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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 07:27

 

L’été lia, castra pali ;

Rabat en Neïre aime mac.

 

Lèse idem us sa noce, lac,

Elle sévi, loti déni,

Mon ami lunette et épi,

Ciel ! Le mort se sait âme - crac !

 

Car  ce Matias est rom elle,

 Ici, pète et te, nu, lima.

Nom inédit Olive-selle.

 

Caleçon assume diesel.

Came mi-aérienne ta.

Baril à part, sac, aile tel.

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 07:11

Ceci est une seule strophe dont chaque vers peut-être interchangé avec le vers qui tient la même place dans sa variante. C'est pas clair... C'est un clin-d'oeil à Queneau quoi !

 

 

La foudre que je tiens, vive autant qu’un python :

Elle brûle mes doigts noircis par sa caresse,

Je n’attends pas la mort engourdi de paresse

Pour que tombe, rompu, le monstre de béton.

 

Dans mes mains, s’énervant, vit la révolution :

Elle est prête, fin prête, et lourde de détresse,

Et je m’en servirai sans faille ni faiblesse,

Pour que l’oligarchie se vide d’un poumon.

 

Je porte du paria la poussière à canon :

Elle palpite, elle est avide de prouesse,

Et de toute étincelle elle est demanderesse

Pour briser chaque chaîne, et maillon par maillon.

 

La pierre est dans le poing, le climat est au bond :

Elle s’acharne à dire : « un peuple entier te presse ! »

J’en ferai bonne usage, et que cet ordre cesse

Pour que l'or-empereur comprenne sa leçon.

 

Imbécile, j’escorte une furie sans nom :

Elle est incandescente et sublime diablesse,

Je la garde et j’attends ; c’est comme une promesse,

Pour faire éclore la justice aux yeux de plomb.

 

J’ai comme legs la flamme aux teintes de passion :

Elle est étanche au deuil, aux rires, à l’ivresse…

Je ne l’oublie donc pas, je l’offre à la jeunesse

Pour que s’ouvre, rougi, l’œil niais du mouton.

 

Ma rage est esthétique et n’orne aucun fronton :

C’est celle d’une masse encombrée de bassesse

Je la donne à qui veut, avec grande allégresse

Pour que les titans d’or se voient courber le front.

 

La lame d’argent brut qui perfore le son :

Elle est notre, mais à qui la première adresse ?

Je l’utiliserai sans prélude, sans messe,

Pour que le dominant mange de son bâton.

 

La mitrailleuse à cent-mille coups en dit long :

Elle est tous les reclus que ce monde délaisse

On la prend vite main - quand on sait qui l’on blesse -

Pour arracher le masque et la contrefaçon.

 

La  fleur de ma colère est proche d’être tronc :

Elle est avide de sang, quoiqu’il n’y paraisse,

J’attends l’évènement, son choc et sa vitesse

Pour unir dans la lutte agathois et breton.

 


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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 06:12

Vers de terre.

Ou vers terreux.

 

Pythagoras.gif

 

 

1. Engendre aux alentours une pensée nouvelle.

2. Le temps avaria le plus vieux mécanisme,
La mer fut désoeuvrée lorsque l'île fut isthme
Et Icare, ce fou! nous a encombré d'ailes.

3. Vole ou creuse la mine aux senteurs de mouroir
Et quête dans la fange une tiare viciée.

4. Abats, au coin du ciel, cet ange policier!
 
5. Dors, prunelle visible - Il est mort, on peut croire!

6. Ne t'endette jamais, les canines d'huissiers
Sucent d'un trait le nerf, le sang et la mémoire.

7. Pars dans la nuit des rues tatoué un destin
En unissant le râle à l'appel au secours,
Une horreur de passage... un instant, un contour
Qui brûle un souvenir et dissout un dessein...

Fais-le!

         8. Demain  la terre enlisera la vie ;
Demain la terre immense éteindra son néon
D'un souffle sans pareil aux barbes des camions,
Des gares, des hôtels et des caméléons.

9. Démêle dans le noeud le besoin de l'envie.

10. Laisse donc internet, prends le lac et la feuille
De vigne enluminée par l'unique lueur
Du soleil suffocant dans la course des heures
(Bêtes toujours guidant à l'ombre du cercueil).

