« -Tiens donc ? Tu penses ça, toi? Alors écoute : si je poursuis ton raisonnement... si je poursuis ton raisonnement... Si je poursuis ton raisonnement j'attends pas qu'il fasse dix mètres pour lui coller une balle dans chaque guibole ! »
« -Tiens donc ? Tu penses ça, toi? Alors écoute : si je poursuis ton raisonnement... si je poursuis ton raisonnement... Si je poursuis ton raisonnement j'attends pas qu'il fasse dix mètres pour lui coller une balle dans chaque guibole ! »
« -Tiens, Villepin est candidat. Pfff... Si Lamartine a perdu je vois pas pourquoi Villepin gagnerait, il est con. La Présidentielle : un homme, un peuple. Salut l'Homme ! Salut le Peuple ! Dis, l'Homme, on est incapable de se gouverner nous-mêmes comme l'entend la démocratie alors on aimerait bien un truc qui y ressemble à peu près ; ça te dit d'en être ? Mais pourquoi pas, le Peuple. Ok l'Homme, alors t'es fort en quoi ? Je sais pas, le Peuple... je suis bon en beach-volley. En beach-volley ? Excellent ! Autre chose ? Non.
Et ouais ! On a jamais essayé un champion de beach-volley ! C'est rigolo ; il y en a qui vote pour essayer. Genre certains pour la blonde aux yeux de requin blanc. Et ben moi je veux un champion de beach-volley ! Lui il règlerait la question de l'immigration ! Regarde : Quand les immigrés débarquent sur la plage on fait un grand tournoi et les finalistes remportent une carte de séjour. Réédition du Camp des saints : l'histoire du plus grand match de tous les temps. Ça se serait joué à 500 000 contre 500 000, il y aurait eu de la limonade, des filles en maillots de bain été comme hiver et du reggae muffin. Le match aurait duré un an, pour passer la nuit on aurait reconstruit le bateau en forme d'hôtel trop classe duquel la réception offrirait des crevettes à volonté. C'est des frais ? Oui c'est des frais ! Et ben ça nous aurait offert une bonne raison de s'endetter ! On s'en souviendrait de celle-là, au moins. On la regretterait pas, on dirait : On est peut-être bien dans la merde mais qu'est-ce que c'était drôle !
Au lieu de ça : Marine le Pen ; la meuf relou par excellence, quoi. Elle est forte en beach-volley, au moins ? Je suis sûr que non. Villepin il fait des alexandrins lui, quelle horreur : qui voudrait d'un président qui, quelque part, me ressemble ? Il y a Sarkozy aussi. Fait pas d'alexandrins Sarkozy. S'il vomit La princesse de Clèves on se demande ce qu'il pense des Méditations... Et puis Hollande. Très fort en « je ne le crois pas ! », Hollande. Est-ce qu'il ferait un bon président ? Je ne le crois pas.
La Présidentielle : un homme, un peuple. Tu pourrais te présenter, toi. Tu parles bien, les gens t'apprécient , tu sais deux trois trucs. Mmm ? Ouais, t'as raison :
on est incapable de se gouverner nous mêmes, Hommes du Peuple. Qu'est-ce qu'on foutrait à la tête d'un pays ? Non, moi je vote Mélenchon, le bruit el la fureur... Comment ne pas vouloir du bruit
et de la fureur au pouvoir ? Un capitaine de mutinerie à travers la tempête ! C'est excitant, non ? On s'appellerait tous camarades et on porterait plus de Nike : le rêve ! Le AAA ? Rien à foutre
! Une nation qui roule et promet c'est un peuple heureux, pas à moitié à poils et en sueur ! Je me contredis ? Comment ça ? Ah, par rapport au beach-volley. Oui, oui ; c'est drôle. Au lieu de
faire des blague sers-moi un Coca-fraise... Allez, en hommage à Cesaria Evora, trinquons !
Petit payyyyyys... je t'aime beaaucouuup.... »
« -Tiens, mets-moi une vodka, vieux... Oh et puis fous un bonbon dedans ! T'as des bonbons ? J'aime bien ça, les bonbons. J'aime bien dire bonbon, aussi. Bonbon. C'est mieux que sucrerie. Sucrerie ça fait nom d'usine. Je préfère largement dire rhum que distillerie. D'ailleurs on dit presque jamais distillerie. On doit pas trop aimer l'idée de la machine flippante à la Zola. On parle rarement de la source des choses. Dire aux gosses que les bonbons sont des amas de substances inexistantes dans la nature, rien que le résultats d'équations complexes et de manipulations effectuées avec des gants blancs c'est triste... Le pire c'est que ça n'en change pas le goût... Et quel goût ont les bonbons ? Un goût de bonbon ! C'est dire qu'une cerise a un goût de fruit, qu'un morceau de biche a un goût de viande ou que le Saint Emilion a un goût de vin ! Le goût des bonbons – ça pourrait faire un titre de film ça : Guillaume Canet, Géraldine Nakache, quelques figurants, le 17ème, une histoire d'amour et c'est plié ! Tout ça pour un arôme qui n'est que le parfait dosage entre celui du Doliprane et celui du sucre pur. Pas terrible. Dégueulasse.
