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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 06:44
Un 31 décembre .


Dans la ville endormie, à l'ombre des regards,
Dans les bras de l'hiver et dans les mains du givre
Il s'était installé dans un recoin de gare
Et murmurait au mur, abandonné et ivre,

Ses mots coulaient le long de sa barbe en broussaille.
Quels joyeux souvenirs lui montaient à la tête?
Ceux d'un autre destin que celui de piétaille
Ou ceux de son enfance et de ses jours de fêtes?

Ou quel vain regret vint percuter son cerveau?
Celui du glissement de la meute à la marge
Ou du premier sommeil au creux d'un caniveau,
Attendant que la pluie l'emmène loin au large?

S'est-il dit qu'un matin, enfonçant le brouillard,
Une main
douce et fine se tendrait vers lui,
Et, la brume en bandeau comme à colin-maillard,
L'emporterait soudain vers un chaud paradis?

Quand est-il descendu sur le chemin d'Orphée?
Lui a-t-on trop donné ou lui a-t-on trop pris?
Quand l'a-t-on de fortune et de brun  décoiffé?
S'est il voulu plus libre? En a t-il su le prix?

Pas de soirée télé ni d'abrutissement,
Ni les cent pas en rond de l'amoureux d'ennui,
Ni d'un couple la chute ou l'accomplissement ;
Cette nuit pour cet homme il n'y eut que la nuit.

A l'aube l'ambulance ou un long nouvel an.
Pour l'heure il murmurait au mur devant sa face,
Qui avait meilleure ouïe que la plupart des gens ;
Les rêves, les regrets, et les maux de sa classe.

Le lendemain on su qu'il avait disparu.
Disparu! Carrément! Sans affaires ni corps?
Ses deux gros baluchons, son fond de vin bourru,
 Et lui ; où étaient-ils?
Jetés au lac, et mort.




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