11. Vis des amours vermeils aux baisers répétés
Et goûte ce poison dont tout le monde parle.

12. Reste au chevet du mort si tout le monde part ;
Le front bas pour un soir, haut pour l'éternité.

13. Change! Change et les cieux et la terre et les eaux,
C'est cela le chemin ; le reste n'est qu'impasse!

14. Reste là, parmi nous, et relègue ta place
Entre l'hymne de plomb et le chant des oiseaux.

15. Quant au nerf agité ne sois pas animal,
Le grand vol s'ouvrira de chouettes dans la nuit...
Un murmure croissant : Il parait que c'est lui!
Il sait...

            -Mais que sait-il?

                                          La racine du mal.

16. Voilà, et vis beaucoup ; lis, virevolte aux cimes
Muni d'un piolet mais d'une paire d'aile.

17. Ou recèle un enfer que rongent des abîmes!

18. Enfin trouve celui, ou enfin trouve celle
Qui sera une paix fleurie entre deux crimes
Pour achever ce siècle, aux peines sans appel.

19. Il est un peuple muet que la parole opprime...

20. Médite à en saigner dans l'incendie réel,
Moule ce sang de songe et orne un monde d'or.

21. Le monstre, agenouillé, sut qu'il était cruel,
Vaincu par ses martyrs.

                                   21. Tout un Peuple s'exprime ;
Il dit : Je suis un homme!

                                            Enfant de  Pythagore.

 

 

couvversdores.jpg

 


 

 

 

 

 


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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 04:48

C'est sur le pont de Lyon.

C'est sur le pont de Lyon que la belle s'y promène
Elle s'y promène tant! Elle s'y coiffe elle s'y fait belle ;
Elle y baigne ses longs cheveux avec la queue d'une hirondelle.

Lyon s'enfuyait de l'hiver
Et le printemps posait ses pieds
De floraisons sur l'arbre vert
Et la rose sur l'églantier
S'épanouissait aux rayons
Du soleil. Mômes en haillons
Et mères au souffle de toux
Sortaient voir s'il poussait la fleur ;
La fleur, le remède de tout
Même celui de la douleur...
Mais l'astre, en haut, se riait d'eux :
La belle avait figé ses yeux.
Sous l'azur seul elle sortait
Marcher sur le pont et penser,
Son coeur léger se transportait
Vers la Hollande. Oh! se lancer
Par delà le garde-fou! Oui!

Car son bonheur s'était enfoui
Dans une geôle de là bas!
Triste? Mais elle l'était tant!
S'il faut s'effondrer bas, plus bas
Encore! Et pleurer moins longtemps!

Car la Hollande si lointaine
Avait pris, parmi la centaine
De prisonniers, son frère idiot
Et son mari! Ah! Le garant
De son coeur! Les yeux à son dos
Et la moitié du mot parent!
La belle était triste, si triste...
La griffe noire sur la liste
Avait marqué en gras son nom
A l'encre des désespérés :
-Le temps la jettera du pont
Au regard de l'astre effaré-.

Mais elle ne sauta jamais
Au nom de celui qu'elle aimait,
En vie, là bas... Quelles raisons,
Quel destin la laissaient aux rives
Du Rhône? " Ô si vaste horizon,
Tu détiens mon amour! J'arrive!
"
La belle aimait trop pour mourir
Donc s'en alla le secourir.

 

 

les_ponts.jpg

 

Je conseille vivement l'écoute de la chanson interprétée par Marc Robine. Il répète un peu dix fois la même chose mais c'est joli dix fois d'affilée.

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 03:41

De la réussite :

 

Suite indirecte ( les vers de transition sont coupés) de De la démocratie et de la transcendance.

 

[...]

Comme nous n'avons pas de villes à quitter
En faisant nos adieux d'un bras réconfortant
Pour rejoindre le luxe et la civilité
Dans lieu capital et le seul important,

Comme nous n'avons pas de villes d'où partir,
En faisant nos adieux dans les bras de nos mères
Pour rejoindre le lieu où tout est à bâtir
Et où tout est bâti et où tout s'agglomère,

Comme nous n'avons pas de ville où aboutir
Pour reprendre au destin ce qu'il doit à nos pères,
Ce qu'il leur a volé sans le réinvestir
Pour de plus miséreux qui jamais ne prospèrent,

Comme nous n'avons pas de villes d'où partir,
En faisant nos adieux, les pleurs les plus amers
Tenus sous la paupière afin de garantir
L'honneur du fils qui part à l'assaut des chimères,

