10 décembre 2009
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Imititations - I :
Charles Péguy.

J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers plaqués dans leurs recueils
Et sous le doute affreux et le pressentiment
Que leur encre s'efface et j'en porte le deuil.
Et du coin de ma vie, de mon appartement
Je mène mon navire à fuir de cet écueil
Et de ce siècle fou et cet emportement
Par les vents de misère et par les flots d'orgueil.
Mais je subis l'écume et le bombardement ;
Sur terre comme au cieux n'est offert à mon oeil
Que le chaos prochain et son retardement
Et les larmes des morts humectent leurs cercueils.
Et l'indigence accrue et son débordement
A noyé le soleil d'une marée tenace
Et je subis l'écume et le raccordement
De l'homme à sa violence, à sa propre menace.
Et la souffrance entière et son étranglement
Porte tous les rafiots au loin de la bonace
Et dans la tectonique et son morcellement
Le poète a perdu le chemin de Parnasse.
Et les blés étendus sont le détournement
Des blés originels et le ciel impossible
Toise ses oubliés et leur casernement
Les fige dans un noir profond et indicible.
Et les sciences accrues sans le discernement
Ont valeur de croyance et de foi infaillible
Et l'on se trompe d'astre et de prosternement
Et Parnasse nous reste à tous inaccessible.
Mais je mène, interdit de tout renoncement
Mon navire abîmé jusqu'à l'île magique
Et le sillon marqué par mon avancement
Laisse onduler un chant ancestral et tragique.
Mais je mène à la fin, au recommencement,
Ma plume contrôlée par deux mille ans de vers
Et je crains leur oubli et leur effacement,
Eux qui ont, par les mots, capturé l'univers.

Charles Péguy.

J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers plaqués dans leurs recueils
Et sous le doute affreux et le pressentiment
Que leur encre s'efface et j'en porte le deuil.
Et du coin de ma vie, de mon appartement
Je mène mon navire à fuir de cet écueil
Et de ce siècle fou et cet emportement
Par les vents de misère et par les flots d'orgueil.
Mais je subis l'écume et le bombardement ;
Sur terre comme au cieux n'est offert à mon oeil
Que le chaos prochain et son retardement
Et les larmes des morts humectent leurs cercueils.
Et l'indigence accrue et son débordement
A noyé le soleil d'une marée tenace
Et je subis l'écume et le raccordement
De l'homme à sa violence, à sa propre menace.
Et la souffrance entière et son étranglement
Porte tous les rafiots au loin de la bonace
Et dans la tectonique et son morcellement
Le poète a perdu le chemin de Parnasse.
Et les blés étendus sont le détournement
Des blés originels et le ciel impossible
Toise ses oubliés et leur casernement
Les fige dans un noir profond et indicible.
Et les sciences accrues sans le discernement
Ont valeur de croyance et de foi infaillible
Et l'on se trompe d'astre et de prosternement
Et Parnasse nous reste à tous inaccessible.
Mais je mène, interdit de tout renoncement
Mon navire abîmé jusqu'à l'île magique
Et le sillon marqué par mon avancement
Laisse onduler un chant ancestral et tragique.
Mais je mène à la fin, au recommencement,
Ma plume contrôlée par deux mille ans de vers
Et je crains leur oubli et leur effacement,
Eux qui ont, par les mots, capturé l'univers.

