Cinquième heure :
A quoi bon peindre le cul des singes ? - Prise d'otage - Sur le cynisme de la police - Fiançailles innatendues - L'arrivée du
négociateur.
Jeanne : C'est quoi ce délire, Jack ?!
Elle panique, bat des bras et fait couler par cascades son mascara Bourjois Paris, qui est censé tenir en toutes circonstances... Seulement qu'en est-il des encerclements par le GIPN dans la liste des circonstances possibles où le maquillage se détériore ? On a beau maquiller le cul de tous les singes du monde avec la graisse de toutes les baleines des océans on peut pas tout prévoir.
Par 3lda.
Jack : C'est rien...
Notre héros est beaucoup plus calme que lors de son empêtrement dans le marais ; il se sent plus dans son élément. Plutôt que le rapport de force avec les drosophiles* trop collantes il préfère le rapport de force avec l'homme armé de canon scié. Malgré le petit plaisir qu'il éprouve à se savoir dangereux il mesure la délicatesse de sa situation. Et Jeanne en vociférant :
-Comment ça c'est rien ? Y'a une armée de flics devant chez moi qui te demandent de te rendre ! Te fous pas de ma gueule ! T'as fait quoi ! T'es un malade Jack ! Putain mais répond-moi ! Oh ! Quand je pense que j'aurais pu te laisser là-bas ! Qu'est-ce qui m'a pris ? Mais qu'est-ce qui m'a pris, bordel ! Ah tu m'as bien baisée ! Pour ça ! Et dans tous les sens du terme ! Pire : tu m'as enculée !
A cette dernière altercation Jack pense : Non c'est pas pire, c'est mieux... ça le fait sourire. Jeanne, qui ne s'arrête plus de paniquer, reprend :
-Pourquoi tu rigoles, hein ? Tu trouve ça drôle ? Je vais être considérée comme complice de tes conneries et tu rigoles ! Tu sais j'pourrais très bien descendre les voir et charger ton dossier ! Dire que ma mère...
Sur ce début de phrase clichée de la femme en colère Jack l'empoigne, serre sa gorge sous son coude et se dirige vers la fenêtre pour l'ouvrir. Il affiche un visage de psychopathe orgueilleux qu'il n'est pas loin d'être et gueule à l'assemblée prête à l'assaut :
-Oh les pédés ! J'ai un otage super bavard ; c'est comme vous voulez : soit je la bute et vous y serez pour quelque chose soit j'me barre de c't'endroit pépère ! Choisissez !
Mouvement dans les troupes, quelques échanges et un gradé s'empare d'un mégaphone :
-Nous ne pouvons pas faire ça ! Réfléchissez : quoique vous fassiez vous serez traqué et emprisonné, soyez raisonnable !
Jack s'esclaffe tout en les interrogeant :
-Réfléchir ? Raisonnable ? C'est quelle langue ça ? Pas la mienne en tout cas !
Puis ses yeux se révulsent, rougissent, il saisit son opinel et trace une ligne sanglante dans la chair du cou de son otage, Jeanne hurle. La trace est superficielle mais apparemment Jeanne aime à trop en faire.
L'officier sursaute, et, avec un frisson dans la voix, lui explique que ça ne sert à rien, qu'il ferait mieux de rester calme et que tout va s'arranger, il rassure Jeanne au passage. Le lieutenant Gotrit est un dur qui a vu plus impulsif et plus meurtrier que Jack Bovini dans sa carrière, s'il frissonne c'est qu'il sent que l'histoire va attirer les caméras. Ce que la police est cynique !
Jack aime le cours de la conversation :
-S'arranger... C'est ce que j'voulais entendre mec ! S'arranger genre barrez-vous de mon chemin bande de connards ! Ça vous va comme arrangement ?
De nouveau mouvement dans les troupes, de nouveau conciliabule ; Gotrit conclut :
-Un négociateur va arriver, tout s'arrangera, je vous le promets !
Bovini désormais le plus célèbre du nom marque une pause puis accepte d'attendre, mais pas trop sinon il « la saigne en direct ».
Jack retourne à l'abri des regards, il balance Jeanne sur le parquet, inutile de stipuler qu'elle s'est urinée dessus et arbore deux pupilles tremblantes et exorbitées. Il la fouille, trouve ses cigarettes et en craque une. Après avoir recraché une grosse bouffée il narre :
-Bon, tout s'est pas passé comme prévu. Il laisse un silence, se gratte derrière la tête. En fait j'avais rien prévu... En tout cas toi tu vas fermer ta gueule jusqu'à ce
que j'te remette une cartouche une fois sortis d'ici.
Il plonge son regard complétement névrosé autant par ce qu'il est que par les évènements qui se déroulent et lui avoue :
-Et ouais, j'tai choisie comme meuf ! On vivra ensemble et tout et tout... C'est plutôt une bonne nouvelle, non ?
Epouvantée, elle trouve un brin de conscience pour murmurer :
-T'es... T'es sérieux là ?
Notre ami s'enthousiasme :
-J'étais sûr que tu serais d'accord !
Cette splendide déclaration de fiançailles passée le négociateur arrive...
Suspens et boule de gomme car une heure a défilé pour nous apprendre que ce bon vieux Jack est optimiste.
* Les drosophiles sont des insectes diptères holométaboles radiorésistants : voilà tout.