Comme nous n'avons pas de ville où revêtir
Une nouvelle vie et de nouveaux repères ;
Là où s'améliorer ou se reconvertir,
Là où mettre une forme au voeu que l'on espère,

Comme nous n'avons pas de villes d'où partir
En faisant nos adieux comme, au bord de la mer,
Le marin embrasse au front l'épouse martyre
En jurant sur le ciel un voyage éphémère,

Comme nous n'avons pas de ville où démentir
Notre tendance à être infiniment compères
De l'échec cuisant et à tout anéantir
Quand la chance offre et que la fortune obtempère,

Comme nous n'avons pas de villes d'où partir
En faisant nos adieux à toutes les commères
Qui nous voyaient enfants et aimaient compatir
A l'avenir scellé de jeunes si sommaires,

Comme nous n'avons pas de ville où investir
Dans une renommée de champion et d'expert
Que l'on se bâtirait sans trop se pervertir
Entre lui qui nous flatte et lui qui vitupère,

Comme nous n'avons pas de villes d'où partir
En faisant nos adieux au doyen et au maire
Attentifs aux leurs et là pour nous impartir
Du renom national de notre maison mère,

Comme nous n'avons pas de ville où ressentir
Un sentiment de feu que l'inconnu tempère
Difficilement et où il faut consentir
A briller pour toujours sans commettre d'impair,

Comme nous n'avons pas de villes d'où partir
En faisant nos adieux et où l'on énumère
Ceux qui furent pour nous l'épaule où se blottir
 Et, contre nos deux joues : la caresse palmaire,

Comme nous  n'avons pas de ville où divertir
Nos âmes ennuyées et qui nous désespèrent ;
Comme nous n'avons pas une vie pour sertir
D'une grande fierté les gens de nos repaires,
 
Comme nous n'avons pas un grain de dignité
Ni un grain de noblesse infaillible et constant
Ni un sourire sur nos faces dépitées
Ni une renommée qui ne tienne longtemps,
[...]


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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 08:14

 Imitations - III :

Heinrich Heine,

A ma mère.

 

Heinrich_heine.jpg

 

I

J'ai la tête levée en tout temps, en tout lieu,
Mon âme est résistante et droite et endurcie ;
Même devant le roi, seul et à sa merci,
Je ne peux concevoir de rabaisser mes yeux.

Mais mère j'avoue, sans artifice insidieux,
- Il me faut pour cela un courage précis -
Qu'au sein de ton aura où l'air est adouci
Modestie et Fierté rejouent leur contentieux.

Est-ce là ton esprit qui en secret domine,
Ton esprit qui voit tout de là où il culmine
Et étincelle au fond d'un ciel qu'il illumine?

Un souvenir amer me revient et s'obstine
D'un jour où j'ai froissé ce coeur à ta poitrine ;
Ce coeur qui m'aime tant, qui pleure et se chagrine.

II

Enivré de départ je t'ai fait mes adieux
Pour aller à travers le monde et loin d'ici
Découvrir où l'amour se cache et officie
Et l'enlacer d'un bras aimant et  audacieux.

Et dans toutes les rues j'ai cherché de mon mieux ;
J'ai, au seuil des maisons, tendu mon bras minci
Pour mendier de l'amour le moindre ramassis
Mais l'on m'offrit le froid d'un rire pernicieux.

Et j'ai cherché l'amour sur la voie de l'errance,
Sans pouvoir démêler le noeud de l'espérance...
Pour rentrer au foyer malade et mécontent

Et tu m'as accueilli pour panser mes souffrances...
Dans ton oeil se baignait le soin pour ma carence :
Car c'était bien l'amour recherché si longtemps!

 

411_Heinrich_Heine.jpeg

 

Original :

 

 

An meine Mutter B. Heine, geboren v. Geldern

I

Ich bin's gewohnt den Kopf recht hoch zu tragen, 
mein Sinn ist auch ein bisschen starr und zähe ;
Wenn selbst der König mir ins Antlitz sähe, 
ich würde nicht die Augen niederschlagen.

 

Doch, liebe Mutter, offen will ich's sagen :
Wie mächtig auch mein stolzer Mut sich blähe, 
In deiner selig süßen, trauten Nähe
Ergreift mich oft ein demutsvolles Zagen.

