Laure
Inspiré par la première partie de Anne de Paul Valéry.
Et plus implicitement par Pétrarque, le géniteur officiel des faiseurs de sonnets.
Laure en son deuil futur obnubilée élance
Le sel de ses yeux bruns pour heurter le granit
D'une tombe imparfaite où perle du silence
Jusqu'au duvet soyeux qui croule de son lit.
Telle. Or quel songe froid étreint ( et recommence)
La blancheur de ses bras d'un ongle approfondi
Que nul ne put vernir d'éternelle clémence ?
L'étreinte plonge dans l'épiderme maudit.
Et nage ! Son parfum virevolte, encensant
La pièce iconostase où l'univers descend
Jusqu'aux mèches de Laure, enfin ensommeillée...
Si dense fut la nuit morte de la veillée
Pour la fille au corps fin, frêle splendidement
Qu'aucun matin ne pend au grand rayonnement.
Par Suzi9mm
C'est la nuit reine qui ceint d'un beau cauchemar
En forme d'auréole obscure à jamais lourde
Ses longs cils englobant la frayeur d'un regard
Qui tête la noirceur des lieux comme une gourde.
La belle saupoudrée aux joues de nacre en fard
Tombant, par pleurs, de la plus lointaine lambourde
Qui quelquefois pendait un innocent bagnard
Plein d'agitations auxquelles Laure est sourde.
Enfin ! De la démence Hadès ouvre l'impasse ;
Cette fille qui dort, dont l'œil clos est marron,
Au pur drap pâle se mélange et se délasse...
Tombeau que cadenasse une feuille de lierre
Laure orne le sommeil, au final Achéron
Fidèle ; chaque jour c'est une lavandière.