Charlemagne a passé sur ses terres où churent
L’intensité du ciel et le don de la muse
A cent bras Me voici français du manuel
Avec mes cheveux noirs et crépus nœuds d’ébène
On dira que la Beauce est une longue vue
Que la Bretagne entonne une chanson de fête
Un chti de Charleville a tout réinventé
On le voit à Marseille il contemple la mer
Mais ce n’est pas tout crève au milieu des bouquets
De cyclamens Paris si tu savais mon nom
Révèle-toi poubelle en qui pourrissent formes
Désaccordées le foie et le cœur du poète
Moi j’avais quatorze ans Biarritz au bord des yeux
Mais tout au fond le deuil le deuil exténué
Maman est morte a dit maman je ne sais pas
France si tu m’as vu poignarder son enfant
Et te déchiqueter de mes mains difficiles
Avant de me brûler aux feux de Salamanque
Pour apprendre à t’aimer j’ai dû te dire adieu
Adieu Savoie il neige il neige il a neigé
A mon retour la France était noble et féconde
Ventre immense de femme acquise littéraire
Au possible fardée une révolution
L’avait faite princesse en son art des Narcisse
Puis l’on te crachera dessus les allemands
T’auront fait consentir au viol de ton âme
On y peut plus grand-chose on a beaucoup pleuré
Fleur que tu es jaillis de l’ombre de l’Histoire
France c’est en ton nom que la phrase est jolie
Qu’elle est subite et vient de l’étude sans nuit
Sans jour et sans parole et c’est le joyau pur
C’est l’absence de sens par qui le Sens arrive
Lisons Jean Pollonius un soir d’aout enfumé
Tout près de la rivière et du feu qui s’affole
Ne sommes-nous pas bien France toi moi les seuls
Sous la loi d’une étoile à rebâtir le monde
On a sangloté sous les doigts d’Emmanuel
Poursuivre le chemin des sonates danser
France une valse un break puisse la mort s’ensuivre
Mort de la France ou mort du dernier Chabrier