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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 18:08

Le poème à celle qui n'est pas.

woman_in_black_by_nalanece.jpg 

Par ~nalanece.

 

Je t'écris, mon épouse invisible au présent ;
Ton nom flotte au soleil,
Ce billet vaut l'amour car je n'ai plus treize ans
Et tu noies mon sommeil.

Mes nuits sont apeurées à l'idée de te plaire
Ou de te dégoûter,
Je suis au coeur d'un vent aux cent mille contraires
Et le seul envoûté.

Car où existes-tu sinon dans les nuages?
De l'endroit d'où je t'aime
M'entends-tu? J'ai si peur de gâcher tant de pages
Et autant de poèmes...

Peur d'offrir à mon rêve un empire trop grand ;
De te voir à son trône,
Peur de te dévoiler l'odieux dans l'arrogant ;
Le démon dans le faune.

Peur de voir s'effacer la promesse tenue
A la gomme du temps,
De te perdre en chemin, au seuil des arbres nus
Lorsque meure un printemps.

J'ai peur mais je t'écris ces quelques vers encore
Qui s'avouent destinés
A toi aux yeux de nuit et aux paupières d'or
Closes et satinées.

A toi, sans nom, depuis que je t'ai rencontré
Au carrefour d'un songe ;
Sur la voie carmin d'une onirique contrée
Où l'aigle de feu plonge.

Béni soit l'avenir par tout ce qui bénit!
Dieu? Le diable? Qu'importe
L'omnisciente entité qui te, par son génie,
Placera à ma porte!

 

 


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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 05:57

Et alors?

 

e4e304d3579ea2662dd42b2cb8753936.jpg

Par *UdonNodu 

 

Je ne suis pas très classe ;
Je parle mal ou peu
J'ai aux sourcils la glace
Et aux lèvres le feu.

Je mange sans serviette
Et dans l'oubli des gens,
Dans l'oubli de l'assiette
Et du couvert d'argent.

Je chante sans musique
En marchant dans la rue,
J'agace mon public
Et l'on me tire à vue.

Ma rétine a rougi
Aux flammes du hashish
Et dans mon dégoût gît
La lueur des affiches.

Mon pantalon a l'air
D'avoir vu les grenades
Et souffler la colère
De dieu sur l'esplanade.

Je porte une crinière
Toute désordonnée,
Je dors dans la civière
Quand j'ai un coup au nez.

L'échec est mon sillon
Et mon chemin de croix,
Je fuis les papillons
Et leurs cocons de soie.

Je n'ai rien pour séduire
Et pourtant j'aimerais
Ce soir vous reconduire
Car mes yeux disent vrai...

 

 


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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 06:13

Le poème à celle qui vit.

 

A celle que j'aime peut être...
Le train déjà quitte la gare
Et j'aperçois de la fenêtre
Une perle dans ton regard...

Je m'en vais le temps d'un voyage,
Te savoir loin est impossible ;
Je ne verrai que ton image
Au fronton du ciel impassible.

A toi qui un jour m'a parlé
Et, d'un seul mot, tu mes souffrances,
Pour toi j'ai su mettre à part les
Vœux vidés de l'or espérance.

Qu'as-tu perçu dans l'œil farouche
Que je dressais face à la foule
Pour soudain approcher ma bouche
Et semer ce qui en découle :

Graine d'amour et fleur de muse !
Un détail, un instant m'inspire...
J'écris trois vers et ça t'amuse
Car tu sais comment je respire.

Tu sais d'où je viens et quel gouffre
J'ai dû parcourir en tremblant ;
Je sais d'où tu viens, que tu souffres,
Que tes yeux ne font pas semblant.

Même la mort ne brisera
Pas notre amour. Si je pars en
Premier on se retrouvera ;
Nous qui devions être parents.

 

 

Parent_Child_by_Innocently_Corrupted.jpg

Par~innocently-corrupted

 

 


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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 05:08

L'homme d'hiver.

Winter_by_marquis73.jpg

Par ~marquis73

 

J'irai, le temps venu, affronter les hivers,
Ces saisons de métal et filles de Norvège ;
Mon poing s'est refermé, mon crâne s'est ouvert,
Janvier sur ma cervelle a pleuré de la neige.

