Liar.
Par La morte
Les salives salées des garces levantines
Humectent, souvenir suintant, l'instant de paix
Qui précède, au delà des larges parapets,
Ma chute, je revois l'or blond de ces poitrines
Où je posais mon front,
Tel. Oui sur de l'or blond
Les poils roux de Marie
Claquaient, vagues de feu, contre mon Icarie.
Mais je vous mens : La femme est un soleil lointain
Qui luit sans mon regard, et je suis aphélie...
Je me l'invente en rêve ou dans l'art, embellie ;
Une idée en jupon : voilà mon seul butin.
Où déposer mes lèvres ?
Le prince des orfèvres,
En un joyau damné,
A-t-il fondu ce cœur d'argent désincarné?
Mais je mens de nouveau car elle est revenue
La première, la seule, un jour rose, oublié ;
Caprice du destin - Mobïus délié.
Je la revois encor dormir à demi-nue.
Sur les hauts monts de gneiss
C'était une edelweiss
Au millier de pétales :
Les fleurs rares, d'hiver, ne me sont pas vitales.
Mentirais-je ? J'ai cru que nous serions époux...
Aux clairons du dieu mort lui passer l'alliance,
L'aimer, la détester, l'aimer, sans différence,
Faire de beaux enfants puis leur léguer mes poux.
Et si ce n'est pas elle
Je veux une pucelle
Qui m'aimera toujours,
D'une beauté modèle, à gagner des concours !
Et c'est mentir aussi que d'affirmer ce comble :
Je ne veux rien de plus que des amours sans nom,
La main frôle, un baiser ne produit aucun son ;
Dans l'ombre et le silence un doux manque se comble.
C'est la modernité :
Un peu de liberté
Préservant le mystère
Qui s'évade au matin de la couche adultère.
Je mens ? C'est vrai : je veux tout sacrifier pour l'art,
Sur l'autel ascétique entreposer ma vie,
Sans besoin, sans passion, sans chagrin, sans envie
Lire des contes, lire Ovide et Bachelard.
Faire des métaphores
Sans but jusqu'aux aurores,
Ne vouloir éviter
La prison personnelle à la perpétuité !
Non je crois au plaisir , les mensonges s'ajoutent
Et je ne perçois pas de vérité, l'instant
De paix se finira, décès inélégant,
Au creux des récifs noirs dans un éclat de gouttes.
Je frissonne et je mens...
Mentir a fait son temps
Donc qu'un frisson, l'ultime,
M'achève, moi : vivant que le mensonge anime !
Mourrais-je ? Non : Je mens.
Par ShadoW-57