 

Ist es dein Geist, der heimlich mich bezwinget, 
Dein hoher Geist, der alles kühn durchdringet, 
Und blitzend sich um Himmelslichte schwinget ?

 

Quält mich Erinnerung, dass ich verübet
So manche Tat, die dir das Herz betrübet ?
Das schöne Herz, das mir so sehr geliebet ?

 

II


Im tollen Wahn hatt ich dich einst verlassen,
ich wollte gehen, die ganze Welt zu Ende,
und wollte sehn ob ich die Liebe fände,
Um liebevoll die Liebe zu umfassen.

 

Die Liebe suchte ich auf allen Gassen,
Vor jeder Tür streckte ich aus die Hände,
Und bettelte um g’ringe Liebespende - 
Doch lachend gab man mir nur kaltes Hassen.

 

Und immer irrte ich nach Liebe, immer
Nach Liebe, doch die Liebe fand ich nimmer,
Und kehrte um nach Hause, krank und trübe.

Doch da bist du entgegen mir gekommen,
und ach! Was da in deinem Aug’ geschwommen,
das war die süsse, langgesuchte Liebe.

 

 

 

 

 


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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 11:45
De la démocratie et de la transcendance :

Court extrait (croyez-le) d'un poème plus long, bien plus long, basé sur la méthode des tapisseries de Charles Peguy. Que j'aurais pu mettre comme imitation mais j'essaie de me departir du maître tout en tentant de lui rendre hommage. Qu'il me pardonne...

Nous ne demandons pas que cette page écrite
Soit jamais effacée au livre de mémoire,
Et que le lourd soupçon et que la jeune histoire
Vienne remémorer cette peine prescrite.

A-t-il dit.

[...]
Comme nous n'avons pas le souci de pitié,
Que le souci d'avoir, d'être le commissaire
Priseur au lourd marteau, juge des qualités,
Et le garant du bien le moins humanitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter
Que le souci d'avoir, d'être réservataire,
Qui de rendre compte à la principauté
Ou de revenir au suffrage censitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de bonté,
Que le souci d'avoir, d'être propriétaire,
D'être durant la vente, en toute ambiguïté,
Commissaire priseur et adjudicataire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être l'amodiataire,
Quitte de rendre compte à la martialité
De la main de métal d'un état militaire,

Comme nous n'avons pas le souci de fierté,
Que le souci d'avoir, d'être réservataire,
Quitte de rendre compte à la bestialité
Des luttes sans fin où nous sommes prestataires,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être l' indemnitaire,
Quitte de rendre compte à la fiscalité
Pour nourrir un état toujours déficitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de clarté,
Que le souci d'avoir sans être vacataire,
Quitte de contrefaire une réalité
Du haut jusques en bas le jour de l'inventaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être l'attributaire,
Quitte de rendre compte à une extrémité
Qui porte sur le peuple un oeil totalitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de santé,
Que le souci d'avoir sans être tributaire,
Quitte de rendre compte à nos corps esquintés
De notre maladie à chaque anniversaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir sans être locataire,
Quitte de rendre compte à quelque royauté
De notre habilité à lécher le parterre,

Comme nous n'avons pas le souci du traité,
Que le souci d'avoir sans être signataire,
Quitte de rendre compte à l'intégralité
De notre position close et communautaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir sans être mandataire,
Quitte de rendre compte à la vassalité
De tout le dénuement d'un peuple sursitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de doigté,
Que le souci d'avoir sans être statutaire,
Quitte de rendre compte à la causticité
De la froide intention de notre argumentaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir sans être transitaire,
Quitte de rendre compte à la société
D'un gouvernement au quatre cent ministères,

Comme nous n'avons pas le souci d'inviter,
Que le souci d'avoir, d'être le donataire,
Quitte de rendre compte à la mendicité
D'une ruine feintée, d'une apparence austère,

Comme nous n'avons pas le souci de voter
Que le souci d'avoir, d'être l'obligataire,
Quitte de rendre compte à la mortalité
D'un pays en naufrage aux morts excédentaires,

Comme nous n'avons pas le souci de compter,
Que le souci d'avoir, d'être l'allocataire,
Quitte de rendre compte à la promiscuité
De toute une famille et d'un colocataire,
 
Comme nous n'avons pas le souci de voter
Que le souci d'avoir, d'être prioritaire,
Quitte de rendre compte à la férocité
Des camps et des ghettos pour les contestataires,

