était le verger des dieux entr’aperçu…

Pour un fruit, mûr ou vert, j’aurais donné ma vie

Puis, malin, j’ai compris sans l’avoir jamais su

Qu’il aurait moins de goût qu’une goutte de pluie.

 

Alors me revoici sur la rive des mots

Invincibles, ceux qui charmèrent  vos épouses,

Ceux que j’invoque de la crasse des caveaux

Face aux fleurs sans parfum de cette île, jalouses. 

 

 

 

Conclusion.

 

 

Partant de cette rive où l’écume est de jais

Déjà persuadé que le monde est en fête

Tant que flambe à son toit le vœu flou que j’avais

Je reprends le chemin de rage et de tempête.

 

Le monstre que j’aimais danse encore à mon bras…

Il m’a rejoint, plus beau que la mort et le vide

Entrelacés, suant, chauds dans de mêmes draps

Et son nom l’a rejoint : le fluide Adélaïde.

 

Accouplés sur la poudre affable du chemin

Dans notre nudité qui tremble et se questionne

Un monde sans pitié sanglote entre ses mains

Car je suis tout pour elle et je ne suis personne.

 

« Allons, mon amour, sous le ciel endimanché

Rattraper l’enfant roi qui galope, en mémoire

De la demi-déesse à mon chevet penchée

Au jour de ma naissance, au déclin de ma gloire. »

 

Lui dis-je, mes amis la rive est déjà loin,

Devant nous s’ouvre et s’offre une plaine nouvelle,

Il y fait si bon vivre et tous les gens du coin

Veillent au portillon sur mon cœur et sur elle.

 

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 09:58

Adieux

 

Que j’orne mes soupirs de chapelets de lunes

Egrainés chaque soir d’une main par le vent

Impur, taché du son d’un fou rire innocent

Et d’un accent de fleurs d’oranger sur les dunes ;

 

Que je foire tout, champs de ruines, multitude

Ravagée au matin magique et grand jailli

Du profond désespoir… chantonne et je palis

Pour enfin disparaître, si je ne t’élude…

 

Que j’apostrophe un ciel fichu d’évanescence

Pour toi, que je l’incline à tes désirs jaloux :

Toute étoile ou soleil t’adore à deux genoux

Si moi je le décide, ordre dont j’ai la science ;

 

Que je fuis ! Par la mer vide de mon enfance

Afin d’y déterrer ce cœur enseveli

Sous un monceau de corps de femmes et de lys,

Le retrouver battant, puis que tout recommence !

 

Ton nom pleut sur la lande où s’agite et s’amuse

Elia, l’oiseau rare à l’envol foudroyé

Vêtu de cent couleurs, le prodige choyé

Par les vœux du poète et les bras de la muse.

 

Ton nom dévastateur achemine l’ivresse

D’insolubles passions, de wagons rattrapés

Pour d’ultimes adieux, qui s’éloignent, happés

Par l’horizon grouillant de semblabes promesses…

 

Ton nom parfois s’invite au festin de mes rêves

Et je lui dis : « Mange mon âme, c’est offert ! 

Prends, mais ne me suis pas… ma route est pour l’enfer

D’où je viens à pas lent : où je suis né je crève. »

 

Ton nom dont chaque lettre est un graal écarlate

Fluidifie et borne un peuple de torrents,

Ici des fleurs sans noms piégées par les courants,

Là ton reflet d’avant qui stagne dans l’eau plate.

 

Je n’écris plus ce nom sans qu’une violence

M’étreigne et me dévore et que du sang des mots

N’en naissent d’autres, noirs, d’infâmes animaux

Que je dresse à t’aimer du fond de leur démence.

 

Je n’écris plus ce nom sans l’étrange sourire

De l’homme satisfait d’être en mille morceaux,

D’être à terre, vaincu, frère des bons pourceaux

Que l’aube sur la fange épanouie admire.

 

Je t’offre, Enzo, quelque ange en place sur l’épaule,

Qui te protégera, fidèle et averti

Que le monde est en guerre et s’aime perverti,

Que dans le drame humain tu trouveras ton rôle.

 

Nolwenn c’est là que tout l’univers nous sépare,

C’est à ces derniers mots que nos doubles chemins

Vont aux lieux opposés, dernier signe de mains…

Nul pleur n’a corrompu la grâce des mouchoirs…

 

 

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