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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 23:16

Aux bouts

ou

En pièce.

 

 

Dialogue avec la foi.

 

Elle m'a dit : «  Pour toi les vierges sur la nappe

Allongées, le repas des ogres balatrons :

Chacune statuaire et, leur brisant le front,

Des couronnes de rose-thés, de fruits en grappe,

Si tu daignes, mortel, boire de mon parfum. »

 

Aurais-je répondu : « Pardon, rêve défunt ?

Lie aux yeux de velours agités, folle dingue

Qui fut évacuée du ciel nue à jamais

Je te hais, meurs ici de mes mains ; ni de mais !

Sombre, chagrin gratuit, n'émets aucune plainte.

Cruelle, qu'une armée a fui, qu'un péché tue,

Retourne dans les cieux, et pleure la vertu ! »?

 

Le rendez-vous manqué.

 

Faux lecteur, que de temps à tabasser ma lyre !

A chercher la putain que je pourrais élire

Mon animal perdu, ma sœur de charité !

Des mains d'enfant soigneux, des lèvres qu'on déchire,

Une voix sans parole et ce charme hérité

Des sorcières brulées sans avoir su maudire :

 

Tout cela pour un être. Impossible rencontre.

 

 

Il n'a rien dit, le fou...

 

Il n'a rien dit, le fou des Carpates, qui sent

Les fleurs déshonorés, le musc et les sept mers.

Il a juste, caché dans les joncs bleus et verts,

Extrait du grand marais le fiel incandescent.

 

Ma douce, je t'arrache un mot qui n'est pas Oui...

 

Ma douce, je t'arrache un mot qui n'est pas : Oui

Et tu repars, hiver en talons Louboutin

Dont le beau claquement sonore s'enfouit

Dans les bruits de la ville. On perçoit que tu jouis

D'avoir mangé mon cœur, du sang frais plein les mains.

Pars et digère et rote une âme assassinée !

Moi j'aurais fait de toi, deux jours, la plus aimée

Des sirènes de France aux mâchoires d'airain !

 

La fille de seize ans...

 

La fille de seize ans ne parle pas qu'aux fleurs...

Elle tend ses dix doigts si vole une adalie

Tout près d'elle. Je crois qu'ils sont niais et menteurs

Ce qui disent qu'elle n'a de grand que la folie.

 

Dialogue sur le bonheur.

 

"- Les alcyons dans l'âtre où brule un crépuscule

Sont plus beaux reflétés au fin fond de tes yeux.

-Serait-ce le bonheur ? -On ne fera pas mieux :

S'exhorter de l'amour comme font les crapules."

 

 

 

 


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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 19:20

A propos de Lana Belle :

 

 

I

Lana Belle, au corps d'ange, aux escarpins de cuir

Marche dans les égouts du monde, en grande dame,

Sa jupe à corset rouge imite quelque flamme

Dans la nuit des péchés, qui se tuerait à luire.

 

De l'amour des romans, des films aux longs baisers,

Elle ne connait rien.. sous les pleurs des étoiles

Et ceux des galaxies dont rêvent les fusées,

Elle part et revient, veuve blanche en sa toile.

 

II

Veuve du premier jour, Ève du drame humain

Pour qui chaque saison s'apparente à l'automne,

Nuage, brume d'or qui veut tendre la main

Au passage, Lana : poison de belladone.

 

III

Songe à pleurer si, l'œil noir, un démon te fuit,

Emportant ton trésor, un rictus à la bouche :

Aucun dieu dans le ciel n'aura raison de lui ;

Pleure... pleure et reprends le chemin de la couche.

 

Un jour un fou de toi te noiera sous les fleurs,

Tu diras : « Un de plus ! Et qui m'offre sa vie ! »,

En riant aux éclats tu saigneras son cœur

Sur ses doux mots perdus, esclave d'une envie.

 

IV

Le quartier rouge, à l'aube, éteint mille néons

Et le sommeil permis l'enveloppe, la ville

L'oublie... On rend la rue aux vieux accordéons.

Elle s'endort... Nue et enfin immobile.

 

 

 


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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 23:10

Suite sans thême.

 

 

Adieu le monde ! Adieu le sang gâché du Christ !

Défunt premier hiver ! Rives de plénitude !

La solitude aura le dernier de mes cris ;

Preuve ardente. Ô décès ! brûle béatitude !

 

Je lâche et le baiser volé parmi le soir

Et l'outre sanglotante en qui coule la brume,

N'allez pas où je suis, désireux de me voir

Dans les volutes bleues flotter comme une plume.

 

Semblant de mort astrale et belle, boulevard

De fleurs et de statues représentant les reines

Qui n'ont su que mourir par amour : pur hasard,

Vieil arracheur de dents, perle parmi les peines.

 

Je vole ivre et me perds, un jour je serai loin :

Assez loin pour ne plus voir se faner les roses

Car je me suis trop tu, serrant mon petit poing ;

Mon cœur n'a pas subi le viol des portes closes.

 

Je n'ai rien dit : orgueil d'un môme de Tana

Qui sent fondre sur ses pommettes argentées,

Pour source deux yeux noirs lourds de marijuana,

Feues ses illusions, mortes accidentées.

 

Et je ne dirai rien, malfrat de l'âme amer,

Sous les lampes du ciel avide de prières !

Rives de plénitude et premier hiver

Adieu, je vous salue à chaque anniversaire.