Je ne sais que le froid et la brume du nord,
Que le fleuve gelé où dorment les cellules
Et, témoin de ma vie, si j'ignore la mort
Je sais le tunnel noir dans lequel on recule!

Quel éternel viking m'a maudit au hasard?
Quel roi du Valhalla a tracé sur mon front
La rune convoquant la glace et le blizzard?
A quelle heure poindra l'affront contre l'affront?

Quel jour, de son rideau, annoncera la scène
De l'homme face aux dieux qui demande justice
Pour sa malédiction et le sort qui l'assène
D'une tumeur d'exil boursouflée de supplices?

Je suis l'homme d'hiver et aucune saison
Ne caresse ma peau quand apparaît son tour,
Mon chemin est gelé, si loin soit l'horizon,
Et d'un dernier baiser j'achève mes amours.

Je cherche la fosse où gîtent les derniers dieux
Mais j'erre pour errer, ils ne sont nulle part...
Existent-ils encore? En est-il, parmi eux,
Un pour rendre l'iris au blanc de mon regard?

 

 

 


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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 05:33

Les enfants de la nuit.

Je reviens de la nef où l'orage est éteint,

Demoiselles d'avril, je n'ai que l'ancolie

Et le chrysanthème à vous offrir de mes mains

Dans ce songe d'enfance au déluge aboli.

 

Peuple qu'un cauchemar éloigne de son lit

Saches que Nix, un jour, reconnaîtra les siens.

 

the world of sorrow by webby85

Par Webster.

 

L'ermite d'à côté.

  

Me voici seul au monde et coule la prière
Dans un ciel alourdi de nuages hantés
Par un je-ne-sais-quoi aux reflets argentés,
La folie? Je l'observe au creux des meurtrières

Qui terrée attend que se brise la lumière.
Humain ne chante plus : tu ne sais plus chanter.
Le souffre en ton coeur
a longuement décanté
Et tu palpes, perdu, la seconde dernière
.

Le fronton du vieux temple est souillé de peinture,
De blasphèmes inscrits et cette forfaiture
Se solde dans la fuite autant que dans l'oubli.

Comme le prix du sang se facture au hasard,
Que le cerveau humain se perd dans ses replis ;
Délaissez votre rêve à l'entrée du Bazar :

 

 

 

Le forçat qui ne saurait pas voler un vélo.

 

J'ai enchaîné mes bras pour la nuit à venir,
Sur la chaussée l'honneur implore son vaisseau,
Revoici la torture au soleil des faisceaux ;
Le lieu où le passé tord ou noie l'avenir ;

L'enfer dissimulé où  vivre et s'abstenir
Avant le dernier souffle et l'ultime sursaut ;
Où l'âme, l'âme nue se disloque en morceaux
Au fil de chaque année -Il faut se contenir-.
 

 
"As-tu toujours l'échine apte à te tenir droit
Où t'es-tu affaibli à battre le silence,
Damné des fleuves d'or sali du sang des rois?

Pleure tant que tu peux tes larmes de victime :
Il te tendrait le flanc, je te tendrais la lance
Que tu aurais cent fois amélioré le crime."

  

 

Drague et overdose.

 

Elle a cerclé de noir sa pupille tremblante
Et chaussé l'escarpin d'où l'oeil domine tout
  La foule? Elle entendra  qu'elle est belle partout ;
Ce que pense la foule est sa peur affolante.

Qui aime-t'on ce soir ; est-ce la plus galante
Ou la plus avinée aux canines de loup?
L'aube révêlera ce qu'encombrait le flou :
Au fracas de l'oubli les larmes sont sanglantes.

Le serment contrefait est un lointain plaisir...
Une escale à l'hôtel anihila le voyage!
Le mât, d'un seul bostryche, entier s'est vu moisir.

Elle dansera seule en sa robe de bal
Et lui, seul, les yeux clos sous la pierre tombale
Sans avoir morcelé le faix qui se partage.

 

 

Le diable 2.0.

