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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 00:23

Comme quoi

Ou la conclusion.

 

 

Comme quoi le tranchant effleurant le poignet

Te guette - la faucheuse avance en moissonneuse

Batteuse, comme quoi le ciel est tristounet

Au regard en faillite et bleu d'une pleureuse...

 

Comme quoi l'amertume enveloppe un passé

  Boursouflé de remords, comme quoi tout s'effondre

Un matin anodin dans l'odeur du café,

Comme quoi le brouillard tamise déjà Londres,

 

Comme quoi comme toi j'aime et je désespère,

Comme quoi l'autre jour je saignais des deux poings,

Comme quoi l'oiseau déferlant dans l'atmosphère

Trouve un enfant pour lui donner les premiers soins,

 

Comme quoi dans les bras de la vertu perdue

S'endort le géniteur de cruautés sans nom,

Comme quoi ça peut être au détour d'une rue :

L'accident ou l'amour sailli par des talons,

 

Comme quoi, tu sais, le métro passe et repasse

Ainsi que les jours vains que lamine l'ennui,

Comme quoi la fleur de notre âge se ramasse

-Toi que j'élis – au fond de la chaleur d'un lit,

 

Comme quoi s'appareille, au creux de notre dos,

Tout un grand système de poids désirés, comme

Quoi sous le porche un homme, un affreux, un clodo

Est, avides harpies, évidemment un homme,

 

Comme quoi, pirate au perroquet déplumé,

Le vieux Mac-machin-chose, installé sur sa proue,

Coule avec son navire, une pipe allumée

Aux lèvres, comme quoi le Cerbère s'ébroue

 

En sortant de la mer de défunts en errance,

Comme quoi le citron, la cuillère et le feu

Ne font pas bon ménage aux mains de la souffrance,

Comme quoi l'on se perd à trop se prendre au jeu,

 

  Comme quoi jamais l'or n'achètera la branche

Où, d'un cœur tatoué par deux heureux prénoms,

Jaillit la fleur de sang dont la corolle est blanche,

Comme quoi tel dieu meurt avec son Parthénon,

 

Comme quoi, sale et mou, sur la langue, le fruit

De la débilité nous fait parler sauvage,

Comme quoi cette étoile au sein de cette nuit

Ravive en moi son nom, son secret, son visage,

 

Comme quoi l'éveil des incandescences floues

A l'aube de l'année envenime un cerveau,

Comme quoi le chasseur qui flaire le grand loup

S'en fait un frère d'âme et vit le renouveau,

 

Comme quoi la maman aimante dont les bras

Calmeraient la folie et la fureur humaines

En un quart de seconde aime un enfant ingrat,

Comme quoi seul Orphée méprise les sirènes,

 

Comme quoi cataracte au fond de nos poitrines

Le poison banni quand paraît la tentation,

Comme quoi tout se vend qui hante les vitrines,

Comme quoi le sérum contracte l'infection,

 

Comme quoi, trahi par tout un peuple d'ami,

L'homme franc s'en retourne à l'exil de naissance,

Comme quoi la mère au foyer lutte parmi

L'ascension des pleurs et du prix de l'essence,

 

Comme quoi, pauvrement, on s'essaie à l'ouvrage,

Comme quoi, camouflé, l'épouvantable éclair

L'air de rien pour la terre habite le nuage,

Comme quoi l'on brisa le fer avec le fer,

 

Comme quoi la structure arborant la forêt,

Pleine de cris d'oiseaux et de songes d'insectes,

Frétille et sait se taire au bruit que tu connais ;

Celui du pas de l'homme aux cadences suspectes,

 

Comme quoi, dans l'horreur des mille sacrifices,

Le soldat tremble et doit, comme quoi le sacral

Et sacramentaire ordre des grands artifices

Traine, sous la semelle, un gravier sépulcral,

 

Comme quoi sous notre œil se terre un univers,

Comme quoi je n'attends plus de toi cette lettre

Qui fait écho violent aux notes de mes vers,

Comme quoi nul ne vainc le souffre et la salpêtre,

 

Comme quoi le bombyx en son filet de soie

Sent l'aiguille arriver, comme quoi l'éternel

Souvenir des serments un lendemain se noie

Dans une mer jalouse, écumeuse et rebelle,

 

Comme quoi l'âpreté des vérités déboule

Sur les cœurs de porcelaine hypertrophiés

Telle un char, comme quoi la pluie, au loin, s'écoule,

Erafle les iris et peuple les glaciers,

 

Comme quoi le soleil entaille les kumquats

Dans le jardin d'Orient fleuri de jasmins rouges,

Dès que l'aurore éclaire, au dessus des combats,

L'arbre de liberté, dès que le monde bouge,

 

Comme quoi vaguement se métamorphose un

Protée à deux euros, dans le trouble d'une ombre,

S'apprêtant à mourir par la corde de lin,

Comme quoi la raison c'est la force du nombre,

 

Comme quoi l'épaisseur de la chape écarlate

Au dos des doux rêveurs a clairement rompu

Le nerf des ailerons, c'est ainsi qu'ils s'abattent

Sur le macadam des grands centres corrompus,

 

Comme quoi le voleur de charmes à la tire

Séduit sans états d'âme une pucelle tel

Qui n'a jamais aimé sait beaucoup mieux le dire,

Comme quoi l'on survit au mal-être immortel,

 

 

 


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