4 février 2010
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18:20
Styxs - II :
La traversée.
Par ~gygr.
Charon vint à ma rive avec sa lourde rame,
Le flot rouge à sa poupe était le sang des drames
Naturels ou voulus accumulés depuis
Le pavage du sol et la percée des puits.
Il arriva à moi, hautain tel qu'un grand dieu.
Lui, le pauvre passeur ne gouvernant ni cieux,
Ni océan, ni terre et seul sur son navire
Lorsqu'il revient chercher le sou pour le ravir
Aux dents du macchabée qui patiente son tour
Et regrette en pleurant le dernier de ses jours.
"C'est à toi", me dit-il, pointant son doigt infect.
"A moi?", j'ai vérifié ; la chose était correcte :
C'était à moi d'aller rejoindre les enfers,
A moi, un condamné de plus marqué au fer
De mon humanité et de sa décadence ;
A moi d'aller m'asseoir et de quitter la danse.
J'avais le sou, ma mère avait pris le grand soin
De le mettre à ma bouche asséchée de défunt,
Et je lui ai donné comme on serre les doigts
En prenant la poignée d'un ennemi de choix.
Charon! Seconde main de la tâche finale!
Petit exécuteur du cycle machinal
Qui va de l'au-delà au cri du nouveau-né!
Charon, simple passeur pour qui a la monnaie!
Là voilà ta piécette! Et qu'en ferais-tu donc?
Tu vis l'éternité à bord de cette jonque!
Et je montai à bord à mon tour mais le temps
De cette traversée (l'ultime) seulement.
On voyait dans le sang que le fleuve écoulait
D'étranges noyés : Les morts démunis d'argent ;
Des spectres blancs et noirs portés par le courant
Vers des éternités douloureuses, violentes...
C"étaient les pauvres morts qui errent et qui hantent.
Lorsqu'ils heurtaient le bois de la jonque en passant
Charon les repoussait d'un coup de rame et sans
Se soucier de leur deuil qui jamais n'a été,
Eux qui valaient cent fois un seul roi étêté.
Nous allâmes à bon port : au seuil de l'enfer
Il m'y posa et s'en alla chercher un frère.
De ma rive je vis le nouveau supplier :
Il n'avait pas le sou et Charon l'a noyé.
Par ~anriyn.
La traversée.
Par ~gygr.
Charon vint à ma rive avec sa lourde rame,
Le flot rouge à sa poupe était le sang des drames
Naturels ou voulus accumulés depuis
Le pavage du sol et la percée des puits.
Il arriva à moi, hautain tel qu'un grand dieu.
Lui, le pauvre passeur ne gouvernant ni cieux,
Ni océan, ni terre et seul sur son navire
Lorsqu'il revient chercher le sou pour le ravir
Aux dents du macchabée qui patiente son tour
Et regrette en pleurant le dernier de ses jours.
"C'est à toi", me dit-il, pointant son doigt infect.
"A moi?", j'ai vérifié ; la chose était correcte :
C'était à moi d'aller rejoindre les enfers,
A moi, un condamné de plus marqué au fer
De mon humanité et de sa décadence ;
A moi d'aller m'asseoir et de quitter la danse.
J'avais le sou, ma mère avait pris le grand soin
De le mettre à ma bouche asséchée de défunt,
Et je lui ai donné comme on serre les doigts
En prenant la poignée d'un ennemi de choix.
Charon! Seconde main de la tâche finale!
Petit exécuteur du cycle machinal
Qui va de l'au-delà au cri du nouveau-né!
Charon, simple passeur pour qui a la monnaie!
Là voilà ta piécette! Et qu'en ferais-tu donc?
Tu vis l'éternité à bord de cette jonque!
Et je montai à bord à mon tour mais le temps
De cette traversée (l'ultime) seulement.
On voyait dans le sang que le fleuve écoulait
D'étranges noyés : Les morts démunis d'argent ;
Des spectres blancs et noirs portés par le courant
Vers des éternités douloureuses, violentes...
C"étaient les pauvres morts qui errent et qui hantent.
Lorsqu'ils heurtaient le bois de la jonque en passant
Charon les repoussait d'un coup de rame et sans
Se soucier de leur deuil qui jamais n'a été,
Eux qui valaient cent fois un seul roi étêté.
Nous allâmes à bon port : au seuil de l'enfer
Il m'y posa et s'en alla chercher un frère.
De ma rive je vis le nouveau supplier :
Il n'avait pas le sou et Charon l'a noyé.
Par ~anriyn.