 

L'enfant a revêtu la robe d'hyménée
Mais qui l'embrassera? Aux noces l'hallali!
Qui, honteux et sanglant, la portera au lit
Percé de toutes parts et toujours condamné?

Un baiser? Il sera cent fois guillotiné...
Ô chimère nuptiale! Implore la folie
Sous la lame pendue quand un peuple impoli
S'esclaffera de voir un homme assassiné.

Le crime dominant ne se conteste pas!
Donnez à l'enfer neuf le sang de cent repas
Un crime vomira demain vos sacrifices!

Ces bourreaux assidus du bourgeon amoureux ;
Nul possédant un coeur ne pleurera pour eux,
Qu'ils soient frêres, cousins ou même qu'ils soient fils.

 

 

Où sont les filles?

 

L'impuissant infertile, attendu au tournant,
Trouvera de l'amour dans l'ignoble marché.
Sans cesse le désir et sans cesse marcher :
C'est l'oeuvre de ses nuits et le noeud du tourment.

Madeleine en corset, hétaïre en bottines;
Que feras-tu pour lui qui n'a que ses dix doigts?
Tu sais combien il souffre et combien il te doit ;
N'en fais pas ton enfant dans l'antre où tu domines.

Lui pleure aussi, sans doute, inconnu de la chair
Il a l'âme brisée, là-bas la colle est chère
Entre un sein dégonflé et un ongle baroque.

Cherche ta coupe rouge et ta pierre changeante,
Tu sauras les trouver dans les détours du troque
Où sont au même stand les choses différentes.

 

 

Tant va le mec ligoté à l'eau qu'à la fin...

 

"-J'ai un savoir à vendre en forme de sermons.
-Soyez précis et bref, mettez vos deux lunettes!"
 Chaque prince, là-haut, invoque une allumette,
Qu'importe son château et l'or de son blason.

Frottera-t'il au fer du peuple son affront?
Septembre, à l'agonie, fera pleuvoir les têtes
Et l'horreur du conflit étendra la conquête
D'un géant écoeuré qui frappe ses poumons.

Cornez-moi cette page et puis qu'on en finisse!
Qu'on la tourne en chantant pour le bien de nos fils
Et de nos filles, hier était hier et sans fin.

Où donc est l'abondance et l'amphore d'ivoire?
Crépuscule attends-tu le minuit de l'Histoire
Pour reprendre à Mercure un peuple de défunts.

 



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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 08:24

En nous, au fond à droite.

 

La_floraison_perverse_by_Arkham_Deadfly.jpg

Par ~ Arkham-Deadfly

 

J'aime la rose obscure et le noir sucre d'orge...
La mauvaise pensée et le mauvais penchant
Toujour sont à l'écueil pour psalmodier leur chant,
Désireux d'un baiser pour m'entailler la gorge.

Si c'est de la faiblesse? Ou pure cruauté?
Si c'est l'instinct du vice ou la dépravation?
 Le maigre fondement ou la dégradation
Ou l'enfer invaincu mis sur le bas-côté?

La réponse est ailleurs, au delà du désir :
Je ne veux pas manger le bonbon monstrueux
Ni jeter à l'égout la fange du plaisir ;

Je la sens en mon âme et cela me suffit,
J'aime la rose obscure à caresser des yeux,
Je ne l'ai pas touchée et honte à qui le fit!

 

 

 



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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 16:02

Medal of honor :

 

Wolf by snosnke0321

Par ~ snosnke0321

 

Viens pour baiser mon front qu'aucun sol n'a heurté
Qu'humecte le poison extrait de mon esprit ;
Ce remord suppurant quand je suis entrepris
Par l'introspection qu'inflige la fierté.

Ce front là qui rougit du flambeau dévolu
Par les larmes de feu de toute une lignée,
Par l'histoire de sang qui me fut assignée ;
Ce front lourd sous le faix des âges révolus.

Ce front se veut loyal alors adoube-moi,
Scelle autour de mon cou le sceau de double loi ;
La loi de tempérance et la loi de rigueur

Pour que je ne sois plus un chien mâle égaré
Mais un loup solitaire à l'unique vigueur
Qui laisse le fusil et la lune effarés.

