Les enfants de la nuit
Princesse
Première version.
Princesse, nommez-nous berger de vos sourires.
Stéphane Mallarmé.
Princesse, appelez-moi : cette veille est sans fin
De ne pas caresser la peau de votre joue
Ni votre chevelure éternelle et qui joue
Aux cascades d'auburn sous l'or d'un voile fin.
Mon cœur languit la chair qui comblerait sa faim
Et se meurt, en sanglots, du tourment qui le roue ;
Princesse de mes nuits, seule âme que je loue
Appelez-moi, bercez-moi, que je dorme enfin !
Appelez-moi, séchez ces larmes cérébrales
De vos cils violets qu'enchante la longueur...
Vos escarpins foulant les roses vespérales
Labourent du talon deux points dans la lueur
Ogivale qui se jette de ma fenêtre ;
Princesse appelez-moi votre chéri, peut-être...
Par Nanoness
Gardez-moi près de vous lorsque je descendrai
En frôlant l'escalier. Sans votre main, princesse,
Dans ce soir noir de vœux la mienne me pendrait !
J'attends avec frissons que le silence cesse
Et que le vent me souffle un trésor ; cet appel
Porté par votre voix mêlant l'air et le miel.
J'attends, et j'imagine un baiser de fortune
Dans l'ombre du jardin où le calice est clos
Jusqu'au matin naissant, j'imagine les mots
Que l'on dit quand on aime au chevet de la lune...
Et là vous m'appelez, puis je n'ai plus de larmes,
Je vous rejoins, princesse à qui je dois un nom,
Mes pas sont délicats : ils évitent le son...
Quand, d'un faux mouvement, déferlent les alarmes.
T'as vu l'heure ! Remonte immédiatement !