I love your Heels.
Il n'est rien de plus essentiel que les talons. Oui : je crois en la technologie, au point de croire que la necessité d'avoir une
planête sur laquelle vivre n'est pas indépassable. Seulement comprenez : Sans talons il n'y a plus rien. Qu'est-ce un pied nu que l'on habille jamais ? Une femme en talons a retiré sa foi à plus
d'un, Dieu n'est rien face aux talons.L'éternel féminin lié à un objet comme l'homme à son glaive, le dieu à sa foudre, l'oeil à son iris. Voyez : une robe sans mannequin dessine moins les formes les plus somptueuses que deux chaussures exposées sur leur boîte en vitrine. Je dis que
les talons sont la démarche de la femme, son esprit, son odeur, sa supériorité : notre désir. Sans désir l'humanité
péricliterait. Aussi je le répète : il n'est rien de plus essentiel que les talons. Je le jure sur ces vers et ces photos :
Chaussure, muse mise en perspectives !
Podium céleste, art du cul bombé !
Les femmes des rues, mômes volitives,
Te portent le soir pour nous surplomber.
Comme naufragées les hanches dérivent
Et courbent le vent au gré des talons
Damasquinés d'or et de teintes vives,
A nu, sous la robe ou le pantalon.
Il est des talons qu'on appelle aiguilles
Et qui sont la tige d'où nait la fleur
Au delà de l'herbage et des charmilles,
Plus près du soleil et de la douleur.
Pour les porter il faut être princesse
De port et de charme et ,d'un air vainqueur,
Parader parmi désir et bassesse ;
L'être d'aspect sûr sans l'être de cœur.
D'autres, les plus grands, procurent l'ivresse
Himalyenne ! Ô beau cogito
Ne pense plus voici ton Everest !
Voici l'éther : les talons stilleto !
Ils vont aux pieds de
celles plus charnelles
Que l'amour baveux, qu'un soir au couteau,
Qu'un fruit d'été, que les plaies maternelles :
Celles qui s'en vont, nues sous le manteau.
D'autres parlent les langues solennelles,
Ils sont le mariage, ils sont le décès,
Ils sont le front droit, les graves prunelles,
Les Lettres : ce sont les talons français.
Aux pieds de madame ils la rendent sage
Autant qu'élégante et rude d'accès,
Leurs formes courbées sont un paysage
Recelant, au loin, l'ombre des forêts.
D'autres sont d'un temps oublié, volage,
Dans les salons blancs de fard en kilos
Ils sont l'esprit du Mot, tout un plumage
Envolé : Louis XV a les yeux bien clos.
Portés par celles qui sont des merveilles,
Qui vont, marmonnant, sur un vieux vélo ;
Elles ont vingt ans mais nous semblent vieilles,
Revenues tout droit du siècle du Mot.
Pour finir voici les tempes vermeilles
Et les joues rosies, les premiers baisers
Picotant tels des suaves abeilles,
Les yeux en cœurs et les yeux embrasés :
Les talons cubains ! Pour adolescente
Amoureu se, pour ange sans fardeau
Ni chagrin, trop belle et presque innocente,
Riant de sa vie et de son tombeau.
J 'en oublie autant que ces vers en usent :
Les talons bobine et ceux en talus...
Qu'importe les pieds : ce sont eux les muses,
Miroir double où mes désirs se sont vus.
Chaussure, muse mise en perspectives !
Podium céleste, art du cul bombé !
Les femmes des rues, mômes volitives,
Te portent le soir pour nous surplomber.
Comme naufragées les hanches dérivent
Et courbent le vent au gré des talons
Damasquinés d'or et de teintes vives,
A nu, sous la robe ou le pantalon.
Merry christmas and an happy new year !