29 juin 2010
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07:57
Par * Keun-chul
Toute syllabe inscrite est peu lue, je dois dire ;
Une tour dans l’exil qu’il est sain d’assumer.
Viendra-t-elle, néant qui a su la maudire,
Aux lumières des yeux ? Ou serait-ce fumée ?
Si c’est fumée la tour est creuse, un univers
La comble d’inconnu ; un peuple sans visage
Ne change rien pour vous. Qu’est-ce l’homme d’hiver ?
Qui du Styx, apeuré, patiente au rivage ?
Pourtant elle se dresse, elle se dresse et pousse,
Elle pousse, alanguie entre les bras d’un lierre
Qui lui étreint les flancs et pourriture, mousse
Autant que clématite, autant que fourmilières
L’ornementent. Tentant la candeur des immeubles
Où des mots simples sans être nouveaux s'y meublent !
26 juin 2010
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05:38
Toujours vérifier avant d'aimer :
Chaussés, les escarpins résonnent dans la ville
Et, dans le brouhaha des mâles délaissés,
Dominent tel un gong. Ainsi rampent, serviles,
Les amoureux du jour qui furent peu fessés :
« -Madame je vous aime ! - Et moi aussi madame ! »
Clac ! Clac ! Clac ! Elle va… Le talon retentit
Et étincelle sur le morne macadam.
Clac... le bruit meurt contre un mégot anéanti.
L’escarpin continue sa mélodie de rut
Avec ses diamants incrustés aux lanières.
Un dragueur, en passant, délie des mots de flûte :
Il papote d’amour, dit qu’elle est la première…
Un chiffre lui répond dépouillé de manières
Pour qu’il comprenne enfin qu’il parle à une p***.
23 juin 2010
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04:12
Who's that girl?
(Lalalala...)
Bruna, Bruna, Bruna ! Les lettres de ton nom
C’est la perle marine à l’agonie… Bruna
C’est le plus pur reflet que la lune alluma
Sur le bleu des langueurs une nuit de charbon.
Dans les neiges perdues grelotte un gonfanon :
Florencia ! Napoli ! Qu’une lave exhuma !
A la lèvre rougie le grain de curcuma,
C’est la fleur qui fait qu’un peuple scande : Fanons !
C’est parfait ! C’est l’exil qu’un prophète assuma
Près d’une marguerite au terrier des pumas
Puis c’est le vague espoir où toujours nous flânons.
Par ~photonensauger.
13 juin 2010
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J'étais plus con que jeune - le retour.
Blanche Esther de jadis au coeur qui m'enrôla...
Rappelle-toi, Esther ; ce moment fut unique
Où, presque d'inconnus, le baiser s'envola
Au plus loin dans les nues dès un cèdre publique!
Mais se brisent les liens pour tresser la tunique
De chaque destin, d'où ton départ ce soir là ;
"-Adieu, Esther. -Adieu." L'amour parait ludique
A quinze ans puisqu'on est sûr que le revoilà!
Sombre souvenir! Sombre! et la peine grêla!
Partout! Et le grêlon aux cendres se mêla!
C'est vrai : Je fus frappé du regret paludique.
Le temps, dévastateur dont la marche est hunnique,
T'éloigna... Mon ciel est moins d'un noir impudique
Depuis que, sous le cèdre, un baiser l'étoila.
12 juin 2010
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06:35
Garden party
J'héberge en mon jardin mille fleurs exotiques :
De l'anthurium rouge à l'héliconia ;
Et, rare en mon domaine : aucune n'est toxique!
Des teintes d'un printemps que le nord renia ;
D'exaltantes couleurs et des parfums! caresses
A la narine! Vers le ruisseau il y a
De la mousse dorée, végétale tendresse,
Où je me couche et rêve au réel des parias,
Aux splendides ailleurs vers qui rien ne me presse ;
L'horizon fut menteur au premier qui s'y fia.
J'ai, pour mon autarcie, élevé des moutons
Au pelage du blanc immaculé des vierges,
Qui sont aimants et fiers de celui qui les tond.
Un oryx m'a choisi comme dompteur sans verge
Et, ses cornes aux mains, j'atteins vite la lune
Pour contempler l'espace se répandre en cierges :
"-Oryx, mon animal, il semble... Non! C'est une
Etoile poursuivie par un loup nébuleux,
Qui fuit, plus qu'effrayée, vers un château de dunes
Constellées où sommeille un silence de dieu!"
La nuit s'achève ensuite aux berges du ruisseau...
Dont l'eau, qui luit d'argent au soleil froid, est pleine
De souvenirs meurtris qui firent le grand saut ;
Chaque jour brise sa rose de porcelaine...
J'héberge un papillon, immense, de trois mètres!
Je le nourris de chats, de fleurs et de phalènes.
Si je lui touche une aile aux mains vont m'apparaître
La poussière rubis et la poudre de jade,
Particules mêlées que je souffle aux fenêtres,
Coloriant un monde où tout est teint de fade.
C'est là mon jardinet, il existe vraiment!
J'y vais, mon cabanon est en marbre latin,
J'y cueille une orchidée violette, vainement ;
Elle meurt au portail quand surgit le matin.
12 juin 2010
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04:41
Soul paradise.
Danse, dans la nuit telle folle ;
As-tu la force d'épuiser
Tous tes membres amenuisés
Par la fatigue et par l'alcool?
Lundi, peut-être, un jour d'école...
Mais vient à toi, tel déguisé,
L'inconnu que tu vois biaisé
Qui te dit : "Avale et décolle!"
La sucrerie n'est pas si louche :
Un bonbon marqué d'une étoile,
Que tu t'enfonces dans la bouche.
O.D! Mais que se passe-t 'il?
Dans la panique l'homme file...
Tout se trouble, meurt et se voile!
