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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 08:11
Incantations - IV :
L'incendie.




Qu'il ne reste que cendre et sanglots vaporeux
Des avenues, des monts, des plaines, des forêts,
Des étages derniers, des recoins d'amoureux
Et des tombes jonchées de fleurs et de regrets!

Que l'ombre disparaisse à travers la flambée!
Qu'un lierre rouge, avide, acharné et véloce
Rampe sans direction pour toute l'absorber
Sans avertissement comme un soleil précoce!

Le vieux chêne et le buis ensembles dans la braise
Sont confondus comme ils ne l'ont jamais été ;
Le chêne paternel s'effondre dans son aise
Et le buis dans sa gêne a le bois effrité.

La jungle et la forêt sont pillées de l'empire
De loups et d'arbrisseaux, de baies et de dryades,
Hérité de Gaïa dans son premier soupir
Par ce lierre barbare aux rouges embrassades.

De leur legs il ne reste au sol que de la cendre ;
Des arbres éternels du charbon pailleté,
Des antres des boas, des noeuds de scolopendres :
Une poussière grise, acide, inhabitée.

Et le lierre s'étend, se répand sur les plaines,
Tour à tour, une à une enflamme leurs brindilles,
Les taureaux et les vaches aux mamelles pleines
Avec les troupeaux fuient, l'épouvante aux pupilles.

Il se répand aussi sur les dénivelés,
Sur les flancs des monts il fleurit ses grandes flammes,
S'il ne peut atteindre les cimes gelées
Il fera le contour du sommet qu'il entame.

Il serpente à travers les massifs inconnus,
Escalade en fumant le front abrupt des chaînes,
Effleure les ravins et caresse les nues
Et éteint la croissance des montagnes naines.

Des massifs il déferle, incandescent et brut,
Sur la panique inerte affichée aux visages
De la race de l'homme assistant à sa chute,
Brûlant dans ses rameaux, mourant dans ses branchages.

Les carcasses de cars rougeoient et les maisons
Sont autant de semis d'où germent des foyers.
Dans ce chaos ardent fiévreux de déraison
Une voix retentit : Appelez les pompiers!





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