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13 août 2011 6 13 /08 /août /2011 01:23

Eros et Psyché :

A celle qui m'aura aimé,

A celle que j'aimerai,

A l'inexistante...

 

Amor_and_Psyche.jpg

Par Canova.

 

 

Nous qui nous aimions lorsque, rideau fermé,

Dans l'ombre et le parfum d'un songe désarmé

Au delà du présent, des rigueurs éternelles,

Nos échines s'ornaient, nues, d'une paire d'ailes ;

Anges le temps d'un soir, l'un par l'autre charmé.

 

Souviens-toi : la jeunesse aux rires incertains

Et les vœux sans pareil éclos en ces matins

Que fertilise et mord la fièvre de l'extase,

Roses fanant au soir sans corrompre leur vase ;

Souviens-toi de nos cœurs défiés, jamais atteints.

 

Puis souviens-toi du jour où nous nous sommes vus,

Plus tendres que jamais et jamais inconnus ;

Comme nés amoureux, parmi l'air botanique

Et le vol des moineaux, de cet instant magique

Qui fait un couple heureux de deux enfants perdus.

 

Quand j'ai posé mon front sur ton sein et redit

Que je t'aimais, répond, où fut le paradis

Ailleurs qu'entre nos mains et qu'entre nos visages ?

En toi j'ai découvert, effleuré, ses rivages,

Ses plaines, ses forêts et ses monts interdits.

 

Tu me trouvais beau, rare, et je ne savais pas...

Mon orgueil renaissait, mourrait, de tes appas

Auprès desquels brillaient amèrement les reines

Et tous les mannequins aux formes inhumaines

Comme un rien s'effaçaient à l'ombre de tes pas.

 

Les vers que tu me fis ne souffraient pas de mots ;

Ils se formaient d'un geste ou d'un regard, les maux

Qui nous étaient communs, tu savais les éteindre

Comme l'on souffle un cierge, et les nuits à s'étreindre

Nous immortalisaient comme font les tombeaux.

 

Douce, la couche est froide aujourd'hui, souviens-toi

Que, les yeux dans tes yeux, je me suis senti roi

Des choses et du temps, du ciel et de moi-même.

Souviens-toi que l'on fut l'incroyable poème

Que nul ne peut écrire, encore moins ne voit.

 

Surtout n'oublions pas ces aveux mutuels

Ni ces baisers brûlants, fauves, presque cruels :

Souviens-toi ! Nous avons bu le fond nos âmes

Comme une eau de Léthé qu'on aurait mis en flammes

Et dont les flots, en nous, chantent, perpétuels.

 

Sens-tu le souvenir qui remonte, plus vif

Que tout immédiat ?  Cet instant décisif

Qui nous a séparés d'un mouvement de tête,

Je m'en souviens. Je sais : tout meurt. Mais je vous souhaite

De connaître l'amour implacable, intrusif.

 

 


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commentaires

E
<br /> C'est juste magnifique.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Magnifique, Hippocampe ! Toute mon amitié.<br /> <br /> <br />
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