Comme nous n'avons pas le souci de chanter
Que le souci d'avoir, d'être stellionataire,
Quitte de rendre compte à l'insonorité
Du bruit des pas lors de nos marches solitaires,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être le légataire
Quitte de rendre compte à la morbidité
De l'arbre où sont pendus tous les parlementaires,

Comme nous n'avons pas le souci d'écouter,
Que le souci d'avoir d'être entrepositaire,
Quitte de rendre compte à l'infidélité
De cents nuits seul au lit et de cents adultères,

Comme nous n'avons pas le souci de voter,
Que le souci d'avoir, d'être le dignitaire,
Quitte de rendre compte à l'inégalité
D'un règne d'héritage et d'un familistère,

Comme nous n'avons pas le souci de coter,
Que le souci d'avoir, d'être majoritaires
Sans peser les avis ni leurs véracités
Car le vote n'est plus un choix capacitaire,

Comme nous n'avons pas le souci de voter ;
Le souci de choisir chef et délégataire,
Quitte de voir un jour ce droit nous être ôter
Pour un grand tiers-état et quelques feudataires,

Comme nous n'avons pas le souci de gaîté,
Que le souci d'avoir, d'être l'endossataire,
Quitte de rendre compte à l'amoralité
De nos mauvais penchants noyés dans le mystère,

Comme nous n'avons pas le souci de piété
Que le souci d'avoir, d'être destinataire
Du moindre privilège et de l'entièreté
De la puissance aux mains du grand commanditaire,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir, s'arracher de la terre
Pour rejoindre le ciel et, sous sa bienveillance,
Vivre des jours de paix, droits et sacramentaires,

Comme nous n'avons pas le souci d'obédience
Donc que nous ignorons le lieu égalitaire
Où l'homme évolue sous sa propre surveillance
Et veille avec amour sur tout un phalanstère,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir pour rejoindre l'éther
De par le doux Jésus au regard de faïence,
De par le front béni au sein du baptistaire,

Comme nous n'avons le souci de vaillance
Porté par la passion la plus élémentaire,
Par la foi la plus simple et par la prévoyance
Du mal éparpillé au règne segmentaire,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir de l'immense cratère
Où  nous trempons tous dans des flots de défaillance
Pour rejoindre au soleil la voie du monastère,

Comme nous n'avons pas le souci de l'audience
Qu'est une vie vécue sous l'oeil du Sagittaire
Où il faut être bon et où toute expérience
Peut-être sacrilège autant que salutaire,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir où l'on se désaltère
A la source éternelle à la douce radiance
Et à l'enseignement des livres trinitaires,

Comme nous n'avons pas le souci d'invariance,
Qui fait la bonne idée et le bon caractère
Et le bonne maniêre et la calme patience,
Et ne peut s'acquérir lors des orgies sectaires

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir loin de tout éventaire
Où se vend la bêtise auprès de la nescience
Pour rejoindre la Mecque ou Lourdes les cautères,

Comme nous n'avons pas le souci de défiance
Envers nous-mêmes car ce qui est délétère
Est dans notre maison ; le soucis de méfiance
Envers l'ignominie coulant dans nos artères,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir, de déposer l'haltère
De la vie matérielle en quête de sapience,
D'érudition et de savoir supplémentaire,

Comme nous n'avons pas le souci de l'alliance ;
D'oublier pour autrui nos ego fragmentaires
Pour que l'individu soit une insignifiance
S'il n'est pas soudé à l'autre complémentaire,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci de partir vers la nuit cométaire,
Dans l'espace divin trouver la résilience
Au deuil de la candeur, au drame identitaire,

Comme nous n'avons pas de quoi faire confiance
A notre locuteur, a notre allocutaire,
Dans notre vivre ensemble aux violentes ambiances
Où les poignées de mains sont tant velléitaires,

Comme nous n'avons pas le souci de croyance ;
Le souci du mérite et du bien volontaire,
Que peu de conviction dont l'ultime déviance
Est la domination du dédain planétaire,

[...]


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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 05:30
Imitations - II :
Dies Irae.

400px-K626 Requiem Dies Irae

Le monde se terminera
Un jour de colère invincible
Et tout se déterminera.

Sous les yeux du Juge impassible
Les hommes se découvriront,
Pris d'une terreur indicible.

