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4 décembre 2009 5 04 /12 /décembre /2009 16:54
Chronique du temps - Les villes.






Vint un temps d’émulsion et de bouillonnement,
D’hommes qui, par milliers, se répandaient des plaines
Aux rives dans un primordial fourmillement
De têtes chevelues et de boutons de laine.

A la lueur des feux les clans s’amoncelaient,
Se démultipliaient pour mieux se diviser,
Se scindaient en enclos, en maisons, en palais,
En châteaux, en gourbis en hâte improvisés.

Là où la bonne terre et l’excellent climat
Se mariaient sous le ciel pour une vie paisible
L’homme sur la nature attesta son primat
Et sa fragilité en quête d’invincible.

Le
chaume et le granit prônèrent sur le bois
Une domination par le feu et le fer
Et au sol des cités mille chemins de croix
Furent tout indiqués par des allées de pierre.

Elle était érigée ; la race intelligente!
Elle poussait son pue de rues et boulevards
Hors des champs ravagés de façon diligente
Et des forêts tranchées ; son pue riche et avare!

Son pue de marbre et d’or, de murs étincelants!
Ses sombres avenues aux parois écarlates
Et ses places, ces lieux où vont, s’amoncelant,
Les hommes divisés auparavant, en hâte!

En hâte Uruk l’antique! En hâte Ur et Mari!
En hâte Babylone au pays sumérien!
Car dans le temps réel à l’univers tarit
Les millénaires neufs sont peu ou ne sont rien.

Donc en hâte l’humain érigea sa superbe
En des espaces clos de diverses manières
Aux crocs des prédateurs, aux glaciations acerbes,
Aux vents de maladie, aux hordes meurtrières.

En aucun temps Neptune offrit un beau cheval
Que l’homme refusa pour un olivier mûr ;
A Minerve rendant sa bonté triomphale
Et d’Athènes poussant les colonnes et murs.

Aucun temps où, jumeaux d’une semblable louve,
Romulus et Remus placèrent Numitor
Au trône légitime. Aucun temps que l’on prouve
Où Rome vît Remus emporté par la mort.

Les collines par sept couronnant ces deux villes
En aucun temps n'ont vu naître les maisons closes
De la main d'un seul homme inlassable et habile
Ou même d'un seul dieu en mal d'apothéose.

Elles ont vu, par contre, un grand fourmillement
D'esclaves, d'ouvriers, d'architectes, de rois,
De prélats, de catins et le scintillement
De la sueur au front et du sang aux parois.

Uruk également a vu tomber les hommes
Érigeant leur superbe et leur domination
Assoiffés et brisés. Il fut un temps où Rome
Enterrait les romains dessous ses fondations.

Et des siècles après les plus grands édifices,
Reposés sur les morts de dix générations,
Pouvaient toiser le ciel, égaux en sacrifice
De l'autel des cités à celui des nations.





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