 

 


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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 14:29

Les tromperies d'hiver.

 

lovers_by_spokojnysen.jpg

Par ~ spokojnysen

 

Lourde chanson d'avril au rythme des grêlons...
L'hiver remet son crâne en sa capuche blanche
Et repart dans sa nef de givre et d'avalanches,
Un cerisier saignant refuse ses greffons.

Le chevreuil s'en retourne à sa forêt natale
Et les hôtels de passe où couchaient les amants
Se vident de l'Eden inscrit au firmament 
Qu'ils touchaient de la lèvre en étouffant les râles

Poussés par le plaisir avec un oreiller...
Condamnés au silence! Ah! Pauvres effrayés
Qui jouissez loin de l'oeil possessif et jaloux

De vos femmes trompées, de vos époux trahis
Qui semblent observer tout le temps et partout
Si leur mariage est mort, si l'amour a failli.

 

 


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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 06:13

Incantations - VIII :

La plaine.

 

Po plain by sefkatislegen

Par ~ sefkatislegen

 

Voici l'herbe levée par la brise du nord
En tapis de verdure infini. L'horizon
Courbe son grand dos nu sous la poussière d'or
D'un soleil maladif rêvant de guérison.

Au milieu de la plaine étendue la rivière
Coule vers l'océan sans un dénivelé,
Elle apaise la soif du daim, la lavandière
Y noie le vêtement et le savon mêlés.

Dans cette pampa le cheval aux crins noués
S'enivre de poursuite et de puissant galop,
Il n'a pas un gaucho pour être dévoué
Ni de fer à clouer pour durcir ses sabots.

Le blé a du lingot la précieuse couleur,
Il chatouille l'épaule et fait de beaux épis
Et chaque cargaison lancée par les haleurs
Sur le fleuve en chantant est dense et bien remplie

De cette céréale. Ô plaine nourricière!
Mère qui nous apporte, à nous : engeance humaine,
Le blé à ramener à l'état de poussière
Sur l'autel de la faim. Je te remercie, plaine!

Je sais ; j'ai beau courir vers ton extrémité,
Il n'est nulle forêt qui se brise à l'orée ;
Plaine je peux courir jusqu'à l'éternité
Vers plus belle que toi pour pouvoir l'adorer!

Sur ton ventre couché, où paissaient  les troupeaux
Sous le regard du jour, je pense l'infini
Que tu sais m'inspirer quand l'ignoble oripeau
S'est ôté de mon corps après l'avoir terni.

Je me dis que les champs qui forment ta surface
Donnent tous sur le ciel ; tu es l'unique endroit
Où je ne peux masquer ma nuque avec ma face
Du regard de nos morts qui furent gueux et rois.

Je me dis, plaine immense, ainsi que le berger ;
Que le bétail naïf qui t'es abandonné
Croquera, c'est certain, perdu dans un verger,
La chair et boira l'eau du fruit empoisonné.

Je me dis, plateau où fanent les fleurs des champs,
Tapis de l'abondance et carrefour des vents,
Que pour toi ce bétail peut être plus méchant
Que le loup car il est herbivore et mouvant.

 

Random plain by OneMinuteSketch

Par ~ OneMinuteSketch

 

 

 

 

 

 

 


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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 04:24

L'hippocampe et le poisson :

 