Sonnera l'ultime clairon ;
David et la Sibylle ont dit
Que les morts même l'entendront

Et que des tombes aux taudis
La nature aura pour spectacle
La multitude abasourdie.

Et le Juge de son pinacle
Décidera de tous les sorts,
C'est ce que dirent les oracles.

Les êtres vivants et les morts
Se verront peser leurs bienfaits,
Leurs maux, leurs fiertés, leurs remords.

Et ce calcul sera parfait
Et chaque humain y passera ;
Nul ne trouvera de retrait.

Ce jour là se décidera
La dernière des sélections :
Le livre des coeurs s'ouvrira.

Seront vues toutes nos actions
Ainsi que toutes nos pensées ;
Nos folies, nos circonspections.

Et moi, la brebis insensée!
De qui aurai-je la défense?
Quel juste vais-je recenser?

Je demanderai ta clémence,
Majesté puissante et terrible!
Sauve-moi de mes véhémences!

Majesté aux yeux invisibles,
Source des banales douceurs
Et des miracles impossibles!

Toi qui fis venir l'annonceur
De ton nom et de ta vertu :
Ton fils ; Jésus l'intercesseur.

Et ta bonté est descendue
Parmi nous et nous a trouvé
Et ne nous a jamais perdu.

Seigneur, je veux me relever ;
Je voudrais ta miséricorde,
Sentir mon fardeau enlevé.

Tu pourrais mettre la discorde
Entre mon coeur et mon esprit...
Pitié, fais que les deux s'accordent!

Comme tu pardonnas Marie
Tu peux aussi me pardonner,
Épargne-moi tes avaries!

Seigneur, tu peux m'abandonner!
Je rougis de savoir les vices
Auxquels je me suis adonné.

Vois, ma honte est un vrai supplice!
Emporte-moi à tes côtés
Et gracie-moi de ta justice!

Fais-moi montre de ta bonté
Et range-moi parmi les pieux
Et loin de ceux qui ont fauté.

Met-moi à la droite des cieux
Fais que je ne sois destiné
A aucun fer, à aucun feu.

Vois, je sais bien me prosterner!
Je prie et cesse d'être ingrat
Quand tout vient à se terminer.

Le monde se terminera
Un jour de larmes infinies
Aux yeux de notre race humaine
Et le pécheur exhibera
Son âme difforme et ternie ;
Dieu, pardonne le. Amen.

dies irae

Original : (Par Wikipédia, même en langue morte je me méfie de la véracité des dires de cette pseudo-encyclopédie, mais bon... J'ai comparé deux versions, c'est similaire. En revanche ne regardez pas une seconde leur version paraphrasée, comme la mienne, de La fontaine, c'est un massacre et je pleure pour lui. Voyez la sur lafontaine.net, ils sont respectueux.)

Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favilla,
Teste David cum Sibylla !

Quantus tremor est futurus,
quando judex est venturus,
cuncta stricte discussurus !

Tuba mirum spargens sonum
per sepulcra regionum,
coget omnes ante thronum.

Mors stupebit et Natura,
cum resurget creatura,
judicanti responsura.

Liber scriptus proferetur,
in quo totum continetur,'
unde Mundus judicetur.

Judex ergo cum sedebit,
quidquid latet apparebit,
nil inultum remanebit.

Quid sum miser tunc dicturus ?
Quem patronum rogaturus,
cum vix justus sit securus ?

Rex tremendæ majestatis,
qui salvandos salvas gratis,
salva me, fons pietatis.

Recordare, Jesu pie,
quod sum causa tuæ viæ ;
ne me perdas illa die.

Quærens me, sedisti lassus,
redemisti crucem passus,
tantus labor non sit cassus.

Juste Judex ultionis,
donum fac remissionis
ante diem rationis.

Ingemisco, tamquam reus,
culpa rubet vultus meus,
supplicanti parce Deus.

Qui Mariam absolvisti,
et latronem exaudisti,
mihi quoque spem dedisti.

Preces meæ non sunt dignæ,
sed tu bonus fac benigne,
ne perenni cremer igne.

Inter oves locum præsta,
et ab hædis me sequestra,
statuens in parte dextra.

Confutatis maledictis,
flammis acribus addictis,
voca me cum benedictis.

Oro supplex et acclinis,
cor contritum quasi cinis,
gere curam mei finis.

Lacrimosa dies illa,
qua resurget ex favilla
judicandus homo reus.
Huic ergo parce, Deus.
Pie Jesu Domine,
dona eis requiem. Amen.

