Lune aux yeux sans pareils qu'un miroir éblouit
Regarde-moi : je parle aux morts m'aimant de nuit...
J'ai trop de mots pour eux que les choses vivantes
Ne comprennent qu'au fond des ombres qui les hantent.
Des mots lourds de douceur, des mots inachevés
Jaillis de cet amour navré, mal élevé,
Que je voue au parfum dont la moindre caresse
Nasale me protège et m'enivre et progresse
Jusqu'où l'âme est si pure et meurt étrangement.
Ce même lieu de l'âme où le dérangement
Est roi des tyrannies, roi déposant des lèvres
Jolies sur mon sommeil, monceau perclus de fièvres,
Pour d'infinis baisers sans arrêt m'adoubant
Enfant triste tantôt puis danseuse au ruban
Sous un dôme doré qui décore de grâce
L'immense chambre vide où ce roi fou ramasse
A l'aide de ses dents mes rêves repliés.
Lune sinon tes yeux j'ai si peu d'alliés
Sur la Terre... Au lointain les étoiles vont, vaines,
Vers un néant très sûr, quelques chemins les mènent,
Chemins où nos cerveaux se perdent au début.
Lune vois mon sanglot qui vole quand j'ai bu !
Vois-le, volant, ailé par le bruit de mes chaînes...