Suite sans thême.
Adieu le monde ! Adieu le sang gâché du Christ !
Défunt premier hiver ! Rives de plénitude !
La solitude aura le dernier de mes cris ;
Preuve ardente. Ô décès ! brûle béatitude !
Je lâche et le baiser volé parmi le soir
Et l'outre sanglotante en qui coule la brume,
N'allez pas où je suis, désireux de me voir
Dans les volutes bleues flotter comme une plume.
Semblant de mort astrale et belle, boulevard
De fleurs et de statues représentant les reines
Qui n'ont su que mourir par amour : pur hasard,
Vieil arracheur de dents, perle parmi les peines.
Je vole ivre et me perds, un jour je serai loin :
Assez loin pour ne plus voir se faner les roses
Car je me suis trop tu, serrant mon petit poing ;
Mon cœur n'a pas subi le viol des portes closes.
Je n'ai rien dit : orgueil d'un môme de Tana
Qui sent fondre sur ses pommettes argentées,
Pour source deux yeux noirs lourds de marijuana,
Feues ses illusions, mortes accidentées.
Et je ne dirai rien, malfrat de l'âme amer,
Sous les lampes du ciel avide de prières !
Rives de plénitude et premier hiver
Adieu, je vous salue à chaque anniversaire.