Cadavérer.
Quand le griot du bled, dans un baobab tors,
S'endormait pour toujours, des contes pleins la tête,
Du divin dans les mains et des vers pleins le corps
Ou quand le grand héros qui trucida la bête
Tyrannique, connut le vin et le laurier
Puis le millier d'orgies, que ces longs jours de fête
L'ont fait syphilitique on dit : cadavérer.
Quand la coke encombrait l'orifice nasal
D'une très belle blonde habile, sculpturale,
S'essayant, dans la chiotte, au voyage naval
Et qui pissait du nez en glougloutant un râle
Ou quand le vieux marin commence à chavirer
Sous les astres dardant des moirures d'opale
En admettant la fin on dit : cadavérer.
Quand, fine et saugrenue, une vieillarde dans
Son appartement moite, en marmonnant, expire
-Sur le buffet de chêne on distingue des dents-,
Elle n'a plus, aux yeux, quoique ce soit pour luire ;
A jamais... ou quand un pouls nul fut avéré
Tel soir où la liqueur s'amusait à conduire
Un groupe de fêtards on dit : cadavérer.
Le fait d'un lendemain comme c'est éphémère !
Et tu peux péter un câble, vitupérer :
Ça n'y changera rien, mon lecteur adoré.
Il faudra devenir l'ombre d'une poussière
Car ainsi va la vie : naître et cadavérer.
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