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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 21:23

Alméïade.

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I

Petite de fleur de gel dans la plaine de sang,

Caresse où je revis ; ma réanimatrice !

Un pleur d'ange vaincu recèle la matrice

De mon âme : lys noir, sans feuille, obsolescent.

 

Voyez-vous quand l'Almée au visage indécent

Imprima sur ma joue gauche une cicatrice

Couleur bouche joueuse en mineur, saltatrice,

J'ai versé du sel rouge et du citron dedans.

 

Et c'est depuis ce jour, sous Orion, que je dors :

Couché sur cette mer où plongent les grands phoques,

Murmurant à l'étoile un profond soliloque.

 

J'ai vendu mes secrets avec mon or – en lots,

Aujourd'hui je m'ignore et j'ignore ma race ;

Il n'est plus qu'un baiser, un gouffre sur ma face.

 

 

II

Il n'est plus qu'un baiser, un gouffre sur ma face,

Pour que je pense à toi si la nuit se sépare

Du jour, que tu n'es plus qu'une tombée de fard

Qui s'abat, tristement, sur le sol, et s'efface.

 

Du lieu du premier deuil aux hauts cris sur la place

Qui n'entend pas gémir ton prénom, dans les gares,

Dans les cafés, parfois jailli d'une guitare ?

Toi, la délicieuse et plurielle ; la garce ?

 

Je te connais, l'Almée, car tu dansais pour moi

Jusqu'à t'évanouir dans les fleurs balsamiques

En m'appelant  ton fils, puis tu tendais les doigts,

 

Tous illuminés par une flamme ironique.

Mais sais-tu seulement qui t'aime à en mourir

D'avoir vu cette flamme folle et fière rire ?

 

III

D'avoir vu cette flamme folle et fière rire

Les dieux qui se penchaient sur la terre en sont morts ;

Ils étaient beaux, leurs yeux de marbre nimbé d'or

Nous regardaient passer, en marche pour le rite.

 

D'avoir vu scintiller le feu mourut l'élite

Comme les magiciens : combien de Garcimore

Furent au bout de la file des choéphores ?

L'Almée, ne pleure pas... Tu n'as pas à me lire.

 

Moi le singe poète - eh ! piètre sentinelle !

Tu n'as pas à me croire. Aux neiges éternelles

Les petites raisons meurtrières d'humains !

 

Nous revoici tous deux, l'un et l'autre devant...

Pour que ton baiser brûle encore mets ta main,

Petite fleur de gel, sur ma plaie, sur mon sang.

 

 


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commentaires

S
Absolument magnifique, Hippocampe ! Grandiose ! Toute mon amitié.
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A
Très beau poème, superbe musique, richesse des idées et des mots.<br /> J'aime beaucoup.
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H
<br /> <br /> Merci infiniment Anémone !<br /> <br /> <br /> <br />