Le poète :
Inévitablement perpétuer l'amour
Arraisonné par tout ce qui te rend plus belle
Que la divinité qui baigne au petit jour*
Dans l'Océan du Monde et la Honte éternelle
La honte que fait l'homme à tout ce qui fut beau
Sous une seule étoile à l'aurore des choses
La Mort tu sais rêvasse et déjà son corbeau
Ombrage le jardin des romances écloses
Cette inique ironie arrêtée à ton rire
S'efface dans le vent qui s'enfuit de tes lèvres
Ainsi ne parlons plus de vivre ou de mourir
Il faut boire au goulot l'excellent de nos fièvres
Coule sur mon chagrin toi mon ange indécent
A grands flots nuit et jour Innommable rivière
Des parfums, des saveurs! Tant que monte et descend
Le désir qui me tord, me mord et te rend fière.
La muse :
Effaré fulminant que peuple l'Idéal
Je te reconnais bien dans l'or et dans l'emphase
Moi, ta destination sous le ciel boréal
Au sommet de la terre... A la fin je t'écrase.
Tu vas sans l'ignorer vers le gouffre en chantant
A tire-larigot à pas de petit prince
Tout est lyre qui vibre et rien n'est important
Et la vie ici-bas n'est qu'un œil qui se rince
Je te reconnais bien et je t'aime en retour
Pardon si je t'étrangle à l'heure d'insomnie
Lors du rêve éveillé sois cet enfant qui court
Afin de mieux se fuir vers ailleurs qui le nie
Nuitamment s'acharnant à me faire exister,
Poète au seul moment où ton doigt me caresse
Ivre de solitude et sans autre alité,
Tu m'aimes ! Je ne veux ni trêve ni maîtresse.
L'homme :
Fou navré d'être en vie ailleurs que dans les vers !
Folle sans corps marqué que l'hiver ensoleille !
Laissez-moi vous haïr du fond des vétivers
Au joli ras du sol d'où s'épand la merveille
La merveille des mains qui cherchaient le frisson
Sur la peau... sur la peau ! Car vous n'en savez guère
Plus que deux, trois galets causant à l'unisson
Sur l'amour vrai qui tue et se déguise en guerre
Vous ne savez plus rien vous clamant immortels
Vous assujettissez les lois sentimentales
Au gré du joli mot Vous n'êtes qu'irréels,
Grelottant dans vos draps à songer aux vestales
Laissez-moi donc cueillir la douceur d'être là
Sans rêve d'absolu, de la phrase parfaite,
J'aime mieux pour le soir les courbes d'Ornella
Plutôt qu'une invention parfaitement abstraite.
La femme :
Fou navré que je sois faillible comme lui !
Folle trop maquillée et que vêt le mirage !
Être sans qualité me désirant de nuit !
Que puis-je être à vos yeux sinon tout un orage ?
M'ayant divinisée un poète n'est plus
Qu'un problème égaré que nul ne peut résoudre
Un rêveur sans pénis qui jouit de s'être lu
Un petit gars sans rien sinon le monde à coudre
Muse mon adversaire au tournoi des tyrans
Je vainc sans coup férir au delà de la lettre
En deçà tu me vaincs par tes teints délirants
Me mimant... mal mimant ce que je ne peux être
Homme chagrin le soir de toujours se toucher
Qui voudrait m'habiter me vivre et se confondre
Pour le soir, tu l'as dit, vous dîtes : cartoucher !
Pour désigner l'instant où mon cœur a pu fondre.
Le réalisateur :
Coupez ! C'était joli ! C'est le jeu des vivants
Que de s’entre-tuer et d'hurler que l'on s'aime !
Le poète :
Fleur de nacre nourrie au rêve survivant...
La muse :
Je suis l'impératrice à l'étrange système...
L'homme :
Une bière.... Ornella... ne pas être trop mort.
La femme :
Aime-moi pour toujours sans ton imaginaire.
Le réalisateur :
La scène est bonne ! Allez boire au bistrot du port !
Et puis rhabillez-vous vous êtes l'âme à l'air.
THE END...
Dans le rôle du poète : Un gars avec des cheveux longs sous mescaline (le gars pas les cheveux).
Dans le rôle de la muse : Un hologramme d'Audrey Hepburn fusionnée avec une nymphe ou une bestiole de ce type, mythique.
Dans le rôle de l'homme : Francis Huster
Dans le rôle de la femme : sûrement qu'elle s'appelle Ornella quelque chose, on en sait pas plus sur cet être mystérieux.
Dans le rôle du réalisateur : le réalisateur.