 

 

 

 


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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 21:34

Prospective.

 

 

Ainsi quand l'univers décomposé m'aura

Rendu, tout frémissant, à la lueur natale ;

Je vous parle de celle, infime, qu'implora

Dans le temple de marbre et d'arbres la vestale,

 

Je vous parle de celle à qui revient le don

Quand il est épuisé d'agrémenter la terre ;

Mon parfum s'enfuira pour les rhododendrons

Des landes d'or, avec lui : mon dernier mystère.

 

Je retournerai vers les antres du soleil,

Remâcher cette épaisse viande au goût de suie

Dont s'écoule du lion royal le sang vermeil.

 

J'écouterai chanter les songes de la pluie.

Dans la source immergé mon front noir pâlira,

Ce sera bien après l'inlassable agonie

Des cieux : Quand l'univers décomposé m'aura.

 

 

 


 

 


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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 19:44

Feno Tahiri.

 

Tout ce qui brille n'est pas hors de soi.

Black Kent

 

 

Pour n'avoir pas trouvé le Graal de l'ancien livre

Je sanglote parfois, dis : « je me suis perdu,

Tout, depuis la genèse, est un malentendu,

Je n'avancerai plus ; j'attends qu'on me délivre ! »

 

Dès lors je n'ai de goût que pour les fleurs de givre

Et délaisse la rose au jardin suspendu.

L'été perpétuel du coeur a disparu

Ensemble que l'espoir de telle idylle où vivre.

 

Mais, tout à coup, à l'heure assassine, étincelle

Au fond de moi la flamme inextinguible, celle

Qui dégèle l'hiver noir de sa pureté.

 

Dans le creux de mon âme elle éclaire une amphore

Qui déborde de fleurs d'été, d'humanité

Et je me crois le Graal, et je veux vivre encore !

 

 

 

 

 


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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 12:11

Premier samedi soir.

 

fievre-du-samedi-soir-1977-05-g.jpg

 

 

 

Pour ces adolescents dont vibre le sang neuf

Au rythme amplifié, puissant de la musique,

Dixit : "ce soir où nul ne part vierge -l'unique-

Il faut du cannabis, de l'alcool, de la meuf".

 

A l'ancienne orgie a succédé la teuf

Et chacun va dansant dans le trouble et l'oblique

D'une immense biture... Ah ! quel bonheur publique

Ne saurait se briser net à l'appel d'un keuf ?

 

A minuit où la lèvre ivre boit à la lèvre,

Où l'on sent s'accoupler le désir à la fièvre

Un doigt sonne plusieurs fois : c'est l'autorité !

 

Ainsi les amoureux quittent les amoureuses

Et l'on éteint la chaîne hifi, l'austérité

Empiète sur la nuit des promesses heureuses.

 

 

 

 

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 21:35

Outlaw !

 

Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, c’est la loi qui affranchit.

Henri Lacordaire.

 

 

Quand viendra l'heure, ami, je ferai mes bagages

Et j'irai, par les plaines au lever du jour,

Traversant les chemins de poudre sans détour,

Rejoindre les butors et les tueurs à gages.

 

Au bout du flingue luit la mort et dans les cages

Les gars saignent, hurlant leur douleur au dieu sourd.

Le passé pèse ainsi qu'un poids ; un poids trop lourd.

Les bals au crépuscule ont des airs de saccages.

 

Mais quoi ? Le front toujours baissé, la peur au ventre ?

Le regret d'être né qui tel un sabre rentre

Dans l'âme, la torture et jamais ne ressort ?

 

Non, laissez-moi tirer ! Une fois ! Dans le torse !

Mon choix est fait parmi les deux faces du sort :

Mourir dans la sagesse ou vivre par la force.

 

 

 


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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 16:11

Calliope à tout prix

Suivi de : Les soucieux.

 

 

Aucun ? N'aurais-je aucun talent ? D'accord, mais moi

J'enchante une danseuse ivre et aérienne

Qui valse sur ma paume un pas perdu de Vienne,

Promesse et renouveau vivace d'un émoi

 

A chaque vers jailli d'on ne sait où. Pourquoi

T'en vas-tu, courant d'air féminin qui m'alienne ?

Combien de fois m'as-tu trahi ? N'es-tu pas mienne ?

N'es-tu pas la lumière et ce qui luit en soi ?

 

La voix ? La grande voix qui ne dit que beauté ?

Impératrice, reine et toujours ouvrière

Que j'abrite et chéris ? Contre qui j'ai fauté ?

 

Poésie. Et l'enfant parle et reprend son dû.

Poème. Le premier jardin, la soufrière.

Sans vous qu'est-ce le monde ? Un pur malentendu.

 

calliope2.jpg

 

Dizain déprimant.

 

 

Ceux dont les jours sont faits de tristesse et de songes

Voltigent... ni flots blancs qu'effacent les éponges

Pour baigner ce cœur, lourd et vrai nid de frelons,

Qu'une blessure expose à la flamme, aux grêlons

Parmi les vents du nord ivres ou la tempête

Diluvienne où tout prie et courbe la tête.

Eux, enfants prosternés des terribles destins,

Ont-ils jamais tenu, vivants entre leurs mains,

Les bonheurs garantis et le fruit des maraudes ?

Ont-ils revu tes yeux de face, Mort qui rôdes ?

 

 

 

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