Variantes :
J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers plaqués dans leurs recueils
Et sous le doute affreux et le pressentiment
Que leur beauté s'oublie et j'en porte le deuil.
J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers se suivant sur les feuilles
Et sous la rage vaine et le ressentiment
De les voir s'effacer et j'en porte le deuil.
J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers se suivant sur les feuilles
Et sous la rage vaine et le ressentiment
D'entendre qu'ils s'oublient et j'en porte le deuil.
Dans la dense fumée de mon appartement
Je mène mon navire à fuir de cet écueil
Et de ce siècle fou et ce comportement
Et ce peu de raison et cet amas d'orgueil.
Mais je subis l'écume et le débordement
Et le fil du tranchant aiguisé de l'écueil
Et le crachat du ciel et son bombardement
Et les pauvres instants qui mènent au cercueil.
Mais je subis l'écume et le bombardement,
Sur terre comme au cieux n'est offert à mon oeil
Q'autodestruction nette ou que retardement ;
Que sombre volonté du berceau au cercueil.
Et l'indigence accrue et son sabordement
A prit tous les rafiots dans le filet des nasses
Et je subis l'écume et le raccordement
De l'homme à sa violence, à sa propre menace.
Et la souffrance entière et son étranglement
Porte au plus malheureux le goût de la vinasse
Et dans le nucléaire et son morcellement
Le poète a perdu le chemin de Parnasse.
Et l'élégance altière altère entièrement
Toute sincérité et tout instinct tenace
Et je subis les flots et l'accaparement
De l'homme par l'orage, en quête de bonace.
Et les blés étendus sont le détournement
Des blés originels et le ciel impassible
Se ternit sous nos yeux et notre acharnement
Veut le voir disparaître en l'ayant pris pour cible.
Et l'argent répandu est le contournement
Du mérite au labeur et le ciel impossible
Toise ses oubliés et leur casernement
Les fige dans un noir profond et indicible.
Mais je mène exempté de tout renoncement
Mon navire à Parnasse, invisible aux boussoles,
Où deux mille ans de vers sont le commencement
Du brasier poétique où mon cerveau rissole.
Mais je mène, interdit de tout renoncement
Aux règles établies par deux mille ans de vers,
Mon navire à Parnasse et mon avancement
Laisse un sillon hideux au teint de l'univers.
Mais je mène à la fin, au recommencement,
Ma plume contrôlée par deux mille ans de vers
Et je crains leur oubli et leur effacement,
Eux qui, humainement, ont figé l'univers.
J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers plaqués dans leurs recueils
Et sous le doute affreux et le pressentiment
Que leur beauté s'oublie et j'en porte le deuil.
J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers se suivant sur les feuilles
Et sous la rage vaine et le ressentiment
De les voir s'effacer et j'en porte le deuil.
J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers se suivant sur les feuilles
Et sous la rage vaine et le ressentiment
D'entendre qu'ils s'oublient et j'en porte le deuil.
Dans la dense fumée de mon appartement
Je mène mon navire à fuir de cet écueil
Et de ce siècle fou et ce comportement
Et ce peu de raison et cet amas d'orgueil.
Mais je subis l'écume et le débordement
Et le fil du tranchant aiguisé de l'écueil
Et le crachat du ciel et son bombardement
Et les pauvres instants qui mènent au cercueil.
Mais je subis l'écume et le bombardement,
Sur terre comme au cieux n'est offert à mon oeil
Q'autodestruction nette ou que retardement ;
Que sombre volonté du berceau au cercueil.
Et l'indigence accrue et son sabordement
A prit tous les rafiots dans le filet des nasses
Et je subis l'écume et le raccordement
De l'homme à sa violence, à sa propre menace.
Et la souffrance entière et son étranglement
Porte au plus malheureux le goût de la vinasse
Et dans le nucléaire et son morcellement
Le poète a perdu le chemin de Parnasse.
Et l'élégance altière altère entièrement
Toute sincérité et tout instinct tenace
Et je subis les flots et l'accaparement
De l'homme par l'orage, en quête de bonace.
Et les blés étendus sont le détournement
Des blés originels et le ciel impassible
Se ternit sous nos yeux et notre acharnement
Veut le voir disparaître en l'ayant pris pour cible.
Et l'argent répandu est le contournement
Du mérite au labeur et le ciel impossible
Toise ses oubliés et leur casernement
Les fige dans un noir profond et indicible.
Mais je mène exempté de tout renoncement
Mon navire à Parnasse, invisible aux boussoles,
Où deux mille ans de vers sont le commencement
Du brasier poétique où mon cerveau rissole.
Mais je mène, interdit de tout renoncement
Aux règles établies par deux mille ans de vers,
Mon navire à Parnasse et mon avancement
Laisse un sillon hideux au teint de l'univers.
Mais je mène à la fin, au recommencement,
Ma plume contrôlée par deux mille ans de vers
Et je crains leur oubli et leur effacement,
Eux qui, humainement, ont figé l'univers.