J’entendais ruminer la machine virile
L’amer contentement aux pieds des Jésus Christ
Et les pas du grand soir abandonnant la ville ;
Je m’avouais en pleurs que tout était écrit,
J’étais cent fois vaincu, je songeais à la grève,
A la mort verticale, aux tremolos d’un cri….
Ma jeunesse, arbre d’or dont j’ai tari la sève,
Me laissais l’arrière-goût du mal vécu,
D’un jeu de mots débile auquel j’ai ri sans trêve.
Elle était pernicieuse et j’étais convaincu ;
Ce jour-là tout l’amour du monde faisait guerre
A ma prose, à mes vers : j’étais cent fois vaincu.
Cent. Je n’attendais plus le retour millénaire,
La prophétie ou l’heure de grâce, un déclin,
Une aube… J’attendais, couché, que l’on m’enterre.
L’univers était vide et mon cœur était plein
Du dégoût de la chair, de l’esprit, de lui-même
Quand elle m’a tiré d’un doigt mince et d’un clin
D’œil un brin ravageur en qui luit, diadème
D’empereur corrompu, la mer de libido,
Vers elle. La sirène abordant la trirème
Peut n’avoir pas leurré le moindre matelot
Malgré tout sombreront la voile et l’équipage
Préférant au pays le cercueil bu des flots.
Alors je suis venu, ma reine anthropophage
Se gargarisait d’hommes nus sur le sofa,
Chacun hurlant ainsi qu’un peuple de sauvages.
Je l’ai suivie, ô moi qui n’aimais plus sauf à
S’en défenestrer. Les nuits des rues brésiliennes
L’avaient pondue, enfant que l'équateur chauffa.
Elle a de la rousseur, du brun des obsidiennes
Dans les cheveux, sa peau qui ridiculisa
Le velours enveloppe en caprices mes peines.
Mâle elle ensevelit ce héros que brisa
La femme dont la bouche avilit le poète
Qui crie, un peu prostré face à la traîtrise : "Ah !
Je suis bête !", Alana sur la couche était prête
A courber le chagrin sous le fouet du désir,
A me tuer enfin ! Lentement, en nuisette.
C’est une île où crever à notre bon plaisir,
Un naufrage assumé sous l’œil béant des phares,
Une énigme de plus, un mirage à saisir.
Femme, certainement, perle des Baléares,
Je grave ici -terza rima- ces quelques mots,
Ils diront «Malheureux ! A quel point tu t’égares ! »
Ils mentiront, prétextant que ses seins sont faux.