Sur l'inspiration.
Par Flickan
I
Au seul lieu désormais la nue claire et jaunie
Palpite sur la plaine où la fleur veloutée
Perpétuelle dans ta main frêle et gantée,
Muse, ajuste aux soupirs la fatale harmonie .
Il fallut du félin la sanglante ironie
Léchée et tour à tour, par les tombes comptées,
Aller ôter aux fronts des chimères tétées
Par le plus divin l'or châtié de la folie ;
Muse, pour te voler ce trésor, à genoux.
Fils perdus de la femme aérienne : nous
Qui, tels égarements purs d'esprit et de chair,
Prolongeons des saveurs semblables aux dégouts.
Vaines inflations de troubles inviolés,
Reflets fragiles, dans l'abîme, d'un éclair,
Baiseurs inassouvis des ongles étoilés :
Nous ! Muse, cède nous un baiser juste amer !
II
Toute de glace et faible, un frisson de la hanche
Contre l'herbe pressée incline la matière
D'une chair onduleuse, imparable et plus blanche
Que les ruissellements de sueur et de lumière.
.
La terre sous nos pieds peut s'effondrer, ma chère,
Moins brûlante que nous au fond de ses entrailles !
L'extase indécemment qui fore son mystère
Me pénètre le sang. Tu geins et tu défailles.
Et dès lors j'accomplis, sous les cieux éveillés,
-Tremblement des iris d'abord écarquillés-
L'ivresse de mourir. Puis je ferme les yeux
(Éthérés souvenirs des éthers oubliés).
La brise nous parvient des mers de la douceur
En effleurant la plume unie à tes cheveux ;
Tu mords ta lèvre nue et pèses la douleur...
Ta fleur est maculée et le monde est heureux.
commenter cet article …