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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 05:37
Imititations - I :
Charles Péguy.

CP1


J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers plaqués dans leurs recueils
Et sous le doute affreux et le pressentiment
Que leur encre s'efface et j'en porte le deuil.

Et du coin de ma vie, de mon appartement
Je mène mon navire à fuir de cet écueil
Et de ce siècle fou et cet emportement
Par les vents de misère et par les flots d'orgueil.

Mais je subis l'écume et le bombardement ;
Sur terre comme au cieux n'est offert à mon oeil
Que le chaos prochain et son retardement
Et les larmes des morts humectent leurs cercueils.

Et l'indigence accrue et son débordement
A noyé le soleil d'une marée tenace
Et je subis l'écume et le raccordement
De l'homme à sa violence, à sa propre menace.

Et la souffrance entière et son étranglement
Porte tous les rafiots au loin de la bonace
Et dans la tectonique et son morcellement
Le poète a perdu le chemin de Parnasse.


Et les blés étendus sont le détournement
Des blés originels et le ciel impossible
Toise ses oubliés et leur casernement
Les fige dans un noir profond et indicible.


Et les sciences accrues sans le discernement
Ont valeur de croyance et de foi infaillible
Et l'on se trompe d'astre et de prosternement
Et Parnasse nous reste à tous inaccessible.

Mais je mène, interdit de tout renoncement
Mon navire abîmé jusqu'à l'île magique
Et le sillon marqué par mon avancement
Laisse onduler un chant ancestral et tragique.

Mais je mène à la fin, au recommencement,
Ma plume contrôlée par deux mille ans de vers
Et je crains leur oubli et leur effacement,
Eux qui ont, par les mots, capturé l'univers.


GHCharlesPeguyPortraitParPi


Variantes :

J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers plaqués dans leurs recueils
Et sous le doute affreux et le pressentiment
Que leur beauté s'oublie et j'en porte le deuil.

J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers se suivant sur les feuilles
Et sous la rage vaine et le ressentiment
De les voir s'effacer et j'en porte le deuil.

J'écris sous le contrôle et le consentement
De deux mille ans de vers se suivant sur les feuilles
Et sous la rage vaine et le ressentiment
D'entendre qu'ils s'oublient et j'en porte le deuil.

Dans la dense fumée de mon appartement
Je mène mon navire à fuir de cet écueil
Et de ce siècle fou et ce comportement
Et ce peu de raison et cet amas d'orgueil.

Mais je subis l'écume et le débordement
Et le fil du tranchant aiguisé de l'écueil
Et le crachat du ciel et son bombardement
Et les pauvres instants qui mènent au cercueil.

Mais je subis l'écume et le bombardement,
Sur terre comme au cieux n'est offert à mon oeil
Q'autodestruction nette ou que retardement ;
Que sombre volonté du berceau au cercueil.

Et l'indigence accrue et son sabordement
A prit tous les rafiots dans le filet des nasses
Et je subis l'écume et le raccordement
De l'homme à sa violence, à sa propre menace.

Et la souffrance entière et son étranglement
Porte au plus malheureux le goût de la vinasse
Et dans le nucléaire et son morcellement
Le poète a perdu le chemin de Parnasse.

Et l'élégance altière altère entièrement
Toute sincérité et tout instinct tenace
Et je subis les flots et l'accaparement
De l'homme par l'orage, en quête de bonace.

Et les blés étendus sont le détournement
Des blés originels et le ciel impassible
Se ternit sous nos yeux et notre acharnement
Veut le voir disparaître en l'ayant pris pour cible.

Et l'argent répandu est le contournement
Du mérite au labeur et le ciel impossible
Toise ses oubliés et leur casernement
Les fige dans un noir profond et indicible.

Mais je mène exempté de tout renoncement
Mon navire à Parnasse, invisible aux boussoles,
Où deux mille ans de vers sont le commencement
Du brasier poétique où mon cerveau rissole.

Mais je mène, interdit de tout renoncement
Aux règles établies par deux mille ans de vers,
Mon navire à Parnasse et mon avancement
Laisse un sillon hideux au teint de l'univers.

Mais je mène à la fin, au recommencement,
Ma plume contrôlée par deux mille ans de vers
Et je crains leur oubli et leur effacement,
Eux qui, humainement, ont figé l'univers.

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