Fut un temps d'arbres à fraises Tagada, de saules dont les sanglots sont des fils de gelées, de marshmallows en guise de grêlons et de rivières de sirop. C'était un peu comme Neverland ou le royaume de Casimir ; le doyen avait 12 ans. Pourtant on vieillissait. Mais on mourrait jeunes parce qu'on était tous diabétiques au dernier degré. Et ouais ! C'est bien beau d'inventer des mondes magiques encore faut-il en appréhender les moindres détails ! Tu crois réellement qu'on ne meurt pas d'indigestion ou de folie lorsque l'on crèche dans une maison en pain d'épice ? T'imagines : des draps en pain d'épice, des portes en pain d'épice, le truc con : une cheminée en pain d'épice et pire encore : des chiottes en pain d'épice ! Et les canalisations ! Qui a pensé aux canalisations en pain d'épice ? Personne ! Personne mon pauvre !
Mais la paroxysme reste la rivière de lait ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Une vache gigantesque est éternellement traite à la source ? Quand est-ce qu'elle rumine, la vache ? Mettons qu'à la genèse on lui ait laissé un peu d'avance, elle doit bien fatiguer à un moment, non ? On parle rarement de la source des choses. Même, admettons que ce soit une espèce de vache perpétuelle à la fin du cycle il va où le lait ? Les fleuves se jettent dans un océan ? Il part dans des nappes phréatiques ? Et tu vas me dire qu'il tourne pas ? Donc : du lait qui ne tourne pas sorti d'une vache qui ne rumine pas. Comment on peut boire une anomalie pareille ? Va savoir ; il y avait peut-être des pancartes : lait non potable.
Oh, mon bonbon s'est dissout. »
« -Tiens, Evora est morte. Tu sais, c'était une des chanteuses préférées de ma mère. Elle avait cette voix des vieilles fumeuses de cigares et cette tendresse de celles qui se sentent les grand-mères du monde... On la voyait bien chantonner sur les rives du Cap-Vert, assise sur le balcon, bercée par le balancement d'un rocking chair et presque invisible, cachée parmi les volutes de fumées et les ronds vaporeux. Ils l'appelaient la Diva aux pieds nus, la vieille. C'est joli ça : la Diva aux pieds nus. Il n'est pas nécessaire de porter des chaussures pour bien chanter, qu'on se le dise. C'est bon d'être enraciné parfois. Et des divas de ce siècle Evora fut la plus arboricole, la plus lourde d'oiseaux, la plus tardive et des trésors latents il fut certainement un des plus précieux aux cotés de la magnifique Susan Boyle. Ah ! Rien qu'à l'aurore de ma vingtaine j'en aurais vu passer des anges anéantis ! Un ange passe... Malgré leur qualité d'êtres éternels devant l'Eternel les anges ne font jamais l'effort de rester. Evora était certes pas mal ridée mais on l'a connue si tard ! C'était la seule vieillarde éphémère, vous en ferez pas d'autres ! Mais c'est normal, Cesaria a pris le temps de faire des racines avant de laisser choir les fruits mielleux de sa musique douce et tripale. En as-tu cueillis les plus merveilleux ? Moi non. Tu sais, c'était une des chanteuses préférées de ma mère. Moi j'attends toujours que les gens meurent pour m'y intéresser, autant te dire que les objets de mon intérêt vont grandissant à l'infini ; les vivants ne sont que sept milliards. Evora n'en faisant plus partie il me reste une œuvre, un sourire, une mélancolie, un exigence et une odeur tranquille de Havane consommés. Car quand un ange passe il laisse toujours un peu de lui-même, quelques indices pour retrouver le chemin des paradis perdus. Alors à la prochaine Mamie ! On se reverra le temps d'une chanson ! »
Où sont les guerriers ?
Où sont les rois?
Où sont les orgueilleux qui prennent le trône quand on les croit ?
Sofiane.