Hitei Hime.
Hitei que l'on ne peut qu'aimer !
Toi qui souris au dieu funeste
Quand ta gorge vient parfumer
Le charnier, ou ce qu'il en reste :
Ta victoire ! Quand tes cheveux
Plus longs que toi, dans la rigole
Rougissernt, c'est toi que je veux ;
La cruelle, la fière et folle !
Tes cheveux blonds, mauve parfois,
Dont le bout, je l'ai dit, est rouge
Pour les humer combien de rois
Dois-je tuer ? Cet humble bouge
Où résident les Maniwa
Faut-il pour toi que je le flambe ?
Toi qui jadis me raviva ;
Tuer sera mon dithyrambe,
Toi qui m'a reconnu vivant
Alors que j'allais dans les limbes :
Sur ton futon, sur ton divan
Que d'horreurs muettes te nimbent !
Du cellier, aux purs aguets,
Je veille et surveille et m'apprête
A t'obéir et tu le sais :
Comme j'aime viser la tête.
Avec ton éventail, d'un coup
D'ailette, tu damnes ou toises,
Et le Japon connaît le coût
Des manières discourtoises.
Tu t'éventes sous l'hinoki,
Belle princesse du massacre
Dont l'œil calme autrefois acquit
La teinte blême de la nacre.
Ta fine main en mouvement
-Jolie, ô combien jolie !-
On dirait une main d'enfant
Par le velours dix ans polie.
Dans ton grand yukata royal,
Paisible sous l'ombre de l'arbre,
Quel plan sadique et déloyal
Gigote en ton esprit de marbre ?
Peu m'importe, princesse Hitei,
Si je dois plomber le soleil
Pour te plaire ! Je suis ton homme ;
Emonzaemon te suis comme
Ton ombre depuis son réveil !
Emonzaemon armé d'Entou Jyuu.