L'anti-volière.
Par buguanle.
J'ai su chanter en vers leur charme inexistant
Comme on parle du ciel enclos dans une geôle ;
Fut-ce Anaïs ? Anna ? Le cœur est inconstant,
L'amour est en spectacle et c'est un mauvais rôle
Que de chanter en vers leur charme inexistant.
Appuyé sur le tronc des arbres, au printemps,
Pour elles j'ai conçu des fleurs d'autres planètes
Dont les tendres bouquets ont traversé le temps
Universel, infâme, à défaut de leurs têtes
Appuyées sur le tronc des arbres, au printemps.
Chaque jour je reprends la route d'un baiser
Soucieux, au carrefour, d'aimer la plus aimable,
Et de ne pas heurter un mur, un pont brisé,
Un refus sans merci ; souffrance inexprimable...
Chaque jour je reprends la route d'un baiser.
Dans l'immense pays brûlé des sentiments
Je traverse les eaux pieds nus, je vagabonde,
Je ne m'installe pas : Combien de bâtiments,
Ayant enfermé l'homme, ont enfermé le monde
Dans l'immense pays brûlé des sentiments ?
J'aime Esther, Adeline, autant que les oiseaux.
Elle c'est la colombe, une enfant d'Eulalie,
L'autre c'est une cane au milieu des roseaux,
Restent une hirondelle, une chouette, une pie...
J'aime Esther, Adeline, autant que les oiseaux.
Elles volent, pourquoi vouloir les retenir ?
J'aurais pu découper le nerf et rompre l'aile
Et leur âme légère, aisée à soutenir,
Aurait pu me servir de compagne éternelle...
Elles volent, pourquoi vouloir les retenir ?
J'ai su chanter en vers leur charme d'un instant
Comme on parle d'oiseaux enclos dans une geôle
Mais pour elles je suis de paille, inexistant.
Si l'amour doit durer c'est un bien mauvais rôle
Que de chanter en vers leur charme d'un instant.