naruto_and_sasuke_by_sharingandevil.jpg

Par ~ sharingandevil


C'était dans une mer qu'un astre contenait
Où le corail brillant sous le jour qui renaît
Et sous le bleu nocturne éclairait des tribus
D'êtres marins divers ; quintessence et rebut.
Ils étaient deux amis dans le pays de vase
Qui tapissait le fond et structurait la base ;
Le peuple sans destin, sans rêves à cueillir :
Ce peuple qui n'avait rien pour s'enorgueillir.
L'un était un poisson et l'autre un hippocampe,
Tous deux étaient de l'ombre et les feux de la rampe
Ne les fascinait pas, pas plus que le pouvoir ;
Ils étaient juste amis, voulaient juste se voir.
Ils grandirent donc au bas de la grande échelle
Sans souffrir car le temps, ce lâche et ce rebelle,
Passait pour eux ainsi qu'un long jeu où la règle
Était de ne mourir ni dans le bec d'un aigle
Ni dans les pattes d'un crustacé prédateur
Ni séparés de l'autre ; ainsi passaient les heures.
Et lorsque l'âge fou où toute autorité
N'est là qu'en tyran au règne d'iniquité
Ils se firent plus forts et voulurent partir
De leurs fond dégouttant où les os de martyrs
Et les arrêtes des prolétaires marins
Jonchaient de toutes parts leur sentier quotidien ;
Ils voulurent aller ailleurs sans savoir où
Mais ils ne firent rien tout en pensant à tout.
On leur donna l'étude et la voie érudite :
Ils furent buissonniers et quittèrent bien vite
Le pupitre et la chaise et les devoirs communs.
On leur donna l'emploi et le métier des mains :
Ils recevaient par mois une petite somme
Qu'ils jugèrent indigne, inconvenable, et comme
Ils refusèrent tout on ne leur donna rien.
Mais ils s'avaient, eux, ils avaient toujours ce lien.
Ils ne partirent pas l'âge ignoble passé,
Ils étaient toujours là et les jours ressassés
Les usèrent très tôt, l'ennui et la misère
Pointaient leurs deux couteaux face à leurs yeux ouverts.
L'hippocampe pourtant réussit à quitter
Son cercueil de naissance et put donc s'acquitter
Des peines de son sort le temps d'un long séjour
Et en lui la passion échafauda sa tour
Car il vît autre chose, en savait l'existence,
Il rentra en gardant son esprit en partance.
Et tous deux ont repris leur routine et ensemble
Ils allaient aux pays où partout se ressemble.
Puis surgit une attaque inattendue et brève
De requins qui venaient des plages et des grèves,
Du pays de turquoise auprès de la surface,
Ils avaient l'oeil cruel et cent dents à la face,
La bouche écarquillée et du sang plein la langue
Et leur sillon rougit laissait le peuple exsangue.
Calamité! C'était la fin de tout une ère!
Le miséreux pays était touché au nerf!
La règle rigoureuse et la protection
Étaient pulvérisées, vint la dépression.
Et les deux amis, pris dans son noir engrenage,
Avaient un choix à faire afin que le carnage
Soit ou leur compagnon ou leur pire adversaire ;
Ils étaient au tournant des vingt anniversaires.
Le poisson ne trouva qu'un maigre revenu
Dans les allocations tous les mois bienvenues.
L'hippocampe par le hasard eut un travail
Et, bien avant l'attaque, avait fait la trouvaille
De la littérature et du ciel à portée
Du premier sot venu et put donc supporter
Son époque sordide où le bien matériel
Était propriétaire et effaçait le ciel.
L'un donc avançait sans flamme dans la poitrine
Et sans argent sur lui au milieu des vitrines.
Encore à l'anémone où passa son enfance ;
Il avançait sans but, ni direction, ni sens.
L'autre avançait avec un feu toujours naissant
Qui lui donnait raison sur un monde glaçant,
Il avait su quitter le foyer familial
Et se retrouva seul avec l'immémorial
Besoin de transcendance et d'immortalité ;
De comprendre le monde en intégralité
Qui était né en lui loin du pauvre poisson.
Le poisson, dans son coin, mordu à l'hameçon
De la haine facile et, dans sa basse-fosse,
Il concoctait, amer, l'esprit des idées fausses :
Il n'est de solution, tout est perdu d'avance,
L'on meurt au même endroit qui vît notre naissance,
La foi n'existe pas, l'engagement est nul,
Attendons de mourir et laissons les calculs
De nos vies à l'élite et soyons ignorants,
Faibles et au venin craché à tous les vents.