11 juin 2010
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18:02
les enfants la nuit
Not all sugar is brown.
Vous êtes triste, et jeune ; un monde vous échappe,
Entier, avec son peuple, aussi, que mal habille
L'illusion. L'amour désencolla vos billes,
Où palpitent deux trous qu'un crépuscule lape.
Vous êtes jeune et triste et vous dressez la nappe
Pour vous seule ce soir et, seule, jeune fille ;
Le garam masala, le poivre et la vanille
Vous semblent tant amers qu'au palais rien ne frappe.
Un être si récent dans la chambre babille ;
Maigre bébé, pâlot, dernier de la famille...
Vous vous dites, en pleurs, que le temps vous rattrape.
Camouflée, quelque part, votre misère brille,
Qui vous escorte au ciel et vous colle à la chape
Quand, libre de poison, vous arrachez l'aiguille.
11 juin 2010
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04:22
Mary-Jane in the valley.
Je t'ai croisée, déjà ; un matin de massacre,
T'ai seulement croisée et fuis par un détour...
Puis l'autel du chagrin, dégoulinant du sacre,
Me jeta dans ces bras où tu pendis mes jours.
Fleur du petit sachet où dorment une brume
Et le rougissement des yeux tel qu'un brasier!
Calme si le cigare assassin se rallume
Quand dans l'ordre nocturne étincelle l'acier!
Fleur à mes mains venue par la voie rouge vif,
Viens dans la feuille blanche avec le blond tabac,
Pureté d'un délit qui brille; intempestif
Envers l'oeil malveillant d'autorité, là-bas!
Je t'aime résine, ou cimes décapitées!
Qui t'aime? un assigné au ban des espérances?
Un vagabond, ce soir, te fume, dépité...
Vagabond dépité dont tu cernes l'errance.
Moi je t'aime! je t'aime et je jouis dans ton corps!
Et ton souffle en mon âme édifie un jardin
Où fleurissent l'oeillet clos par le bouton d'or,
Le lys (si élancé!), le rêve et le parpaing.
Souvent, accompagné, j'emprunte tes délices :
-La nuit fut longue, hélas! emplissons le calice
Ecoulons nos humeurs d'exilés sur la terre!
-Où sommes nous, ami?
- Au centre des volutes,
Si loin, paisiblement dans l'ombre d'un mystère ;
Echappés pour une heure, évanouie : sans but.
2 juin 2010
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La comptine des trois jours :
Par ~ Archosaurian .
Le temps détale
Et que veux-tu?
Vivre sans mal?
L'homme s'y tue.
Le temps détale
Loin, dans la rue.
J'ai si peu accompli et j'ai rêvé un monde...
Qu'étais-je? Un effaré aux larmes plein les yeux,
Un enfant du silence entre les têtes blondes
Et les cendres dans l'urne où frissonnait le feu.
"Emporte moi, vélo, où la route est légère!
Eloigne de mon dos la gorge des mégères!"
C'était tous ces printemps où je me suis perdu
Entre l'oeil des liqueurs et la bouche des femmes,
C'était tous ces étés où j'ai laissé mon dû
A l'entrée du bonheur ; mon dû avec mon âme.
Assez laids souvenir amoncelés en moi...
Le destin m'a parqué dans l'enclos de sa loi.
.
Le temps détale
Et que veux-tu?
Vivre sans mal?
L'homme s'y tue.
Le temps détale
Loin, dans la rue.
Je n'ai pas, pour unir un peuple de rebelles,
Assez de majesté ni de couronne au front.
Mon maigre baluchon c'est le pays du ciel
Où dorment les titans dont on oublie le nom,
C'est les mille trottoirs qui ornent mes souliers
C'est un receuil, l'azur, trois sous et un boulier .
Ma seule activité c'est le songe et le deuil,
De quel apitoyement dois-je souffrir encore?
Le poète sculpte : il paufine son cerceuil
Et il chante la vie tant qu'il aime la mort.
Je chante, solitaire. Ô limbes désertées,
Et, ivre, je songe à vos portes écartées!
Le temps détale
Et que veux-tu?
Vivre sans mal?
L'homme s'y tue.
Le temps détale
Loin, dans la rue.
Lieutenant d'oeuvre au blason blanc
Donne ton nom, ton matricule,
La route, si le monde est grand,
Qui mêne à toi et le calcul
Qui sort de l'ombre le forçat ;
Combien le maître déboursa?
Je construirai un édifice,
Je le promets, Elisabeth,
Avec ton nom au frontispice
Et la ronce liée à la tête.
Aujourd'hui demain et hier
J'entend, parfois, ce drôle d'air :
Le temps détale
Et que veux-tu?
Vivre sans mal?
L'homme s'y tue.
Le temps détale
Loin, dans la rue.
Loin dans la rue le temps détale.
Par ~ iahveh.
2 juin 2010
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03:03
Loin.
Ô cerveaux enfantins !
Pour ne pas oublier la chose capitale,
Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché,
Du haut jusques en bas de l'échelle fatale,
Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché.
Charles Baudelaire : Le voyage.
Flanc de montagne
Et fuite du sort,
Cocagne
Et rêves d'or...
Plantons la flamme là!
Encore :
Le coeur si las
Et à l'âme l'ennui,
Voilà.
Partout la nuit,
Au fronton altier rien
Ne luit,
S'en aller loin
Ô délit de bonheur!
Quand bien
Même! Douleur,
Le seul sel d'horizon!
Les heures
Sans un frisson
Fleurissent... fane espoir!
Prison
De ciel! Baignoire
Où navigue l'humain
Pour boire
L'immonde vin
De ta sueur et tout
Est vain.
Tu es partout ;
Aux traces de mes pas,
Surtout.
Au sillon du compas.
Par =Lauraneato.