Quand tu m'as pris le bras...
Mon secret :
Si je vous le disais que vous êtes jolie, Jolie à rendre fous les hommes et les dieux Et qu'en vous regardant, mignonne, l'on oublie Qu'il est un autre ciel que celui de vos yeux. Si je vous le disais que sur vos lèvres roses, Une abeille viendrait, aveuglément, puiser Ce doux miel qu'elle va butiner sur des roses Qu'un rayon fait éclore, et rougir un baiser? Si je vous le disais que depuis la soirée Où vous parûtes lors pour la première fois, Votre image toujours de mystère parée Passe comme un éclair dans mes rêves, parfois? Si je vous le disais!... mais je ne veux rien dire, Mon secret est de ceux qu'on garde prisonniers, Car si je le disais, l'on en pourrait sourire Et vous même, qui sait? ce que vous en diriez!
Gonzalve Desaulnier.
I
Quand tu m'as pris le bras j'ai cru que la planète
Chavirait dans la brume où tremble et se reflète
Quelque rêve éveillé. Tout à coup j'ai cru voir
L'envol des grands oiseaux dans les flammes du soir
Dont les plumes en pluie édifient des mirages
Toujours plus saisissants : Kyrielle d'images
De toi, de toi, de toi ! Quand tu m'as pris le bras
J'ai cru mourir, revivre, et si le monde est las
D'être sombre à mes yeux, tu fus bien la première
Qui, d'un geste anodin, l'a rempli de lumière.
II
J'ai cru halluciner quand tu m'as pris le bras !
On ne s'attend à rien ! On espère tout bas !
Enfin on s'interdit d'adorer la plus belle
Pour ne pas souffrir, pour ne pas entendre d'elle
Un mot qu'on jugerait moins triste qu'assassin...
Puis, soudain, en partant, elle pose sa main
Et serre votre bras... La brune éblouissante
N'a regardé que vous ! Une main innocente,
En marquant la longueur du geste et son excès,
Dit silencieusement « je t'aime, et tu le sais ».
commenter cet article …