L'hippocampe en lisant concoctait dans son coin
L'esprit des vraies idées, du bonheur et du soin :
Cela fait deux mille ans qu'est posé la question
D'une meilleure vie et mille solutions
Ont été inventées; ce qu'il faut c'est élire
Le bon gouvernement et bien y réfléchir,
L'on meurt là ou l'on veut, la volonté existe
Et l'histoire a montré qu'un être qui résiste
Peut plier tout un monde avec ses murs dressés,
La foi est nécessaire et l'être délaissé
Y trouve un juste abri si il n'en fait pas trop,
Il faut être engagé et exhiber les crocs
Du peuple opprimé, il faut vivre activement
Et devenir l'élite, il faut à tout moment
Vouloir en savoir plus ; le sot se brise mieux,
Le sot ne sait rien et fait son état des lieux
A partir de sa haine et de sa pauvreté,
Le sot est bien utile ; il ne va pas voté
Donc l'intelligent peut lui mettre par derrière
En parlant à sa place, en le laissant se taire.

Voilà les deux esprits qu'ils avaient concocté
Mais pourtant ils étaient toujours l'un à côté
De l'autre et discutaient tels deux frères de sang.
Mais le temps éloigna l'hippocampe en passant
Et le mit dans l'étude et la littérature
Quand le poisson pensait complots et dictatures
Avec le même vide et la même amertume,
Avec le même noir qui jamais ne s'allume
Que portait l'hippocampe avant de s'enivrer
De l'art de distinguer le bon grain de l'ivraie
Idéologique. Or lui n'avait pas d'idées
Pour s'inventer un ciel de nuages vidé.

 

Cela les sépara, c'était déjà écrit.

 

Ils se virent un jour au hasard d'un courant
Le poisson s'exprima : "-C'est toi? Es-tu mourant?
Je ne t'ai pas revu depuis des décennies ;
On dit dans la rumeur que tu blâmes, renies
Les idées que l'on a, nous qui soufrons encore
De la crise passée ; que tu nous donnes tort!
Mais moi je vais te dire! Insipide animal!
On ne m'a rien donné, je n'ai vu que le mal
De ce sombre système et j'ai vu le dédain
De l'orgueilleuse élite aux grands projets mondains!
Je sais qu'ils volent aux pauvres, qu'ils violent femme
Et enfants! Je le sais! Je les hais..." "-Car leurs âmes
Brillent mieux que la tienne." Acheva l'hippocampe
Car un sang colérique arrivait à sa tempe,
Il reprit : "-Mon ami, mon frère  de toujours,
Vois-tu ta pauvre face et le monde alentour?
Certes l'ignominie est placée sur le trône,
Certes c'est la monnaie que l'on veut, que l'on prône!
Certes plusieurs pays n'ont rien, d'autres ont tout,
Certes nous naviguons dans un navire fou!
Certes l'on est volé malgré notre misère,
Certes chaque être ici peut être un adversaire!
Certes notre sueur est peu récompensée
Mais dois-tu, cher poisson, t'abstenir de penser?

 

Oui, notre peu d'espoir nous a bien été pris!

 

Mon constat est égal au tien, même plus dur
Car j'y joins l'ignorance et le peu de lecture.
Je vis la même vie que toi, que croyais-tu?
Le monde aussi me blesse et l'époque me tue.
Mais j'ai appris, pendant que tu flattais ta peine,
L'horlogerie du mot, les ressorts de la haine,
Les rouages mentaux, le sable du mystère,
La profonde tuerie qui précède la guerre,
L'art des révolutions et ce qui en découle,
Où est l'extrémité d'un fil qui se déroule,
Qu'il n'est aucun destin sans son échappatoire,
Qu'il n'est aucun enfer avant le purgatoire,
Le secret du bonheur, la recette du mal,
Le poème à Florence et le dormeur du val,
La mécanique ancienne et qui fonctionne encore
Appelée politique et le commun accord
Nommé démocratie, le droit et le devoir,
L'intérêt national, l'équilibre des forces,
Qu'on atteint l'objectif pour lequel on s'efforce,
Qu'il faut savoir combattre avec les bonnes armes,
Qu'il faut utiliser la force de ses larmes,
Que tout est magnifique à qui sait la beauté
Et où elle se cache, elle ; tant convoitée!

 

Et toi, mon cher poisson, dis-moi : Qu'as-tu appris?"

 

 


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