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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 22:11

Enfer et damnation.

Fable immoralement morale.

Damnation_by_BlasphemedSoldier.jpg

 

(Sur la lande, éloigné des lieux de pendaisons

Inutiles, il va vers où le vent le porte,

Sous le scintillement céleste des tisons,

  Aux avant-bras le corps de la fillette morte.

 

Elle n'a pas lutté contre les autres, claire

Étoile du matin belle de dénuement

Dont, bleue et d'émail pur, la prunelle s'éclaire

Un peu plus à Noël disparu, tendrement...)

 

I

Ceux qui pleuraient, hier, sur leur sort, les poumons

Suffoquant, le cœur plein d'hémoglobine louche,

Résultent de l'horreur muette des démons

  Invinciblement là ; de la rue à la couche.

 

Cortisone d'enfer,  la belle apoplexie

Passa quand l'heure obscure où la rapacité

Des chiens des nuits sans fond tomba : la galaxie

Des spectres inconnus, noirs et décapités.

 

II

Elle a rêvé des arcs d'éther et de carats

Multipliés sur le champ de roses que garde

L'Éros du premier jour allongé dans l'aura

D'une ombre près d'un fleuve où l'aube se regarde.

 

Elle ne dormait pas quand le soupçon d'un ange

Lui murmura ces mots : «  Toi, source de candeur,

Tu gouteras le sang écarlate et la fange,

-En larmes- des bourreaux que génère la peur. »

 

III

Et les harpies, parfois à serre-tête d'or,

Perdent leurs ongles si vernis, si beaux, si lisses

Avec des cris divins et des mouvements fort

Brusques ; ils saignent les doigts chargés de délices.

 

Jadis bagués, les doigts faits pour cacher les lèvres

Où s'animait le faux scandale, les rumeurs

Célèbres, où germaient ces paroles mièvres

Qui croissent dans la ville en formes de tumeurs.

 

(Sur la lande, éloigné des lieux de pendaisons

Inutiles, il va vers où le vent le porte,

Sous le scintillement céleste des tisons,

  Aux avant-bras le corps de la fillette morte.

 

Elle n'a pas lutté contre les autres, claire

Étoile du matin belle de dénuement

Dont, bleue et d'émail pur, la prunelle s'éclaire

Un peu plus à Noël disparu, tendrement...)

 

IV

Lui c'est le poète aux couleurs de perroquet

Sauvage, il a trouvé la fillette couchée

Dans la fange et le sang, un petit bilboquet

En mains, par mille jets de pierres amochée.

 

Alors il l'a portée au delà des arômes

Putrides qui fumaient autour du corps gelé,

Et sa robe alourdie par l'urine des mômes

Fut laissée là, débris d'une beauté fêlée .

 

 

V

I__m_Still_a_Child_by_BenHeine.jpg

 

Les mômes, eux, pendants aux liens des balançoires

Comme du linge mort que ballotte le vent

  - S'écoulent de leur nez des fils de morves noires -

Sont pris d'un rire bête, infini, délirant.

 

Leurs baskets sont farcies d'insectes puants dont

Les mandibules suintent un puissant curare,

Leurs rides ont figé d'ineffables pardons,

Quelquefois l'un d'entre eux sursaute du regard.

 

VI

Il la vêtit avec des mots sacrés, des phrases

Qui, tombées dans l'oreille avide des bimbos,

Les auraient fait mourir fidèlement d'extase,

Il l'habilla de pleurs et de fleurs de tombeaux.

 

Il maudit les auteurs du crime, il approuva

Les promesses du diable, il emporta la gône

Jusqu'où l'humain ne peut poser le premier pas

Pour l'enterrer selon les rites de la faune.

 

Sous le grand ravinale où dorment des colombes

Il bénit la fillette avec un truc en plus

A l'infime vécu dans son infime tombe

Vengée. en paix. Le ciel la couvre d'angélus.

 

(Sur la lande, éloigné des lieux de pendaisons

Inutiles, il va vers où le vent le porte,

Sous le scintillement céleste des tisons,

Aux avant-bras le corps de la fillette morte.

 

Elle n'a pas lutté contre les autres, claire

Étoile du matin belle de dénuement

Dont, bleue et d'émail pur, la prunelle s'éclaire

Un peu plus à Noël disparu, tendrement...)

 

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commentaires

S
<br /> Un poème sombre, puissant, épique ... Magnifique ! Toute mon amitié.<br /> <br /> <br />
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